Près de 5.000 Km de fibre optique ont été déployés par l’Adie dans les 45 départements du pays. Ce qui fait de l’Adie le premier opérateur de fibre optique au Sénégal. Son directeur général, Cheikh Bakhoum, qui en fait la révélation, décortique les grands projets mis en œuvre par l’Agence notamment le grand projet « Smart Sénégal ». Dans cet entretien accordé à Rewmi, Bakoum aborde la vision de l’ADIE, ses missions et la place du Sénégal dans l’économie numérique.
Quel est le rôle de l’Adie dans l’organisation générale de l’Etat ?
Je dois dire que l’agence de l’informatique de l’Etat est une structure transversale au niveau de l’Etat du Sénégal. Donc, nous accompagnons les administrations à se moderniser, à s’outiller, avoir des systèmes d’information qui leur permettent d’améliorer leur travail. Ce, par la digitalisation du service public. D’abord, nous intervenons au niveau de l’interconnexion des administrations. Vous savez tous qu’aujourd’hui la digitalisation n’est possible que si nous parvenons à avoir des services qui sont connectés à un haut débit. C’est la raison pour laquelle nous avons travaillé depuis une décennie à connecter l’ensemble des administrations, à les intégrer à ce qu’on appelle l’internet administratif où on a principalement la fibre optique qui est déployée dans la plupart des bâtiments administratifs. Il faut dire que nous sommes présents dans les 45 départements du Sénégal. Ce qui fait que notre réseau est un réseau national. En matière de longueur de fibre optique, nous avons au Sénégal presque 5.000 Km qui sont présents dans les 45 départements du pays. Cela fait de nous le premier opérateur de fibre optique au Sénégal. Au-delà de cette infrastructure, nous avons également la charge d’héberger les données de l’Etat. C’est pour cela que nous avons la gestion des datas center de l’Etat. L’Adie a déjà deux datas center que nous opérons et qui sont aujourd’hui à Dakar. Mais aussi, nous sommes en train de finaliser un data center de dernière génération à Diamniadio pour pouvoir gérer l’ensemble des données de l’Etat du Sénégal. Ce n’est pas tout car il y’aura aussi un data center qui va être construit à Kaolack pour pouvoir assurer une redondance de tout ce qui est hébergé ici à Dakar. Mais aussi pour assurer une haute disponibilité au niveau de l’hébergement des données de l’Etat. Au-delà de cette mission d’interconnexion, d’hébergement de données, nous avons également la mission d’accompagner les administrations à avoir de système d’information, des applications qui leur permettent de dématérialiser les procédures. A ce niveau-là, nous avons un groupe d’ingénieurs qui développe ces outils au bénéfice de ces administrations mais surtout au bénéfice de nos concitoyens.
Présentez-nous le projet « Smart Sénégal »?
Je pense qu’à ce niveau-là le président de la République, Macky Sall, nous a beaucoup renforcés depuis 2012. D’abord par de très grands projets qui ont permis de pouvoir avoir un désenclavement numérique partout au Sénégal. Comme j’ai eu à le dire tantôt, notre infrastructure est présente dans les 45 départements du Sénégal. Nous ne faisons pas de distinction entre les départements. Parce qu’aujourd’hui les opérateurs investissent beaucoup dans des zones qui sont denses où il y’a beaucoup de populations. Cela va les permettre d’avoir un retour sur investissement. Mais l’Etat a aujourd’hui comme ambition de rendre accessible le numérique partout sur le territoire national. C’est pour cela que tous ces projets ont été développés au niveau de l’Adie grâce aux investissements que le président, Macky Sall, nous a accordé. Nous avons eu le projet « large bande » près de 85 millions de dollars. Nous avons aussi eu le projet « smart Sénégal » sur lequel nous allons revenir pour vraiment montrer tout ce que le président Macky Sall est en train de faire pour que le numérique soit une réalité partout sur le territoire national. Je sais qu’aujourd’hui en 2020 après tous ces investissements, le Sénégal n’a rien à envier aux grands pays de ce monde. Car, nous avons une infrastructure de dernière génération, nous avons des outils de dernière génération qui nous permettent de rentrer directement dans l’ère du digital au niveau de l’administration. Mais aussi, toutes ces infrastructures peuvent bénéficier aux structures privées pour que ces entités-là également puissent développer des services à valeur ajoutée qui permettent d’améliorer la qualité de la vie de nos concitoyens partout où ils puissent se trouver dans notre pays.
Quelles sont les différentes composantes de ce projet ?
