A l’instar de ce qui s’est passé dans les autres pays, la Covid-19 a eu un sérieux impact sur le marché du travail au Sénégal. En témoignent les résultats de l’enquête nationale menée par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) lors du quatrième trimestre 2020.
Au Sénégal, la pandémie de la Covid-19 est apparue au mois de mars 2020. Face à ce problème de santé publique, le gouvernement a adopté en urgence une batterie de mesures telles que l’interdiction de toutes les manifestations publiques, la fermeture des frontières aériennes et terrestres, la suspension des enseignements dans les écoles et universités, la réduction du nombre de passagers dans les véhicules de transport public, l’interdiction des déplacements interurbains, la déclaration de l’état d’urgence et l’instauration du couvre-feu pour freiner la propagation de la pandémie du coronavirus. Ces mesures, aussi efficaces soient-elles, du point de vue de la lutte sanitaire, ont des effets sur les conditions de vie des ménages et sur les moyens d’existence de ces derniers plus particulièrement à travers les répercussions sur le marché du travail.
Les résultats de l’analyse du marché du travail, montrent que près de 7 personnes occupées sur 10 (67,6%) ont été impactées par la pandémie. L’impact a été plus important en milieu urbain où 71,9% des personnes occupées sont concernées contre 61,9% en zone ruraux. Par rapport au sexe, la pandémie a plus affecté les hommes (70,0%) que les femmes (63,6%).
7 personnes sur 10 ont été impactées
Par rapport au statut dans l’occupation, les employeurs et les indépendants non agricoles sont les plus impactés par la pandémie. En effet, 88,9% des employeurs et 81,2% des indépendants non agricoles ont déclaré avoir été impactés par la Covid-19. S’en suivent les apprentis et stagiaires et les salariés avec des proportions respectives de 66,8% et 62,5%. Les indépendants agricoles sont les moins touchés avec une proportion de 58,1%.
La restriction dans les transports publics et l’interdiction des déplacements interurbains ont largement impacté le secteur du transport et l’entreposage. En effet, 88,1% des acteurs qui s’activent dans ce secteur ont déclaré avoir été impacté par la pandémie. Avec la suspension des enseignements dans les écoles et universités, l’instauration du couvre-feu et l’interdiction des rassemblements, c’est l’hébergement et restauration (84,8%) et l’enseignement (83,5%) qui viennent respectivement en deuxième et troisième position des branches d’activité les plus impactées par la pandémie.
En outre, près de 80% des acteurs du secteur du commerce et réparation ont été impactés par la pandémie. L’agriculture (50,4%) et les activités spécialistes des ménages (29,8%) sont les secteurs les moins touchés par la pandémie.
Par rapport à la nature de l’impact, 83,4% des travailleurs affectés ont déclaré avoir été contraints de travailler moins d’heures que d’habitude (60,3%) ou d’arrêter voire de fermer leur activité (23,1%).
2,1% des travailleurs ont perdu leurs emplois.
Par ailleurs, il faut noter que 2,1% des travailleurs ont eu à perdre leurs emplois, 6,9% ont été obligés de prendre des congés. D’un autre côté, 3,3% des travailleurs ont été obligés de travailler plus d’heures que d’habitude.
En termes de durée des contraintes et/ou changements de situation vécus, 74,5% des travailleurs ont déclaré être restés dans cette situation pendant au moins 3 mois dont 29,8% pendant au moins 5 mois. Cependant, la durée varie selon la nature de l’impact. En effet, parmi les travailleurs obligés de faire moins d’heures que d’habitude, 51,5% ont déclaré que cette situation a duré de 3 à 4 mois et 23,3 % ont évoqué une durée 5 mois ou plus. Pour ceux qui ont été obligés de prendre un congé, 40,4% ont déclaré que cette situation a duré 1 à 2 mois et pour 38,8%, le congé a porté sur 3 à 4 mois. S’agissant des arrêts ou des fermetures d’activité, 76,1% ont déclaré une durée d’au moins 3 mois et pour les pertes d’emploi, elles sont évoquées sur une durée d’au moins 3 moins par 86,7% des travailleurs.
Pour les autres situations, ils sont généralement plus de 70% des travailleurs à avoir déclaré les avoir vécues pendant au moins 3 mois.
Concernant les causes des fermetures et d’arrêts des activités, 45,5% des personnes concernées les lient aux mesures prises par le gouvernement. Pour près du tiers (32,2%), elles sont occasionnées par des raisons économiques (baisse de la demande, manque d’intrant, de matériel ou de capital). Pour 9,4% des personnes affectées, les arrêts sont consécutifs aux restrictions de voyager, de livrer des produits ou des services. L’insécurité ou la crainte de la maladie est évoquée comme cause par 8,8% des personnes concernées par des fermetures et arrêts des activités.
Les arrêts d’emplois rémunérés sont surtout liés à des situations d’attente d’un rappel. En effet, 45,7% des personnes qui ont arrêté leur emploi ont déclaré qu’ils sont en attente d’un rappel. Les renvois ou licenciements ont été évoqué par 14,5% alors que 8,2% ont déclaré avoir quitté leur emploi. Les arrêts liés à la nature saisonnière, temporelle ou occasionnelle de l’emploi sont évoqués par 13,5% des personnes.
69,3% des travailleurs ont gagné moins que d’habitude
La pandémie a aussi affecté les revenus des travailleurs. En effet, 69,3% des personnes en emploi ont déclaré avoir gagné moins que d’habitude et 20,9% ont déclaré avoir perdu la totalité de leur revenu à cause de la pandémie, soit un total de 90,2% de la population en emploi qui a vu ses revenus issus de l’emploi impactés par la pandémie.