Le Premier Ministre Amadou Bâ, candidat de Benno Bokk Yakaar, coalition de la majorité au pouvoir, fait l’objet d’attaques de part non pas de l’opposition, mais de militants de son propre parti l’Alliance pour la République (Apr) et proches du Président Macky Sall.
Ce n’est pas nouveau, bien sûr. Mais, c’est bizarre parce qu’inélégant. La majorité ne peut pas vivre le traumatisme de la non-candidature de Macky et se retrouver dans des querelles de clochers sur la pertinence du choix porté sur Amadou Bâ. Les raisons avancées peuvent être défendables pour certaines, mais nous ne pensons pas qu’Amadou part avec beaucoup plus d’handicapes que les autres candidats. Car, en dehors de Macky et de Sonko dont la candidature n’est pas certaine, tous les autres nous semblent être dans une impréparation qui les met pratiquement à égalité. Ce qui se passe, c’est que tous ceux qui s’agitent dans cette façon, c’est-à-dire d’une manière hostile sont dans des opérations de communication. Il s’agit pour beaucoup d’entre eux, d’agiter le cocotier pour ne pas se faire oublier. Jules Diop était un habitué des faits lui qui, de l’étranger, s’attaquait durement au régime libéral.
Et ils ne sont pas forcément les seuls à penser de la sorte au niveau de l’Apr. Car, dans ce parti, on semble reprocher à Amadou le fait de ne pas être un apériste de la première heure même s’il s’en défend. Il n’est pas exclu qu’un certain courant interne ne soit justement dans cette logique de contestation, ce qui, par ailleurs, peut avoir pour effet justement à pousser le Pm à davantage consentir d’efforts pour convaincre tous les proches, sympathisants et partisans de Macky. Mais, en toile de fond, on peut aussi penser que l’Apr est victime de sa non-structure qui en fait sa faiblesse principale. Car, Amadou Bâ est certes le Premier ministre et le candidat choisi, mais il n’est pas pour autant le numéro 2 du parti. Et c’est cela le problème. Car, il n’a pas encore l’ancrage et l’autorité nécessaire pour diriger et se faire obéir par les apéristes et les alliés.
La station de candidat n’est pas suffisante pour faire de vous le second de Macky et diriger les troupes. Partant, il a du mal à assoir son autorité sur tout le monde. Car, les gens n’écoutent que Macky. Pour eux, c’est le seul dont la volonté compte. C’est cela sa faiblesse principale. Or, si le parti était structuré pour en faire le n°2, il aurait l’autorité déléguée nécessaire pour avoir une certaine ascendance sur ses frères de parti.
Qu’à cela ne tienne, il faut que Macky siffle la fin de la récréation avant que le navire ne tangue sous l’effet des orientations contradictoires de plusieurs individus qui s’arrogent la posture de capitaine. Car, la défaite d’Amadou Bâ sera celle de l’Apr et partant, de toute la majorité.
Et ça serait la perte du pouvoir et l’arrivée d’une opposition dont ils n’ont aucune idée du degré d’aversion contre leur politique. C’est pour cette raison que nous ne pensons pas que Macky soit dans une quelconque complicité avec les frondeurs lesquels peuvent cependant avoir le mérite de dénoncer certaines tares pour que des correctifs soient apportés. Mais il est toujours préférable que le linge sale se lave en famille.
Assane Samb