Alors dans ce projet on retrouve d’abord la maison du citoyen qui est la première composante. L’idée de cette maison c’est que nous puissions avoir l’ensemble des services digitaux de l’administration en un seul point dans chaque département. L’idée c’est quoi ? C’est qu’aujourd’hui on s’est rendu compte que beaucoup d’administrations veulent aujourd’hui se moderniser. Cependant, elles n’ont pas le même niveau de formation. Du coup, on ne pouvait pas accompagner toutes ces administrations à pouvoir être à niveau. L’idée aujourd’hui c’est de pouvoir avoir cette maison avec les opérateurs. C’est-à-dire qu’ils soient bien formés, bien choisis, qu’ils aient les capacités de bien pouvoir faire les traitements des dossiers en ligne quelle que soit la procédure au niveau de l’administration. Donc, c’est un guichet unique pour l’ensemble des services de l’administration. On l’appelle même aujourd’hui « Sénégal Service ». C’est-à-dire que dans tous les services du Sénégal quand le citoyen veut avoir un acte administratif, il se rend dans cette maison et l’opérateur peut lui délivrer son acte avec des délais extrêmement courts. Pourquoi ? Parce que nous allons signer des contrats de performance avec les administrations pour que chacun puisse s’engager à délivrer les services dans le temps qui est imparti. Donc, c’est un projet extrêmement ambitieux qui va révolutionner l’administration et qui va placer véritablement le citoyen au cœur du dispositif. Ça sera une administration qui sera au service du citoyen et on abandonnera l’administration de commandement comme l’a rappelé le chef de l’Etat dès le début de sa magistrature. Je rappelle que c’est un projet en cours d’élaboration et on a débuté plus de 30 maisons. Les 15 autres vont, dans maximum deux semaines, débuter. Ce qui va permettre au Sénégal d’avoir ces 45 maisons au maximum d’ici la fin du 1er semestre 2021. Ces maisons vont être interconnectées à haut débit avec de la fibre optique. Ce qui permettra de donner n’importe quel service en temps réel à 45 points au Sénégal. Ce qui va permettre quand même à notre Etat de franchir un nouveau cap en matière de digitalisation des services publics. Au-delà de cette composante, nous avons une composante de « smart wifi ».
Vous avez initié l’installation des Wifi sur les places publiques. Combien en avez-vous installé?
Le président Macky Sall a l’ambition de démocratiser l’internet dans notre pays. Nous devons aller vers l’internet peu cher et accessible partout. C’est vrai qu’aujourd’hui la 4G est présente mais elle n’est pas présente partout. Egalement, elle est relativement chère. Je pense qu’en déployant le Wifi nous pouvons avoir des coûts beaucoup abordables. C’est pourquoi l’Etat du Sénégal, à travers le projet « smart Sénégal » a déployé 250 points wifi à travers le pays. Au-delà de ce projet nous avons le projet « Safe city » avec les forces de défense et de sécurité. Là aussi, nous travaillons avec le ministère de l’intérieur, la police, la gendarmerie, l’armée, les Asp. Et toutes ces forces ont pu grâce au projet smart Sénégal être équipées. D’abord en termino mobile, nous avons déployé un réseau 4G partout à Dakar. Cela va permettre à ces forces-là de disposer de terminaux de dernière génération qui fonctionnent sur de la 4G.
Quel est le nombre de caméras déployés dans les grandes villes?
Nous avons plus de 500 caméras qui sont déployées partout dans les grandes villes (Mbour, Thiès, Touba, Kaolack, Saint Louis). Il y’aura une autre phase qui va permettre de couvrir le pays dans son ensemble. Donc, on peut échanger de la voix, des vidéos, des images en temps réel. Mais, c’est également des dispositifs qui permettent une géolocalisation en temps réel. Et qu’à chaque fois qu’il y’a un incident sur le territoire, ils peuvent tout de suite envoyer l’information pour que tous ceux doivent intervenir viennent directement faire leur intervention.
Comment l’Adie a-t-elle renforcé le dispositif numérique dans les universités et lycées ?
Vous savez que l’éducation est une priorité pour le gouvernement et aujourd’hui le président Macky Sall nous a demandé de renforcer le dispositif numérique dans les universités mais aussi dans les lycées, les collèges et les écoles primaires. A ce niveau, nous avons vraiment accompagné toutes les universités du Sénégal. La quasi-totalité des bâtiments de ces universités sont aujourd’hui interconnectés en fibre optique. Donc, elles ont accès à l’internet administratif. Nous avons aussi renforcé la capacité de stockage dans les universités.
Avec la pandémie de la Covid-19, quelles sont les opportunités qu’offre le Numérique.
Avec la pandémie le E-learning est généralisé. Nous avons aussi lancé une expérimentation dans les lycées, collèges et écoles primaires. Nous avons lancé le concept « smart classroom » où on a mis le smart board (tableau intelligent). A la place des tableaux noirs que nous avions au niveau des écoles, nous ces tableaux intelligents qui sont connectés à l’internet. Ce qui permet à un enseignant de donner un cours même étant absent. Pour cette phase d’expérimentation, nous avons 32 écoles. Et si ça marche on pourra le généraliser. Pour la dernière composante, il s’agit du câble sous-marin qui est un projet extrêmement ambitieux du chef de l’Etat. Ce projet va permettre l’interconnexion en fibre optique dans en câble sous-marin entre le Sénégal et le Cap-Vert. Ce qui va renforcer la capacité internationale de notre pays.
C.M.SARR et M. BA