17 mai 1997, le règne de Mobutu a pris fin. Comme une tragédie classique, le basculement vers l’ère Kabila s’est opéré en cinq actes.
De 1908 à 1960, cette ancienne colonie était appelée Congo belge mais aussi « Congo-Léopoldville » jusqu’en 1966, date du changement de nom de la capitale en Kinshasa. Avec la zaïrianisation, le pays s’est appelé Zaïre de 1971 à 1997. La RDC est le deuxième plus vaste pays d’Afrique après l’Algérie.
Ce 16 Mai de l’année 1997, Kinshasa se réveille dans une chaleur moite mais, plus encore, dans la peur. Les Kinois redoutent la bataille annoncée entre les Forces armées zaïroises (FAZ) et l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), une rébellion partie de l’est du pays, soutenue par le Rwanda et l’Ouganda, et dirigée par un certain Laurent-Désiré Kabila. Ce jour-là, les rebelles ne sont plus qu’à quelques encablures de Kinshasa. Dans la capitale congolaise, les avis sont partagés. Certains espèrent que les FAZ défendront la ville ; d’autres, que les rebelles y entreront sans coup férir.
Le même jour, une autre tragédie se noue. Plus personnelle mais tout aussi politique. Au petit matin, une escorte pléthorique quitte le camp militaire de Tshatshi et fonce vers l’aéroport de Ndjili.
Ce 17 mai 1997, au petit matin, l’AFDL vient en effet de pénétrer dans la capitale congolaise, par l’est et par petits groupes, sous le commandement d’un chef militaire rwandais, James Kaberebe qui fut l’aide de camp de Paul Kagame en 1994 avant de devenir le chef d’état-major des FARDC l’armée congolaise – puis ministre de la Défense du Rwanda. Kinshasa bruisse désormais du son de milliers de bottes en caoutchouc celles de kadogos mais l’affrontement entre les forces rebelles et loyalistes n’aura pas lieu. Pour le plus grand soulagement de la population. Les États-Unis, qui comptent parmi les « parrains » de la rébellion, ont « demandé » que les hommes de Laurent-Désiré Kabila n’entrent dans la capitale qu’après le départ de Mobutu.
Pour l’heure, nombreux sont les Kinois à sortir pour acclamer les « libérateurs ». Partout, les rebelles sont applaudis. On entonne des chants à leur gloire. On les rafraîchit avec des poignées d’eau. On leur tend même de l’argent. L’accueil est chaleureux, triomphal même par endroits. À la hauteur du soulagement sans doute. Les violences épargneront Kinshasa ; cette fois-ci en tout cas.
Dans l’après-midi, Kinshasa tombe officiellement entre les mains des rebelles. Leur arrivée dans la capitale clôt un périple de huit mois, durant lesquels ils ont traversé le pays d’est en ouest, parcourant 2 000 kilomètres au total. Du côté des Forces armées zaïroises (FAZ), c’est la débandade. La soldatesque, démotivée, est quasiment démobilisée. Son commandement, lui, est inexistant. Ses principaux chefs se sont déjà ralliés aux rebelles en ayant pris soin, auparavant, de négocier leur reddition.