L’étude sur la violence et harcèlement au travail dans le secteur informel du Sénégal a démontré que le commerce prédomine largement, occupant 72 %, la restauration et la couture, quant à elles, englobent moins de 20% des personnes interrogées. Cette enquête a démontré globalement que la main-d’œuvre est peu qualifiée, la majorité ayant un niveau éducatif primaire ou secondaire, avec peu de diplômés du baccalauréat ou plus. En ce qui concerne la répartition par genre, des disparités notables se manifestent.
À Dakar, les hommes dominent le commerce et la couture, tandis que les femmes sont majoritairement présentes dans la restauration (66%).L’étude empirique a permis d’identifier trois types de violences: physiques, verbales et sexuelles.
A Dakar, cela touche environ 43% de la population enquêtée. En ce qui concerne la répartition des types de violence, une tendance similaire se dégage dans tous les pays: les violences verbales sont les plus fréquentes, touchant jusqu’à 50% des sondés, les violences physiques concernent environ 10 % et les violences sexuelles sont moins répandues, touchant moins de 6% des enquêtés à Dakar. Pour les violences verbales, elles touchent à Dakar, tant les hommes que les femmes.
Le genre semble ainsi peu déterminant. En revanche, le niveau d’éducation semble influencer les personnes avec un niveau primaire ou secondaire sont plus présentes dans le secteur informel et paraissent plus touchées par ces violences. Les agressions proviennent principalement des clients, et les agresseurs sont généralement plus âgés que leurs victimes.
L’agression physique touche moins de 10% des enquêtés pour les 3 pays. Il est toujours difficile de faire un lien avec le genre car cela varie avec le pays. La majorité des agressions ont une fréquence d’une ou deux fois mais des agressions répétées allant jusqu’à plus de 5 fois sont également mises en évidence soulignant l’existence de violence durable et répétitive.
Dans tous les pays, les agresseurs sont principalement des clients, plus rarement un supérieur ou un collègue. L’agresseur est le plus souvent plus âgé que la victime. Les agressions sexuelles touchent moins de 5% des personnes interrogées dans tous les pays étudiés La plupart du temps, ces agressions se produisent une seule fois, bien qu’une minorité les subisse à plusieurs reprises (plus de 5 fois). Les femmes sont principalement ciblées, avec un agresseur majoritairement masculin Contrairement aux autres formes d’agression où le lien avec le genre était moins évident, il est clairement établi dans le cas des agressions sexuelles. De plus, l’agresseur, souvent plus âge, est fréquemment un client.
Présentant cette étude, Pr Salimata Wade indique qu’en ce qui concerne la violence verbale, plusieurs facteurs sociodémographiques contribuent à son occurrence. « L’âge s’avère significatif, les jeunes de moins de 20 ans sont plus susceptibles d’être agresses que les individus de plus de 40 ans, possiblement lié au respect associé aux ainés. Les autres déterminants tels que l’appartenance ethnique, le niveau d’éducation, varient selon les pays, le niveau d’éducation est un facteur influent, un faible niveau d’études accroissant le risque D’autres indicateurs de vulnérabilité, tels que les responsabilités familiales, les conditions de travail précaires, augmentent également la probabilité d’être agressé.
Les différences de genre varient également », dit-elle. En ce qui concerne la violence physique, le genre ne semble pas être un facteur déterminant, Indépendamment du pays. Identifier des déterminants communs à cette forme de violence dans différents pays est complexe. En ce qui concerne les agressions sexuelles, les études mettent en avant le rôle prépondérant du genre, devenant un facteur décisif. Etre une femme augmente considérablement le risque de subir une violence sexuelle, indépendamment du pays. Le secteur d’activité semble aussi jouer un rôle, le risque étant moindre dans le commerce que dans la couture ou la restauration. En fonction des pays d’autres facteurs ressortent à Dakar, la localisation spatiale des marchés, les grands marchés en particulier comme Colobane, s’avère plus risquée que les petits marchés Selon les résultats obtenus, les agressions verbales n’ont pas démontré d’effet significatif sur les scores du DAS.
En revanche, les agressions physiques et sexuelles ont considérablement augmenté le risque de dépression et d’anxiété sévères, impactant ainsi la santé et la productivité des travailleurs Ces risques pour la santé mentale peuvent également engendrer des coûts supplémentaires pour les services de santé, nécessaires pour prodiguer les soins requis et soulager les souffrances individuelles.