Chronique du Lundi: Nous libérer de notre pensée congelée

Le professeur Yves Lacon débutait sa leçon magistrale en exhortant à poser comme préalable toute réflexion géopolitique la surface du territoire géographique. En soumettant ainsi notre pays à cet honorable exercice, nous verrons que nous sommes une terre bénie de Dieu qu’on nous envie tant.

Avec une façade maritime de 700 km, très poissonneuse et courue par tous, un relief plat, labouré surtout dans sa partie sud par de nombreux cours d’eau pérennes, des terres « vierges » qui n’attendent qu’une très bonne politique de gestion, un climat doux, ensoleillé entre saisons, une population jeune dynamique et très réceptive à la science et à la technologie, que veut-on de plus ? Pourtant, nous végétons encore 64 ans après nos indépendances.

Que faire ? À qui la faute ? Pourtant, il dépend de nous et de personne d’autre, de nous libérer de notre pensée congelée, entretenue depuis des décennies par des élites tombées dans les mailles serrées des menaces des puissances industrialisées qui nous appliquent une politique de couleuvre. Nous devons dégeler cette pensée par une politique hardie, faite de vérité et de conscience citoyenne.

Et en ce moment solennel d’un tournant politique, nous devons mesurer avec émotion et passion notre place, notre rendement dans l’évolution de notre pays. Et pour baliser de nouvelles pistes fécondes, aller vers le développement, nous avons beaucoup à craindre de notre ennemi intérieur, tapi dans les méandres de notre subconscient et qui ont noms propensions à l’indiscipline, à l’indolence, à l’effronterie, à la suffisance, à notre esprit de supériorité pour renoncer on ne sait quelle raison. Nous sommes admis aujourd’hui plus qu’hier et ce n’est pas un crime de lège majesté que l’honnêteté, le code d’honneur et de bonne conduite, l’engagement patriotique ne sont pas des sports exclusifs chez nous, et surtout chez beaucoup d’hommes et de femmes politiques.

Encore une fois, il ne dépend que de nous de nous libérer de la psychologie de la faiblesse, du sous-développement, de la malédiction des richesses naturelles théorisée par de soi-disant experts en manipulation des peuples du tiers monde à qui, ils transmettent continuellement la peur de rester seuls et de ne rendre des comptes à personne. Comme le roi Christophe de la tragédie du roi Christophe « ou bien on brise tout, ou bien on met tout debout en empruntant la seule voie duale pour rentrer ou sortir de l’histoire : la liberté ou la soumission ». Il est possible d’être éternel, de revivre en étant mû que par le souci constant de mettre en pratique un grand projet humaniste fait de don de soi et de refus de céder au désespoir. Il s’agit d’entretenir les pépinières dorées intellectuelles du pays que sont : les valeureux enseignants, élèves, étudiants, les chercheurs. Ils sont capables de donner envie la nation entière et d’investir le monde par leur passion du pays. Pourquoi pas ? Des hommes et des femmes sont là, vertueux, compétents, engagés et enthousiastes dans le travail sans ostentation ; et savez-vous pourquoi ?

C’est pour éviter que notre pays ne bascule dans la tragédie si tentée qu’il n’y a de tragique que l’innocence punie. Ils veulent que notre pays marche à la ligne de crête, au plus haut des victoires éclairantes parce que c’est possible. Alors point d’effritement dans notre passion pour notre pays, pour l’amour au travail. La sève patriotique doit continuer à bouillonner et écumer au-delà de nos veines individuelles vers le peuple et pour sa pleine libération.

Par El Hadj Amadou Fall