Un rapport intitulé « Projets et programmes migratoires au Sénégal de 2005 à 2019 : une avalanche de financements pour des résultats mitigés », réalisé en mai 2020 par la Fondation Heinrich Böll, contredit le Chef de l’Etat et conforte Boubacar Sèye. Plus de 200 milliards de l’Union européenne ont été investis au Sénégal pour lutter contre le phénomène migratoire sans résultats probants, lit-on dans le rapport.
«Il n’y a aucun crédit que l’UE a donné au Sénégal sur la migration» déclarait fermement le président Sénégalais Macky Sall, lors de son face à face avec la presse vendredi 9 avril 2021, aux côtés du premier ministre Espagnol Pedro Sanchez. Mais la réalité serait toute autre.
Selon une étude commanditée par la fondation Heinrich Böll stiftung intitulée «Projets et programmes migratoires au Sénégal: Une avalanche de financements pour des résultats mitigés», des dizaines de milliards de francs CFA ont été injectés par l’Union européenne dans la lutte contre la migration depuis 2005. L’étude publiée en mai 2020 révèle que les flux financiers liés à des projets et programmes relatifs à la migration se sont intensifiés depuis 2005 au Sénégal, en réponse à la médiatisation spectaculaire de nombreux décès de femmes, d’hommes et d’enfants sur les routes migratoires vers l’Europe.
Ainsi, de 2005 à 2019, plus de 200 milliards de francs CFA (305 millions d’euros) ont été investis pour limiter les départs, améliorer les conditions socio-économiques dans les zones de départ mais aussi pour favoriser les retours, mentionne le rapport. Entre 2005 et 2012, renseigne l’étude, 30 milliards ont été investis dans des projets relatifs à la migration notamment dans le cadre de la Goana, du Plan Reva sans parvenir à des résultats conséquents.
De 2012 à 2015, plus de 50 milliards ont été mobilisés pour des projets liés à la migration, soit une augmentation de 66% par rapport à la période précédente. Ces financements ont été doublés à partir de 2015…
De 2015 à 2019, 120 milliards FCFA (environ 180 millions d’euros) ont été décaissés pour la mise en œuvre des projets et programmes orientés vers la dissuasion des migrations irrégulières, soit une augmentation de 140% par rapport à la période précédente, révèle l’étude.
Arrivé au pouvoir en 2012, Macky Sall prend la question à bras le corps mais prend l’option d’augmenter le budget du Fonds d’appui à l’investissement des Sénégalais de l’Extérieur (FAISE). La structure qui n’avait que 300 millions de budget est dorénavant dotée d’un budget de 3 milliards pour encourager les sénégalais de l’extérieur à investir dans leur pays. Il s’y ajoutera un fonds dédié aux femmes de la Diaspora à hauteur de 1 milliard FCFA. Les secteurs ciblés sont l’agriculture, la pêche, la transformation des produits, l’artisanat entre autres domaines d’intervention.
Des actions de réintégration des migrants se sont intensifiés avec l’élaboration de programmes d’aide au retour volontaire de l’OIM et de projets de la société civile financés par l’Union européenne comme le programme Afrique de l’Ouest -action transnationales pour l’intégration sociale et professionnelle d’enfants et de jeunes migrants victimes de la traite, de trafic et d’autres formes d’exploitation dans la sous-région doté d’un budget de 1, 6 million d’euros (1,1 milliard FCFA).
Via le Fonds fiduciaire d’urgence en faveur de la stabilité et de la lutte contre les causes profondes de la migration et du phénomène des personnes déplacées en Afrique (FFUE), le Sénégal reçoit au 170,8 millions d’euros (environ 112 milliards FCFA) pour une dizaine de projets. D’un budget de 18 millions d’euros, le projet d’appui à la réduction de l’émigration rurale dans le bassin arachidier (PARERBA) a pour objectif de développer une économie rurale dans les régions du bassin arachidier (Diourbel, Fatick, Kaffrine, Kaolack et Thiès) favorisant la création d’emploi durables agricole et non agricole et contribuant à la sécurité alimentaire.
Outre ce projet du Fonds fiduciaire, la Plate-forme d’appui au Secteur Privé et de valorisation de la Diaspora sénégalaise en Italie (PLASERI) vise à réduire la migration et à favoriser le retour des migrants, en particulier depuis l’Italie, par la création d’emplois dans des régions ciblées se caractérisant pas un fort taux d’émigration. Doté d’un budget de 14,3 millions d’euros, ladite plate-forme est dirigée par la coopération italienne. «Tekki fii» est le nom de l’autre projet du FFUE dont l’objectif est de renforcer le tissu d’entreprises locales pour élargir un accès équitable à la formation professionnelle, favoriser l’accès au financement des bénéficiaires et informer sur les opportunités au Sénégal. L’Agence française du développement (AFD) et LUDEX (Coopération luxembourgeoise) sont chargés de la mise en œuvre pour un montant de 40 millions d’euros. Sept autres projets sont appuyés par le Fonds fiduciaire européen pour décourager les candidats à la migration.