En décidant de mettre un terme aux fonctions des membres du bureau de la Commission nationale autonome (Cena), ad nutum, c’est-à-dire sur un coup de tête, le Président Sall a déjà créé les conditions d’une suspicion dont le nouveau bureau ne pouvait pas s’échapper.
Ils ont été ainsi douze à avoir été mis en place la semaine dernière. Et déjà nombre de membre de la Société civile et l’expert Ndiaga Sylla ont décidé d’attaquer le décret de nomination. Et pour de nombres raisons ! Babacar Fall du Gradec, Djibril Ngning un autre expert électoral, ont déjà rejoint la vague de contestations contre la nomination des nouveaux membres de la Cena.
Déjà sur la forme. En effet, pour certains d’entre eux, il n’est pas concevable qu’à moins de six mois de la présidentielle, que l’on touche à la Cena qui est censée arbitrer le jeu électoral. Cela ira, à les en croire, à l’encontre des directives de la Cedeao qui s’opposent à toute modification substantielle des règles du jeu à moins de six mois des élections.
Pour d’autres, la nomination de certains membres serait tout simplement inappropriée. Car, on les soupçonne sinon d’appartenir au partir au pouvoir, du moins de nourrir des accointances avec la majorité. Entre autres raisons…. En tout état de cause, la Cena est au centre d’une polémique dont elle pouvait s’en passer. Effacée et absente jusqu’ici des polémiques qui gangrènent le landerneau politique, la Cena se trouve subitement au milieu des huées.
Et ça, c’est la faute des autorités étatiques.
La question n’est pas tant de savoir si ceux qui agitent des recours ont qualité ou ont intérêt à agir, même si cela est important. Mais elle est de savoir si le Chef de l’Etat était fondé à mettre fin et de cette manière aux fonctions des membres de l’ancien bureau ? Il nous semble que non. Ce n’est pas élégant. Et cela ne fait qu’en rajouter à la confusion générale et à la tension qui anime ce pays depuis mars 2021.
Que ce soit légal ou non est un autre débat. On peut en discuter à longueur de journée, mais l’essentiel est de savoir que la République est bâtie sur une forme d’élégance et de pratiques ‘’coutumières’’ qui transcendent même les règles. C’est l’esprit des lois. Ce pourquoi elles ont été mises en place.
Néanmoins, il est aussi utile que ceux qui doivent être choisis pour arbitrer le jeu électoral soient des personnalités neutres. Nommer des partisans, des amis, des sympathisants ou des proches serait même une forme de provocation attentatoire à la crédibilité d’une institution qui a son importance.
En conséquence, il n’est pas superflu de rappeler aux politiques qu’ils doivent savoir raison garder et éviter de plonger le Sénégal dans un rapport de force ou ‘’gatsa-gatsa’’ permanent.
Le pays traverse une crise sociale profonde avec la pauvreté galopante, les problèmes de l’émigration irrégulière sans oublier la crise scolaire et universitaire. Nous n’avons pas besoin d’en rajouter.
Assane Samb