Chronique du lundi : La problématique d’une gestion rationnelle du temps

Notre État a pris la ferme résolution, pensons-nous, de gérer désormais avec rationalité les activités éducatives, pédagogiques et sportives de la jeunesse dans une fourchette de temps raisonnable qui tranche avec de vieilles habitudes conséquences d’un laxisme collectif pour ne pas dire d’une démission de l’autorité. C’est un point d’attention qu’il nous faut prendre en considération.

Il faut s’en féliciter. Sous ce rapport, nous ne devons ni hésiter ni reculer devant les exigences d’un réel développement. La maîtrise harmonieuse du temps, son utilisation rationnelle font incontestablement partie des facteurs essentiels du développement.

On ne peut en effet élargir indéfiniment le temps pour des activités non essentielles, particulièrement le mouvement Navetan qui mobilise une très grande partie de notre jeunesse. Le mouvement Navetan, puisque c’est bien de lui qu’il s’agit, a besoin, parce que très populaire, dynamique et suscitant l’enthousiasme de la jeunesse à la recherche de mieux-être de son identité culturelle renforcée et retrouvée, ce même mouvement a besoin d’être encadré, rénové, accompagné par un pouvoir averti des enjeux auxquels nous sommes tous confrontés. Aussi, notre jeunesse, à l’heure où pointent à l’horizon les Navetans, a besoin d’un nouvel ordre mental, d’une nouvelle vision du développement qui cadre avec une gestion rationnelle du temps, mais aussi de ses activités.

Elle a besoin d’aller très vite à l’essentiel en évitant toutefois de tomber dans le piège sordide d’une élasticité de temps sans réelle finalité qui confine souvent à sa marginalité. Pour cela, il faut que la jeunesse comprenne que la gestion rigoureuse du temps dans tous les domaines où elle se meurt, domaine sportif, scolaire, académique, culturel, religieux et autres, constitue une des soupapes de sécurité les plus sûres pour son plein épanouissement. L’élasticité entretenue consciemment au nom du temps et qui ressemblait beaucoup plus à une douce indiscipline collective et à une démission de l’autorité nous a valu beaucoup de tort et de retard.

Notre jeunesse ne peut continuer à chanter, danser et surtout à jouer au football pendant toute une moitié de l’année dans une anarchie et une fureur indescriptibles pour des activités mondaines sans rapport avec le vrai développement qui puisse ainsi garantir notre décollage économique et socio-culturel. Trois mois d’évasion pédagogique sont largement suffisants pour se refaire une bonne santé intellectuelle et culturelle. Il nous faut, après les salutaires mesures prises de gérer rationnellement beaucoup d’activités juvéniles dans notre pays, parler alors à notre jeunesse.

L’idée ne pouvant se défendre toute seule, le partisan de l’idée devant être son ardent et intelligent défenseur. Parler à la jeunesse pleine de virtualité et très réceptive aux acquisitions indéniables de la science, c’est évidemment réveiller en vérité le bâtisseur de nations qui sommeille en chacun des jeunes. C’est donc tous ensemble, autorités politiques, partenaires publics et privés, syndicats, associations sportives et culturelles, mouvements ouvriers et paysans et même la classe intellectuelle que nous devons tous ensemble signer un pacte moral, nous engager à relever le défi de la bonne maîtrise et de la gestion intelligente du temps.

Notre envol économique et socio-culturel en dépend, nous ne devons ni faiblir, ni abandonner à réussir cette gageure car, encore une fois, nous sommes à la croisée du chemin.

Par El Hadji Amadou Fall