La République du Sénégal, comme tant d’autres en Afrique et dans le monde, subit le diktat de sa classe politique. En s’organisant pour compétir lors des échéances électorales, elle a la chance d’exercer le pouvoir donc de décider à la place des autres. Ce statut de privilégié lui confère une certaine prééminence que beaucoup interprètent comme une supériorité, un mérite, une ascendance certaine qui autorise une forme d’arrogance. C’est pour cela que l’on est facilement irascible et intolérant quand on exerce le pouvoir car l’on croit être plus méritant que tous. Et les Forces de défense et de sécurité qui se mettent en garde à vous (c’est leur devoir) devant vous ne vous aident pas à cultiver la modestie. Or, dans une République, chacun son rôle.
Tout le monde est important. Chacun a un rôle à jouer. Et la Constitution encadre l’exercice des libertés dans le respect strict de celles des autres. C’est le contrat social de Rousseau. Malheureusement, les gouvernants ont cette fâcheuse tendance à vouloir mettre tout le monde dans leur besace. Ce sont des disciples de Hobbs et de Machiavel. Ce qui n’est pas possible. La liberté de la presse découle de la liberté d’expression qui, elle, découle de la liberté d’opinion et de pensée.
L’article 09 de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples le consacre ainsi que l’article 10 de la Constitution du Sénégal. En clair, le journaliste fait son métier pour satisfaire le droit constitutionnel du citoyen à être informé. Rendre compte à la presse, c’est rendre compte au peuple. Il est important que nos gouvernants sachent que la presse fera son travail. Qu’elle soit infiltrée par des usurpateurs est une chose, qu’elle se trompe de bonne foi en est une autre. Toutefois, si un citoyen se sent lésé, les tribunaux et le Cored sont là pour le rétablir dans son droit. Mais clouer la presse au pilori, c’est en faire un bouc émissaire. Si les nouvelles autorités s’en prennent à tous les autres pouvoirs constitutionnels (Justice, Assemblée, presse), elles donneront l’impression de vouloir faire tout le contraire de ce qu’elles avaient promis.
Or, c’est l’Exécutif lui-même dans son fonctionnement actuel, qui mériterait des assises. Parce que d’elle, découlent tous nos problèmes.
Assane Samb