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Ousmane Sonko

D’une affaire privée à une affaire publique !

Une folle journée hier ! Voilà ce qu’ont vécu les Dakarois. Le déplacement du leader de Pastef Ousmane Sonko de son domicile au palais de Justice de Dakar pour déférer à la convocation du juge d’instruction dans le cadre de ‘’l’Affaire Sweet beauty’’, ne s’est pas passé comme prévu.

Le long cortège d’une vingtaine de voitures s’est immobilisé plusieurs fois du fait de détermination de ses militants et sympathisants, mais aussi de la détermination des forces de l’ordre à éviter tout débordement.

Une situation qui a engendré des affrontements et des blocages du cortège au point que le Préfet de Dakar a dû intervenir pour tenter de rétablir l’ordre.

Au finish, au moment où une solution semblait avoir été trouvée  avec une l’intervention de la GIGN pour tenter de convoyer le leader politique vers le Palais de Justice où l’attendait le juge d’instruction, les gendarmes ont reçu l’instruction d’arrêter Ousmane Sonko pour trouble à l’ordre public et de le transférer à la Section de recherches de la gendarmerie.

Comme quoi, le leader de Pastef peut aujourd’hui être déféré comme une trentaine de ses  proches et poursuivi en flagrant délit devant le tribunal correctionnel nonobstant le fait que la procédure devant le juge d’instruction va suivre son cours.

Ainsi, d’une affaire simplement privée parce que c’est la suite de la masseuse Adji Sarr que Sonko a été inquiété, nous sommes en train d’assister à une affaire publique où le parquet entend poursuivre l’homme politique du délit de trouble à l’ordre public étant entendu qu’il aurait été déjà inculpé pour insurrection sans oublier le fait que l’article 80 peut être brandi contre lui ainsi que l’outrage à magistrat. 

En somme, une avalanche de chefs d’inculpations pourrait être brandie par les autorités judiciaires contre l’homme politique.

Ce qui s’est passé hier, a les allures d’un vrai rapport de force entre le régime Macky et Sonko.

Ce dernier, en retardant la sortie de sa maison et en utilisant un convoi d’une vingtaine de voitures selon des reporters sur place, avait, manifestement, décidé de procéder à une démonstration de force en poursuivant sa logique de politisation de l’Affaire Sweet Beauty où il est accusé de viol.

Et le Grand Manitou, n’a pas envie non plus de paraître faible face à la toute pression du jeune leader politique. Il a voulu lui montrer qu’il détient la force publique de coercition et qu’il peut l’utiliser et activer la Justice contre qui il veut.

Dans ce combat qui ne date pas d’aujourd’hui mais qui s’est exacerbé ces derniers temps, nous nous posons beaucoup de questions.

Pourquoi arrêter un homme qui était en train de répondre au juge d’instruction et qui était en chemin ? 

Pourquoi ne pas laisser la latitude au juge d’instruction, saisi in rem, de décider du sort qui lui sera réservé ? Ne fais-t-on pas assez confiance au juge d’instruction ? Pourquoi cette envie de le neutraliser et tout de suite ?

Autant de questions qui vont dans doute conforter Sonko dans sa conviction qu’il y a une main invisible derrière la plainte d’Adji Sarr et que les hautes autorités de l’Etat tentent de le neutraliser en tant que futur candidat aux élections.

Même s’il est vrai qu’après des troubles à l’ordre public, le Préfet a la possibilité de choisir un itinéraire pour le leader politique afin de parer à toute éventualité. Et que Sonko n’avait pas à s’entêter d’en choisir un.

Mais, dans un climat de méfiance, il est difficile de bien comprendre le soubassement des choix faits par les uns comme par les autres.

Il en résulte une démarche unique qui marquera à jamais les annales judiciaires du pays.

En tout état de cause, si Sonko doit rester dans les liens de la détention, il doit l’être pour des motifs suffisamment sérieux pour convaincre.

Mais, à l’état actuel des choses, nous avons le sentiment d’assister à un rapport de force entre deux leaders politiques qui prennent en otage tout un peuple qui a d’autres priorités.


Assane Samb

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