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Mali: La junte interdit aux médias de couvrir les partis politiques

La junte au pouvoir au Mali continue de sévir contre toute forme de contradiction : elle a fait interdire aux médias jeudi de couvrir les partis politiques après avoir suspendu les activités de ces derniers. Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme s’est dit « profondément préoccupé » par cette suspension. La junte au pouvoir au Mali a continué jeudi à sévir contre toute forme de contradiction en faisant interdire aux médias de couvrir les partis politiques après avoir suspendu les activités de ces derniers la veille.

Nouvelle entrave à la liberté de la presse au Mali. La junte au pouvoir a décidé, jeudi 11 avril, d’interdire aux médias de couvrir les partis politiques après avoir suspendu les activités de ces derniers.

Les colonels, qui ont renversé le président civil Ibrahim Boubacar Keïta en août 2020, ont décrété mercredi la suspension « jusqu’à nouvel ordre » des activités des partis et des associations à caractère politique, coupables selon elle de « subversion ». La Haute autorité de la communication (HAC) a emboîté le pas du chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, signataire du décret visant les partis.

La HAC « invite tous les médias (radios, télés, journaux écrits et en ligne) à arrêter toute diffusion et publication des activités des partis politiques et des activités à caractère politique des associations », dit-elle dans un communiqué. Elle ne précise pas à quoi s’exposeraient les médias qui contreviendraient. Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme s’est dit « profondément préoccupé » par la suspension. Le décret « doit être immédiatement abrogé », a-t-il dit sur X.

Des appels à la « désobéissance civile »

Ce nouveau tour de vis a suscité de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux, mais encore peu de réactions de partis ou de personnalités maliennes de premier plan, déjà condamnées au silence dans une large mesure. L’éphémère ancien Premier ministre Moussa Mara (2014-2015) a demandé aux autorités de revenir sur leur décision, un « recul majeur » qui « n’augure pas de lendemains apaisés ».

Le président du parti Convergence pour le développement du Mali (Codem), Housseini Amion Guindo, a appelé à la « désobéissance civile jusqu’à la chute du régime illégal et illégitime (…) en raison notamment de son incapacité à satisfaire les besoins essentiels des Maliens ».

Mohamed Chérif Koné, magistrat entré en rébellion contre la junte et radié, a lui aussi appelé à la désobéissance civile. « Hors de question de laisser la dictature prospérer », a-t-il écrit. Le gouvernement est « disqualifié » pour parler au nom du Mali depuis le 26 mars 2024, a-t-il dit.


Les colonels s’étaient engagés – sous la pression de la Cédéao  à céder à cette date à des civils élus la direction de ce pays confronté au jihadisme et plongé dans une profonde crise multidimensionnelle depuis 2012. Ce jalon vient d’être franchi sans que les militaires ne partent, ni ne donnent une nouvelle échéance. Ils avaient déjà manqué à l’engagement d’organiser la présidentielle en février.

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