Le plat national du Sénégal, le ‘’Ceebu Jën’’ ou riz au poisson, a été inscrit sur la liste du patrimoine immatériel de l’Unesco. Comme l’a écrit le Président de la République sur Tweeter, ‘’C’est une belle illustration de la renommée internationale de l’art culinaire sénégalais’’. En réalité, le riz au poisson n’est plus seulement sénégalais. Il a longtemps qu’il a conquis beaucoup de pays voisins notamment la Mauritanie, le Mali, la Guinée.
D’ailleurs, quand on est sénégalais, il est difficile de ne pas aimer et de dévorer quasi-quotidiennement son ‘’Ceebu Jën’’. Le plat est aussi dénommé ‘’Ceebu Jën Penda Mbaye’’, au nom d’une dame dont l’histoire est peu connue mais qui, certainement, a ses début, a beaucoup contribué à sa conception. Car, il s’agit d’un véritable art culinaire. Nos femmes, notamment originaires à l’époque de Saint-Louis du Sénégal, avaient un savoir-faire particulier qui faisait que leurs plats de riz au poisson avaient quelque chose de spécial.
Ce plat a la particularité d’être complet. Le poisson, les légumes, les condiments de toutes sortes (piment, poivre, aile, oignons, sel, etc.). Il faut cependant un vrai dosage et un mode de cuisine qui induit des techniques spéciales comme cette façon de rendre le riz cuit à moitié grâce à la vapeur dégagée par la cuisson des légumes. Je m’en arrête là n’étant pas vraiment spécialiste. Il faut alors s’en féliciter. Le Chef de l’Etat l’a écrit. Pour regretter cependant une chose : Le riz bien que cultivé au Sénégal, est en majeur partie importée.
Ce plat national est vraiment de chez nous avec malheureusement cette difficulté que nous avons, depuis l’indépendance et malgré les promesses à être autosuffisants en riz. Cette satisfaction, nous la partageons alors avec le Pakistan, le Vietnam, la Corée, la Chine, etc. des pays d’origine des conteneurs de riz que nous consommons tous les jours. Le riz local étant bien sûr insuffisant à satisfaire la demande locale. C’est regrettable que cet immense marché ne soit pas capté au profit d’une production nationale génératrice de revenus. Une opportunité rare de création d’emplois et de consommer local.
L’autre regret, c’est le fait que la quantité d’huile soit souvent exagérée dans les marmites, ce qui favorise l’émergence de maladies opportunistes avec le cholestérol et autres graisses. Il s’y ajoute de nouvelles techniques avec la modernité. L’usage par exemple exagéré de bouillons dans le riz au poisson est contre-indiqué par les médecins. Mais, malgré tout, c’est à la mode. On n’y injecte une grande quantité de bouillons de toutes sortes même si les chefs de famille n’y sont pas toujours favorables.
L’autre aspect important à souligner est que presque tous nos plats locaux usités en ville et dans les zones périurbaines sont à base de riz. Et ça, ce n’est pas forcément une bonne démarche. Même si nous avons pu observer cela en Iran par exemple où le riz est très présent dans les plats, il n’en reste pas moins important de diversifier les techniques culinaires en combattant par exemple le diktat du riz. Il est dommage que tous ses efforts consentis à réfléchir autour du consommer local avec l’apprentissage de nouvelles techniques culinaires à base de mil, de maïs ou d’autres produits, ne soit pas suffisamment vulgarisées pour les rendre populaires.
Beaucoup de femmes sont spécialisées pourtant dans ces techniques révolutionnaires sans qu’il y ait suffisamment de volonté politique et de dynamique populaire pour que le Sénégal s’affranchisse de ce diktat du riz. Sans doute le ‘’ceebu Jën’’ est très bon. Mais, il faudrait populariser d’autres plats que ceux à base de riz tout en gardant ce plat national qui fait l’image de marque du Sénégal en la matière. Juste ajouter pour les citadins, que le ‘’ceebu jën’’ se mange mieux à la main… Merci en tout cas pour cette distinction, cela nous va droit au…ventre.
Assane Samb