Une vidéo effroyable de l’exécution d’une femme mardi au Cameroun continue de susciter les réactions d’émotion et d’indignation. Ce meurtre n’est pas un cas isolé. Des cas de kidnappings et d’assassinats se sont accrus ces dernières semaines dans les régions anglophones.
La vidéo dure une trentaine de secondes. On y voit une jeune dame, les mains ligotées dans le dos au niveau des coudes. Elle est malmenée sur un trottoir par trois individus dont l’un est armé d’une machette. Quelques jurons en langue pidgin plus tard, l’un des bourreaux lui assène violemment un, puis deux coups avec la lame de ladite machette au niveau du cou.
Le corps de l’infortunée, sanguinolent, est ensuite traîné de l’autre côté de la route. L’exécution est filmée en plein jour sous le regard de quelques automobilistes ahuris qui passent par là. Diffusée mardi soir sur les réseaux sociaux, la vidéo a tout de suite suscité une grosse vague d’indignation.
Selon l’hebdomadaire d’expression anglaise The Chronicle Times, les faits se seraient déroulés à Muyuka près de la ville de Buéa dans le Sud-Ouest anglophone. La même source indique que les auteurs de ce crime effroyable sont les combattants ambazoniens, rapporte notre correspondant Polycarpe Essomba.
Condamnation générale
Peu après la diffusion de la vidéo, Mark Bareta, l’un des communicateurs des séparatistes anglophones, sans formellement revendiquer cet assassinat, a fait un tweet assez ambiguë où il parle des conséquences de la trahison en contexte de guerre ou de révolution.
En attendant, il y a une certaine exaspération générale au sein de l’opinion anglophone qui condamne ces meurtres à répétition. Le gouverneur du Sud-Ouest, la région où le meurtre de la jeune femme a eu lieu a convoqué une réunion de crise afin de trouver une solution pour mettre fin à ces crimes.
Grégoire Owona, le secrétaire général du parti au pouvoir RDPC, a réagi sur Twitter : « Rien ne justifie aucune violence d’où qu’elle vienne. Les images qui circulent sont inacceptables et hautement condamnables. Puissent les auteurs en être punis! » s’est-il indigné.
Appel aux groupes armés
Le Programme alimentaire mondiale (PAM) a aussi dénoncé et condamné l’assassinat d’un travailleur humanitaire enlevé à son domicile vendredi dernier et tué par des individus armés non identifiés dans la région anglophone du nord-ouest.
Mercredi, c’est le Centre pour les droits de l’homme et la démocratie en Afrique (CHRDA) qui s’alarmait dans un rapport concernant les exactions de ces dernières semaines. L’organisation a lancé un appel aux groupes armés séparatistes anglophones pour que ces derniers cessent leurs exactions sur les civils : assassinats, actes de tortures, kidnappings et recrutements forcés.
Rien ne justifie aucune violence d’où qu’elle vienne. Les images qui circulent sont inacceptables et hautement condamnables. Puissent les auteurs en être punis!
— Grégoire OWONA (@OwonaGregoire) August 13, 2020
Auteur : RFI