Plusieurs quartiers de Keur Massar étaient sous les eaux l’année dernière, conséquence d’un bon hivernage. Lors d’une visite sur les zones inondées de cette commune de la banlieue de Dakar, en septembre 2020, le président Macky Sall, avait décidé du lancement du plan d’urgence de 15 milliards.
Des infrastructures devraient être construites dans les quartiers impactés et qui souffrent d’un manque de systèmes d’assainissement. A l’heure où Dakar attend ses premières fortes pluies, certaines zones à Keur Massar se réjouissent des installations réalisées dans le cadre de la phase d’urgence du Progep 2 ; alors que d’autres qui n’ont pas été touchées, vivent sous la hantise d’inondations dès les premières pluies.
Le jeudi 8 juillet 2021, le ministre des Collectivités territoriales, du Développement et de l’Aménagement des territoires, Oumar Gueye, en visite à Keur Massar, s’est réjoui du dispositif de pompage «opérationnel» mais aussi, du fait que tous les points critiques ont été pris en compte. «Nous avons visité tous les sites, sans exception. Nous pouvons dire, sans risque de nous tromper, que tous les points critiques sont à l’heure actuelle tous équipés et quasiment opérationnels. Il y a quelques coffrets à installer et ça va l’être dans les trois, quatre jours à venir», avait-il indiqué.
A Keur Massar, ces installations réalisées dans la phase d’urgence de la deuxième phase du Projet de gestion des eaux pluviales et d’adaptation au changement climatique (Progep 2), a suscité un espoir dans des quartiers impactés.
Sur les deux voies qui mènent au Plan Jaxaay et traversant la cité Camille Basse et l’Unité 3 des Parcelles Assainies, des ouvriers s’activent au curage des canaux d’évacuation des eaux de pluie. A côté d’un grand supermarché, des tuyaux ensevelis, d’autres en attente de l’être, témoignent de la continuité des travaux initiés dans le cadre de la phase d’urgence du Progep 2. La situation est identique à quelques mètres de là. Les travaux sur le réseau d’interconnexions derrière la cité municipale continuent toujours. De vagues creux de sable forment les sillons dans lesquels passeront les eaux à évacuer. Un bassin de rétention, réceptacle des eaux, sert de zone de baignade à d’insouciants bambins qui y pataugent, torses nus, loin du regard parental.
Le dispositif de pompage, fait de tuyaux de grande dimension, communément appelés «anaconda», est visible juste derrière la demeure du chef de quartier, El Hadji Daouda Mbaye. L’humidité de Keur Massar se note aussi derrière l’un de ses lycées dont le terrain de sport et de foot est complément occupé par les eaux.
A l’Unité 3 des Parcelles Assainies, quartier fortement impacté l’année dernière, l’espoir de passer un hivernage sans inondation renait. El Hadji Daouda Mbaye, le délégué de quartier, par ailleurs président de la Commission de développement stratégique des délégués de quartier de Keur Massar explique. «Le système de pompage de l’Unité 3 est raccordé aux ouvrages de Camille Basse. Ce travail va complétement changer la donne.
La phase 2 devait concerner les Parcelles Assainies de Malika (Keur Massar). L’eau ne s’évapore pas et c’est là-bas le point de chute du système de pompage», alerte El Hadji Daouda Mbaye. Angoissé, le délégué de quartier se demande si l’eau de pluie pourrait être contenue par les bassins ? Des installations sont notées à Aladji Pathé (autre quartier de Keur Massar) où les raccordements sont effectués.
Un peu plus loin de l’Unité 3, l’Unité 14 qui se trouve derrière le terminus de plusieurs lignes des minibus Tata, vit sous la hantise des inondations. Son délégué de quartier est dans le désarroi. «Nous sommes très inquiets. La situation est plus que compliquée. Il y avait partout de l’eau. Beaucoup de maisons ont été désertées. Les habitants ne pouvaient pas cohabiter avec les grenouilles et les eaux stagnantes. La première école des Parcelles Assainies de Malika a été complètement envahie par les eaux et cela risque de se produire», se désole Diagily Diallo. Il est aussi le président des délégués de quartiers de Keur Massar-Malika.
A défaut d’installations, le souhait est, signale-t-il, «d’avoir au moins des machines (motopompes, ndlr), des tuyaux et un personnel affecté dans le quartier, surtout les Sapeurs-pompiers». Et de poursuive : «rien qu’avec la pluie de ces semaines derrières, le quartier était inondé». Le manque d’infrastructures, c’est un constat partagé par les Unités 13, 14, 15, 16, 12, 11 et 16 de Parcelles Assainies de Keur Massar.
En septembre 2020, le président Macky Sall a décidé d’injecter 15 milliards de francs Cfa pour un programme d’urgence à Keur Massar. Ce projet qui fait partie du Progep est confié à l’Agence de développement municipal (Adm). Selon le maire de Keur Massar, Moustapha Mbengue, qui s’exprimait lors de la visite du président Macky Sall, les pluies de l’année dernière ont touché plus de 100 quartiers non pris en charge par le Programme décennal de lutte contre les inondations. Conséquence, 60 ha ont été engloutis par les eaux de pluie et plus de 58 quartiers impactés, 2985 familles affectées, des écoles impactées dont 19 publiques et 48 privées et 3 postes de santé ont été inondés. Le Progep constitue une des composantes du Plan Décennal de Lutte contre les Inondations (Pdli).