Au-delà du chômage endémique dans lequel ils se retrouvent, la précarité n’avait pas fini de ronger une partie de la jeunesse sénégalaise. Voilà qu’elle voulait retrouver le chemin des amphithéâtres, le temps d’emmagasiner les diplômes ou simplement récolter des crédits rien que pour passer à un niveau supérieur, les Universités leur sont fermées. Partir semble être pour eux une alternative.
Par la mer ou par le désert, l’essentiel pour eux, c’est de quitter le pays. Depuis janvier, on compte 27 000 exilés débarqués principalement des côtes sénégalaises. Rien que ces derniers jours, près de 1 500 migrants africains sont arrivés sur les côtes des îles Canaries, selon les services d’urgence de l’archipel espagnol. Une hausse des arrivées qui sature davantage les structures d’accueil.
Des sources parlent même de prés de 90 % de migrants qui sont des Sénégalais. De quoi faire réagir la Radio France Internationale (RFI), sans compter le site Info Migrants, qui soutient que les jeunes fuient la crise économique qui s’est accentuée avec la crise du Covid.
Donnant la parole à Laetitia Marthe, du Réseau de solidarité avec les personnes migrantes aux Canaries, cette dernière remarque d’ailleurs que les profils ne sont pas uniformes. «Ça peut aller depuis l’enfant des rues, jusqu’à l’ingénieur en informatique, l’infirmière, en passant par la jeune étudiante, la mère de famille qui vient fuir la mutilation génitale avec sa fille… Ce sont des personnes qui dépensent entre 3 000 et 4 000 euros pour monter dans une embarcation et risquer leur vie et la vie de leurs proches, la vie de leurs enfants, simplement parce qu’il n’est pas possible pour eux d’obtenir des visas», explique-t-elle.
En plus de tromper la vigilance des garde-côtes, ajoute le journal, les candidats au voyage s’adaptent davantage pour se prévenir de tout danger. Seulement, à l’arrivée, l’eldorado a, à son tour, voyagé. Résultat : les migrants sont livrés à leur sort, faute de place dans les sites d’accueil dédiés. À leur arrivée aux Canaries, les migrants sont retenus trois jours au commissariat pour permettre leur enregistrement.
Les autorités espagnoles pointent du doigt le gouvernement sénégalais ; selon Madrid, Dakar ne respecte plus l’accord qui permet de renvoyer les ressortissants sénégalais après leur arrivée de manière irrégulière aux Canaries.