« Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et pour la reconquête entière de son territoire, le Burkina Faso se réserve désormais le droit de scanner voire d’ouvrir tout colis arrivant de l’extérieur quelle que soit la porte d’entrée du pays ».
Cette décision, sans doute inédite, est des autorités bukinabe de transition qui ont transmis une note dans ce sens aux missions diplomatiques présentes dans leur pays. Si elle était concrétisée, ce serait une violation flagrante de la Convention de Vienne de 1961 régissant les relations diplomatiques. En effet, il est stipulé dans l’article 27 de ladite Convention que ‘’ La valise diplomatique ne doit être ni ouverte ni retenue’’. Ça, c’est à l’alinéa 3.
Et à l’alinéa 4, il est précisé que ‘’Les colis constituant la valise diplomatique doivent porter des marques extérieures visibles de leur caractère et ne peuvent contenir que des documents diplomatiques ou des objets à usage officiel’’. En clair, même si les Etats peuvent s’assurer du contenu de la valise, ils ne sauraient aller jusqu’à ouvrir les colis constituant la valise diplomatique à moins qu’un faisceau d’indices n’aillent dans le sens de le suspecter. Donc, nous estimons que les autorités burkinabè ne sauraient prendre pour prétexte la lutte contre le terrorisme pour revenir sur cet acquis qui constitue un équilibre dans les relations internationales.
Une mesure qui, en soit, est également une manière de suspecter certains Etats par rapport à une possible complicité avec des mouvements djihadistes. Il peut alors s’agir d’une mise en garde ferme. Et nous espérons qu’il en soit seulement ainsi. Car, la Convention de Vienne bénéficie, jusqu’ici, d’une autorité entre les Etats qui aide à préserver les relations et la paix entre les Nations.
Nous pensons, en effet, que les autorités burkinabè, dans tous les cas, ont besoin d’appuis extérieurs dans la lutte contre le terrorisme. La fierté est une bonne chose. Mais, elle ne suffit pas. Car les défis sont tels en termes de renseignements, de logistiques et de déploiement sur le terrain que le pays semble être mal préparé et donc dépassé par le cours des choses. Il lui faudra donc une synergie d’action avec les voisins, les pays d’Afrique et les partenaires extérieurs crédibles pour arriver à des solutions conséquentes.
En tout état de cause, il est important de mettre en garde les Etats y compris le nôtre, sur le fait que la lutte contre le terrorisme n’excuse pas tout. D’ailleurs, le tout sécuritaire ne traduit en général qu’une forme de paranoïa qui, lorsqu’elle envahit les décideurs, ne fait qu’affaiblir les stratégies mises en place. Qu’il s’agisse de lutte contre le djihadisme ou contre l’émigration irrégulière, il faudra l’implication de toutes les forces de la nation et des partenaires pour des solutions qui ne peuvent être seulement militaires ou sécuritaires.
Les Etats-Unis, après le 11 septembre, ont créé Guantanamo qui n’a pas été une solution efficace contre l’extrémisme.
En clair, ce n’est pas en violant les lois et les institutions nationales et internationales que l’on arrivera à endiguer les fléaux auxquels les peuples sont confrontés.
Assane Samb