Le monde a besoin de toute urgence de 44 millions d’enseignants d’ici 2030 pour faire des objectifs de développement durable une réalité, prévient un nouveau rapport de l’UNESCO publié cette semaine.
L’alerte mondiale à la pénurie d’enseignants a été lancée lundi lors d’une réunion du Groupe de travail international sur les enseignants pour l’éducation à Johannesburg, en Afrique du Sud, où le Groupe de haut niveau du Secrétaire général des Nations Unies sur la profession enseignante a annoncé une nouvelle série de recommandations pour préserver l’avenir de l’apprentissage pour tous.
Une éducation de qualité pour des « sociétés apprenantes »
« Aujourd’hui plus que jamais, nous devons évoluer vers des sociétés apprenantes. Partout dans le monde, les gens ont besoin de compétences, de connaissances et d’éducation de haute qualité. Ils ont avant tout besoin des meilleurs enseignants possibles », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, dans un message vidéo au forum.
L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) souligne que sept enseignants sur dix du niveau secondaire devront être remplacés d’ici 2030, ainsi que plus de la moitié de tous les enseignants en poste qui auront quitté la profession d’ici la fin de la décennie. Bien qu’il s’agisse d’un problème mondial, la pénurie d’enseignants touche surtout l’Afrique subsaharienne, où l’on estime que 15 millions de nouveaux enseignants seront nécessaires d’ici 2030.
Des enseignants débordés
L’effet d’une pénurie mondiale d’enseignants est profond, créant des classes plus nombreuses, des éducateurs surchargés, des disparités éducatives et des tensions financières sur les systèmes éducatifs, ce qui a un impact sur la qualité et l’accès à l’éducation. S’appuyant sur le Sommet historique des Nations Unies sur la transformation de l’éducation en 2022 et soutenues conjointement par l’Organisation internationale du travail (OIT) et l’UNESCO, les recommandations du Groupe de haut niveau se concentrent sur six aspects fondamentaux : la dignité, l’humanité, la diversité, l’équité et l’inclusion, la qualité, l’innovation, le leadership et la durabilité.
« Tout comme les enseignants nous soutiennent tous, il est temps de les soutenir. Assurons-nous qu’ils disposent du soutien, de la reconnaissance et des ressources dont ils ont besoin pour fournir à tous une éducation et des compétences pertinentes et de qualité », a déclaré le chef de l’ONU, António Guterres, plaidant pour une large mise en œuvre des lignes directrices élaborées par les experts en éducation.
Financer l’avenir
Les taux d’attrition parmi les enseignants du primaire ont presque doublé, passant de 4,62% à l’échelle mondiale en 2015 à 9,06% en 2022, les enseignants quittant souvent la profession au cours des cinq premières années, révèle le rapport. Selon des estimations récentes, le financement d’enseignants supplémentaires coûtera 12,8 milliards de dollars pour l’enseignement primaire universel et 106,8 milliards de dollars pour l’enseignement secondaire universel.
Au total, le financement annuel supplémentaire nécessaire pour couvrir les salaires aux niveaux primaire et secondaire d’ici 2030 est estimé à 120 milliards de dollars, si l’on veut atteindre l’objectif de développement durable 4, qui prévoit « une éducation de qualité inclusive et équitable et favorise les opportunités d’apprentissage tout au long de la vie pour tous ».
« Pour y parvenir, il faudra investir dans la formation des enseignants, établir des normes d’enseignement professionnel, tenir compte de la voix des enseignants dans les décisions politiques et créer des commissions nationales chargées de lutter contre la pénurie d’enseignants », a déclaré M. Guterres.