Dans une réaction de désespoir, les élèves, un peu partout au Sénégal, ont réagi par des marches dans les rues, pour exiger le retour normal des cours perturbés par des mouvements d’humeur des enseignants.
Les élèves, exaspérés par les nombreux mouvements d’humeur de leurs enseignants ont voulu ainsi siffler la fin de la récréation. Et les arguments avancés sont assez convaincants. Car, la plupart d’entre eux s’offusquent du fait qu’avec des grèves à répétition, leur niveau est des plus bas même s’ils arrivent, dans ces conditions, à décrocher leurs diplômes. Ce qui est vrai.
L’autre aspect, c’est le fait qu’ils ont l’impression d’être sacrifiés par des gens dont les enfants seraient à l’étranger. Et ils ne veulent nullement être les agneaux du sacrifice. Ces jeunes qui voient leur avenir ainsi hypothéqué, partagent sans aucun doute les préoccupations de leurs parents et ne comptent plus se laisser faire.
Une situation qui doit faire réfléchir enseignants, autorités et les forces vives de la Nation. Car, il ne fait aucun doute que le bras de fer a trop longtemps duré. Et qu’il est temps de penser aux enfants, à leur avenir, au devenir de l’époque, à la performance de l’enseignement, à la compétitivité de nos jeunes sur le marché du travail, à la baisse de niveau, etc.
Aujourd’hui, il ne fait aucun doute que l’école est à genou. Et dans ce bras de fer, c’est l’Etat qui a eu tort d’avoir signé des accords ‘’réalistes et réalisables’’ qui n’ont jamais été réalisés. Mais, du côté des enseignants, le jusqu’au-boutisme observé depuis des mois voire quelques années n’a pas encore produit l’effet escompté. Et c’est certainement le moment de réévaluer la stratégie à l’aune des difficultés que traverse le pays suite à la pandémie de Covid-19 et aux autres défis auxquels le pays il se trouve confronté.
Certes, l’Etat n’a nullement réduit son train de vie et la vie devient de plus en chère dans un pays où tout augmente, mais le bras de fer auquel on assiste a pour effet immédiat de mettre davantage l’école à genou. Et c’est inacceptable. Les élèves ont parfaitement raison. C’est le moment alors, pour les médiateurs sociaux, d’entrer davantage en jeu. Sans négliger les efforts permanents fournis par le Haut Conseil du dialogue social, il nous semble en effet qu’Innocence Ntap Ndiaye et ses collaborateurs sont trop seuls dans cette œuvre titanesque qui mérite que toute la société civile sénégalaise s’y mette. Car, nous avons le sentiment que les sénégalais continuent à minimiser les effets pervers d’un conflit qui a trop longtemps duré et qui fait que les enseignants abattent peu d’heures d’enseignements chaque année à cause justement du rapport de ce force avec l’Etat.
Or, quel est le parent qui ne s’inquiète pas de cet état de fait ? Quel parent ne se rend pas compte, au fond de lui, que l’avenir de son fils ou de sa fille est en train d’être hypothéqué ? Et dans ces conditions, comment se fait-il qu’il n’y ait pas la réaction optimale qui permette aujourd’hui une solution définitive de sortie de crise ? Le sentiment qui se dégage et que les sénégalais n’ont pas assez pris conscience de ce qui se passe actuellement. Et surtout de la gravité de la situation. Et ce sont nos enfants qui nous le rappellent.
Quelle insouciance ! Sérieusement, allons laisser l’école publique sombrer ? N’est-il pas temps de réagir ? Les jeunes nous l’ont rappelé avec brio. Surtout ceux de Mbacké. Ils ont magistralement soutenu que nos pays ont besoin d’amorcer le virage du développement et que, pour cela, il faut un enseignement de qualité. Quelle vérité élémentaire !
En clair, nous sommes profondément convaincus que tout le monde doit désormais s’y mettre pour trouver des solutions optimales à une crise qui a trop longtemps duré. Un pays ne saurait assister, passif, au sacrifice de sa jeunesse.
Assane Samb