L’affaire Sweet beauty opposant Ousmane Sonko à Adji Raby Sarr a été plaidée ce mardi 23 mai 2023, devant la chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar.
Dès l’ouverture de l’audience spéciale dans la salle 4 du palais de justice, le président de la séance a informé que le dossier est en état et que la juridiction va le retenir. Un avis que les conseils de Ndèye Khady Ndiaye et du leader du parti Pastef n’ont pas partagé. Membre du pool d’avocats constitué pour la défense de Ndèye Khady Ndiaye, Me Baldé a sollicité le report pour se procurer des audios et vidéos versés au dossier. Me Moussa Sarr a rappelé que le premier renvoi a été décidé d’office par le tribunal sans que le dossier ne soit en état. Sur ce, la robe noire a demandé le renvoi pour organiser la défense de sa cliente qui serait à huit mois de grossesse.
Pour leur part, les conseils du maire de Ziguinchor ont argué que leur client, visé pour viols multiples et menace de mort, n’a pas reçu de convocation. « Je défie quiconque de me sortir une pièce dans laquelle Ousmane Sonko a déchargé avoir reçu une convocation. Une affaire qui vient pour la première fois, des avocats qui se constituent, ils demandent un renvoi et on le leur refuse. Je veux que mon client comparaisse si vous voulez que la vérité éclate », a pesté Me Cissé. Me Abdoulaye Tall a sollicité un renvoi jusqu’au mois de septembre pour permettre à Ndèye Khady Ndiaye d’accoucher correctement. Il a aussi évoqué la non-comparution des témoins comme le directeur général de l’Office national de l’assainissement du Sénégal (Onas), Mamadou Mamour Diallo et Baye Niass Mc.
Le juge a tranché en faveur des avocats de la partie civile, Adji Raby Sarr et du parquet qui se sont opposés au renvoi du procès. D’après le procureur Abdou Karim Diop, le leader du parti Pastef a reçu sa convocation depuis le 11 mai. « Je ne comprends pas l’attitude des avocats de Sonko. C’est leur client qui a dit qu’il n’allait plus répondre à la justice. Il est allé se retrancher à Ziguinchor pour une résistance civile », a asséné le Ministère public qui estime que toutes les dispositions ont été prises pour que l’affaire soit jugée en audience spéciale. « Tout a été fait et les parties ont eu largement le temps pour prendre connaissance de cette affaire », a-t-il tonné. Après une suspension de 15 minutes, le président de la chambre a ordonné l’ouverture des débats. Remontés, les avocats de Ndèye Khady Ndiaye et Ousmane Sonko ont quitté la salle d’audience. Le juge a commis d’office Me Lô pour la défense de Ndèye Khady Ndiaye. Mais, ce dernier a également refusé d’assister la patronne du salon Sweet Beauty.
Les dénégations de Ndèye Khady Ndiaye…
Appelée à la barre après la lecture de l’ordonnance de renvoi qui a duré presque deux heures, Ndèye Khady Ndiaye a constesté les charges de complicité de viol, de diffusion d’images contraires aux bonnes mœurs et d’incitation à la débauche qui pèsent sur elle. Assise sur une chaise, l’accusée a expliqué avoir ouvert Sweet Beauty en 2018. « Je faisais le massage dans un institut depuis trois ans. J’ai également travaillé six mois dans un cabinet. C’est par la suite que j’ai ouvert mon institut. Il est composé d’un salon de coiffure, Spa, pose ongle…. J’avais une page Facebook Spa beauté Dakar. Beaucoup de filles sont passées là-bas », dit-elle. Ndèye Khady Ndiaye a nié avoir déclaré dans le procès-verbal d’enquête préliminaire que les masseuses portaient des slips pour faire certains massages. Par ailleurs, elle a renseigné avoir surpris un jour Adji Sarr assise sur les jambes d’un client. Ce jour-là, affirme-t-elle, elle était sortie avec son mari. À son retour, elle a trouvé toutes les filles dehors. Pendant ce temps, poursuit-elle, Adji Sarr était à l’intérieur avec un homme. « Elle était assise sur ses pieds alors que le gars était en grand boubou. Dans l’autre pièce Adji faisait attendre un autre qui devait faire du gommage. Je l’ai renvoyée parce que je ne cautionne pas de tels agissements », a-t-elle soufflé. « Lorsque j’ai accouché prématurément, j’avais décidé de fermer l’institut. Adji m’a dit qu’elle voulait rester dans la maison parce que n’ayant pas où aller. Mieux, elle a appelé une copine avec qui elle est restée dans l’institut », a-t-elle confessé.
Au juge qui lui demande est-ce que Sonko choisissait Adji Sarr à chaque fois qu’il venait à l’institut ? Ndèye Khady Ndiaye a répondu par la négative.
