L’Organisation de l’Atlantique Nord (Otan) a du mal à se déployer correctement dans des zones de conflit comme en Afrique. Les difficultés naguères observées au Soudan et en Somalie où l’Otan a tenté de rendre opérationnelle sa Force de réaction rapide (NRF), sont aussi en vogue dans le Sahel notamment dans la manière dont il faut lutter contre le terrorisme dans cette partie de l’Afrique.
En clair, l’Otan refuse clairement de financer la force G5-Sahel. Entre Américains et Français, même si tous les deux pays appartiennent à l’Otan, on n’a pas la même approche dans la manière d’intervenir, dans la conduite à tenir.
D’ailleurs, c’est loin d’être nouveau. Depuis plusieurs années, les États-Unis affirment vouloir privilégier l’aide bilatérale aux cinq pays membres du G5 Sahel plutôt qu’une implication accrue de l’ONU. Trump comme Biden ne sont pas d’accord sur un financement du G5 mais plutôt sur une aide bilatérale à apporter aux Etats impliqués.
L’autre difficulté que rencontre l’Otan, c’est la concurrence qu’elle apporte à des organisations censées être partenaires: Il s’agit de l’Union africaine, des Nations-Unies, de l’Union européenne, etc. S’agissant de l’Union africaine par exemple, le Président Tabo Mbeki alors Président de l’Union africaine, n’avait pas du tout approuvé la manière dont l’Otan était intervenue au Soudan.
Il avait clairement fait entendre que dans le Washington Post, qu’‘’ Il est critique que le continent africain s’occupe de ces situations de conflit, cela inclus le Darfour…. Nous n’avons demandé à personne de l’extérieur de fournir des troupes au Darfour. C’est une responsabilité africaine et nous pouvons le faire’’. Car, en réalité, dans le mode opératoire de l’Otan, l’approche solitaire et unilatérale est une dimension importante. L’organisation est jalouse de son indépendance et souhaite, elle-même, évaluer ses propres critères d’appréciation et ses modalités d’intervention.
C’est malheureusement la raison pour laquelle là où elle intervient, il y a souvent des problèmes et quand des forces comme Takuba sont mises en place au Mali, l’Otan ne les soutiennent pas. Ces différences d’approches de la part de pays qui sont censés partager les mêmes organisations, mais concurrentes, fait que l’Afrique ne saurait, en priorité, compter sur les initiatives et forces étrangères pour régler les conflits sur son sol. Car, du fait de la non-maîtrise des réalités locales et surtout des intérêts divergents et parfois même contradictoires défendus par certains membres de l’Otan, l’organisation créé, souvent, beaucoup plus de problèmes qu’elle n’en résout.
En clair, il appartient à l’Afrique et surtout aux Etats africains, de trouver des solutions à leurs problèmes notamment d’ordre sécuritaire. On ne le dira jamais assez : Il faut des solutions africaines aux problèmes des africains. Autrement, les interventions étrangères intempestives et dispersées ne feront que semer le doute et la confusion, sources d’inefficacité dans le règlement des conflits.
C’est en tout cas l’opinion la plus largement partagée au Mali pour ce qui concerne Barkhane et la force Takuba.
Georges E. Ndiaye