Alors que la Mission des Nations Unies au Mali, la MINUSMA, a commencé son retrait progressif du pays, le chef de la Mission, El-Ghassim Wane, a un message pour les Maliens : « La MINUSMA s’en va, mais les Nations Unies restent » pour les accompagner dans la stabilisation de leur pays.
La fin du mandat de la MINUSMA a été décidé en juin par le Conseil de sécurité à la demande des autorités maliennes de transition. Le retrait doit s’achever le 31 décembre 2023. Dans un entretien accordé en français et en anglais à ONU Info, El-Ghassim Wane, qui est aussi le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Mali, explique que le retrait a été préparé de manière minutieuse afin d’assurer un transfert des tâches aux autorités maliennes leur permettant de prendre la relève. Il a accordé cet entretien avant la réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Mali, lundi.
ONU Info : Est-ce que vous pourriez nous faire le point sur la situation sécuritaire et humanitaire au Mali actuellement ?
El-Ghassim Wane : Comme vous le savez, nous sommes actuellement au niveau de la MINUSMA dans une phase de réduction de nos effectifs et de retrait de la mission qui doit être conclu d’ici au 31 décembre 2023. Évidemment, la variable sécuritaire est un élément extrêmement important dans l’opération en cours. Nous suivons cela de près, l’objectif étant d’assurer le retrait en toute sécurité de nos personnels. Jusqu’ici, les choses se sont plutôt bien passées. Nous avons eu quelques incidents, mais de portée limitée, et n’avons connu aucune perte en vies humaines ou une blessure sérieuse.
Et avec la phase deux nous allons continuer à prêter une grande attention à la situation sécuritaire et à ajuster notre planification en conséquence pour préserver la sécurité de nos personnels.
ONU Info : Et concernant la situation humanitaire, est-ce que vous pouvez nous faire le point ?
El-Ghassim Wane : Et vous savez qu’on la suivait de près dans le cadre de notre mandat. Nous avons un mandat résiduel consistant à faciliter l’acheminement de l’assistance humanitaire. Nous le faisons essentiellement maintenant par la protection de quelques pistes d’aérodrome pour faciliter le travail des agences humanitaires. Cette partie du mandat, qui est résiduel en fait, va prendre fin à la fin du mois de septembre. Et cela signifie que notre visibilité est un peu réduite, mais nous continuons d’apporter l’appui possible par le contexte actuel à nos collègues des agences humanitaires.
ONU Info : Est ce que vous avez des inquiétudes concernant ce qui peut se passer après le retrait de la MINUSMA et aussi pendant ce retrait progressif ?
El-Ghassim Wane : La résolution 2690 qui a mandaté le retrait de la mission à la suite de la demande faite à cet effet par les autorités maliennes de transition prévoit que le retrait soit effectué en toute sécurité et qu’il soit également organisé et qu’il se fasse en coordination avec les autorités maliennes.
Et c’est pour cela que ce retrait a été planifié de manière minutieuse pour nous assurer que le départ de la MINUSMA ne se traduise pas par des insuffisances énormes qui seront difficiles à combler.
Et c’est à cette fin que nous avons organisé, au début du mois d’août, une table ronde avec les autorités maliennes, précisément sur le transfert des tâches qui étaient exécutées jusqu’ici par la MINUSMA pour les informer de ce nous avons fait des réalisations, des résultats, je pense, appréciables qui ont été obtenus mais aussi de ce qui reste à faire, de manière à ce qu’ils puissent se préparer pour prendre la relève dans tous les domaines, qu’il s’agisse de la protection des civils, de l’appui aux efforts de stabilisation dans des zones déterminées…. L’atelier s’est très bien passé et il est évident qu’il faudra aller plus loin, notamment en termes de mobilisation de ressources.
Et cela va être un peu le rôle des agences, des fonds et des programmes de continuer à assister le Mali, sachant que le transfert des tâches se fait prioritairement en direction du gouvernement malien, avec évidemment la contribution aussi d’autres acteurs, y compris des agences, fonds et programmes. Nous avons entrepris des initiatives similaires dans les régions pour informer les autorités régionales de ce qui se faisait. Notre espoir est que ces interactions permettront aux autorités maliennes d’être fin prêtes pour prendre la relève dans la limite évidemment des capacités et des ressources.
ONU Info : Il y a des inquiétudes concernant le rôle de mercenaires au Mali. Est-ce que vous êtes particulièrement inquiet concernant le rôle de ces mercenaires après le départ de la MINUSMA ? Je pense notamment au groupe Wagner.
El-Ghassim Wane : J’ai indiqué que nous organisons notre retrait de manière organisée, comme cela est mandaté par la résolution du Conseil de sécurité et que nous travaillons à cet effet avec le gouvernement malien et que nous offrons à assurer la coordination la plus étroite qui soit pour que le départ de la MINUSMA ne se traduise pas par des vides qui pourraient être préjudiciables à la stabilisation du pays et à la protection de sa population civile.
Je pense que notre rôle dans cette phase consiste à informer les autorités maliennes, autant que nous pouvons de ce que nous faisons, de ce qui a été réalisé, de ce qui reste à faire pour qu’elles puissent s’organiser en conséquence. C’est le rôle qui est le leur et comme je l’ai dit le transfert des tâches se fait prioritairement aux autorités maliennes. La réunion à laquelle j’ai fait référence s’est très bien passée et elle se prolonge actuellement par des rencontres beaucoup plus spécifiques, beaucoup plus thématiques, avec des ministères sectoriels pour nous assurer que tout soit bien prêt pour que les autorités maliennes puissent assumer les responsabilités qui sont les leurs, après le retrait de la mission.
ONU Info : Alors que la MINUSMA prépare son départ, quel est votre message à la population malienne ?
El-Ghassim Wane : Mon message, c’est que d’abord que nous travaillons à ce que le retrait se fasse dans les délais, comme cela a été stipulé par la résolution du Conseil de sécurité convenue avec le gouvernement malien. Et jusqu’ici, je pense que le retrait se déroule dans le respect du calendrier qui a été convenu. La phase un de retrait a été complété hier (vendredi 25 août) avec le départ de nos troupes de Ménaka. Nous allons maintenant entrer dans la phase deux, qui est une phase pleine de défis sur le plan logistique, sur le plan sécuritaire… Mais nous l’abordons, dans le même esprit, celui de respecter les délais, de travailler aussi étroitement que possible avec le gouvernement malien et tous les autres acteurs concernés pour cette phase.
L’autre message, c’est que la mission a été déployée au Mali pendant presque dix ans à la demande du gouvernement malien et que pendant ces dix années, elle s’est employée, dans toute la mesure du possible et dans un contexte extrêmement difficile, à appuyer les autorités et le peuple malien. Je pense que des résultats appréciables ont été réalisés, mais évidemment, rien n’est parfait. Il y a encore beaucoup de travail à faire, beaucoup d’efforts sont requis pour que le Mali retrouve la paix à laquelle aspire son peuple.
Et le dernier message, c’est que la MINUSMA quitte mais les Nations-Unies restent. Des agences, des fonds et des programmes vont continuer évidemment à travailler avec le Mali, qui est membre des Nations Unies, avec le peuple malien, pour les accompagner dans la stabilisation de leur pays.