Le récit glaçant des viols présumés…
Radieuse dans sa tenue traditionnelle rouge, Adji Raby Sarr a maintenu ses accusations. Rejouant le film du premier viol présumé, elle a confié au juge que lorsque Ousmane Sonko est venu, il a commandé le massage tonifiant. « C’est lorsqu’il s’est déshabillé que je l’ai reconnu. Il était armé. J’avais peur, mais il m’a vite rassurée en me disant qu’il se protège en l’absence de ses gardes du corps. Après le massage, il m’a dit que ce n’est pas fini. J’étais en robe mais j’avais pas mis de slip. Il m’a demandé de m’allonger par terre. Il a mis ses doigts dans mes parties intimes. Je l’ai supplié d’attendre une prochaine fois. Ce qu’il n’a pas accepté. Il m’a forcé à m’allonger par terre, m’a versé de l’huile et m’a pénétré tout en suçant mes seins. Quand il a terminé, il a affirmé que si jamais je racontais ce qui s’est passé, personne ne me croirait. Il m’a ensuite menacée de recruter des jeunes pour qu’ils me tuent sans trace », a-t-elle narré.
S’agissant de la deuxième agression sexuelle, la jeune masseuse a indiqué qu’elle a eu lieu le 21 décembre, vers les coups de 14h30mn. « Il m’a sodomisée. J’avais des difficultés pour aller aux toilettes et je souffrais sans broncher », lâche-t-elle. « La troisième fois, il m’a doigtée. J’étais tellement épuisée que je ne pouvais pas nettoyer le jacuzzi », a-t-elle craché. Dans la foulée, Adji Sarr a soutenu qu’à chaque fois que le leader du Pastef commandait un massage à quatre mains, il chassait la seconde masseuse, avant d’abuser d’elle. « Il me donnait ensuite de l’argent pour acheter la pilule du lendemain », a-t-elle déploré. « La quatrième fois je n’en pouvais plus. J’ai appelé Sidy Ahmed Mbaye. Il est venu avec le médecin me prendre », affirme-t-elle. Interrogée sur la provenance du sperme pendant sa consultation par le docteur Alfousseyni Gaye, Adji Sarr a pointé du doigt Ousmane Sonko.
Ndèye Khady Ndiaye lave à grande eau Ousmane Sonko
Reprenant la parole, Ndèye Khady Ndiaye a déclaré que la partie civile ne lui a jamais révélé qu’elle était victime de viol dans son institut. « Si on l’avait violée j’allais la soutenir. Sonko se faisait masser le dos. Il se mettait tout le temps sur la chaise. Il a commencé à venir dans mon institut en 2019 », a-t-elle laissé entendre. Cependant, Ndèye Khady a refusé de répondre aux questions de Me El Hadji Diouf, un des conseils de Adji Raby Sarr. Elle reproche au tonitruant avocat d’avoir tenu des propos désobligeants à l’endroit de son mari.
Interpellée sur sa prétendue grossesse au début de l’éclatement de l’affaire, Adji Raby Sarr a allégué qu’elle voulait quitter le salon. « C’est pourquoi j’ai déclaré que j’étais enceinte. Ndèye Khady m’avait recommandé un mélange de café et de coca cola pour avorter », a-t-elle martelé.
Aïssata Bâ : « Je croyais qu’elle voulait marabouter Sonko…. »
Après l’interrogatoire de Ndèye Khady Ndiaye et Adji Raby Sarr, le juge a suspendu l’audience pendant presque deux heures. À la reprise du procès à 20h, ce sont les témoins qui se sont succédés à la barre. Premier à prendre la parole, Aïssata Bâ a informé avoir connu Ndèye Khady Ndiaye par l’intermédiaire de Adji Raby Sarr. « J’ai fait une semaine à Sweet beauty. Le jour où Ousmane Sonko est venu, Adji Sarr m’a demandé de faire comme si je ne le connaissais pas. Après qu’on a fini de le masser Adji et moi, il a encore demandé qu’on le masse, arguant qu’il ressentait toujours des douleurs. Il était en posture courbée après avoir enlevé son boubou, mais il portait toujours son pantalon. Sur ces entrefaites Adji m’a fait signe en me demandant de quitter la cabine. Je suis sortie. Quelques minutes plus tard, je l’ai surprise au téléphone. Elle disait à son interlocuteur que Ousmane avait éjaculé et qu’il fallait coûte que coûte venir la récupérer. Je croyais même qu’elle comptait apporter ce sperme à un marabout pour atteindre mystiquement Sonko », a-t-il expliqué tout en précisant qu’elle ignore comment Adji a fait pour obtenir ce sperme. Aïssata Bâ a rejeté en bloc les allégations de Adji Sarr selon lesquelles les clients se mettaient nus à Sweet beauty.