Les autorités françaises semblent l’avoir pris aux mots. Ousmane Sonko qui s’en était ouvertement pris au chef de l’Etat français lors d’une conférence co-animée avec Jean-Luc Mélenchon à l’université de Dakar, n’avait pas manqué de préciser qu’il s’exprimait « en tant que chef de parti et non en sa qualité de Premier ministre du Sénégal ». L’Elysée et le Quai d’Orsay sont donc restés « sourds » à cette « provocation ». Du moins, officiellement.
Le leader du Pastef qui animait une conférence à l’Ucad, le 16 mai dernier, a abordé une thématique liée aux rapports entre la France et l’Afrique. Dans la foulée de son intervention, Ousmane Sonko est revenu sur la « répression » dont lui et ses partisans ont été « victimes » de la part du régime de Macky Sall. Et, pour l’actuel chef du gouvernement sénégalais, le président Français a été d’une neutralité complice face à cette situation. Devant le président du parti « la France insoumise » (LFI), Jean-Luc Mélencho, Ousmane Sonko rappelait : « durant toute la période de persécution extrêmement violente ayant entraîné et causé la mort de plus d’une soixantaine de personnes (…), vous n’avez jamais entendu le gouvernement français dénoncer ce qui s’est passé. Vous n’avez jamais entendu l’Union européenne dénoncer ce qui se passait au Sénégal ».
Des propos qui peuvent en heurter l’oreille de plus d’un diplomate mais qui restent encore « sans commentaires ». D’ailleurs, selon nos confrères du journal « Le Monde », s’ils ne sont pas passés inaperçus, « personne n’a voulu les commenter officiellement, tant à l’Elysée qu’au Quai d’Orsay ».
Les autorités françaises ont réagi « avec la plus grande prudence » (ajoute le confrère) aux propos de Ousmane Sonko tenus contre « beaucoup de gouvernants français qui, selon lui, s’accommodaient mal (son) discours souverainiste. Paris reste donc « imperturbable », face à ce qui pourrait ressembler à une « provocation » même si, elle émane d’un chef de parti, loin des arcanes officiels de l’Etat du Sénégal. Mais, la sortie du président du Pastef contre Emmanuel Macron et, en présence du leader des « Insoumis » sera sans doute un élément important à prendre en considération dans les rapports entre la France et les nouvelles autorités en place au Sénégal.
Certes, l’appel téléphonique d’Emmanuel Macron le 29 mars dernier, Ndlr à BDF a permis une discussion « très positive », selon les termes de l’Elysée. Mais, le nouveau chef de l’Etat sénégalais ne manque jamais l’occasion de rappeler sa volonté de dérouler une nouvelle politique fondamentalement souverainiste avec des relations bilatérales bâties sur le respect mutuel.
EMN