Tous les yeux sont braqués sur le sommet de Paris. Une rencontre devant permettre à nos États de trouver des fonds de relance face à la Covid. Moubarack Lô lui théorise « le système de financement mixte. »
La Covid-19 a mis à genou l’économie africaine. Une économie en récession, même si l’on note une souplesse des mesures. Des pays tentent par tous les moyens de maintenir le cap pour avoir la tête hors de l’eau. Avec ce sommet de Paris sur la « relance de l’économie africaine », des experts et autres statisticiens donnent leurs avis sur la question du fait de l’attente importante face aux flots de monde avec des créanciers etc.
Pour Moubarack Lo, économiste, il y a eu une consolidation des initiatives prises l’année dernière pour accorder un moratoire à la dette africaine. Des pays nord qui sont suspendus déjà pour permettre à la dette africaine de s’en sortir. « La Covid a réduit la croissance mais aussi a plombé l’envol de certains pays africains avec une réduction de recettes. Les dépenses étaient la et il fallait soutenir les ménages et les entreprises impactées et donc, cette initiative de les soutenir est venue à la bonne heure », fait-il savoir. Pour Moubarack Lô, les pays africains avec cette aide financière ont pu redémarrer avec une aide supplémentaire face au Covid. Donc, dit-il « trouver de l’argent frais est une urgence parce qu’à la limite, les tensions de trésoreries existent. Les dépenses qu’on aurait du faire pour payer les services de la dette sont là. L’Afrique a surtout besoin d’argent frais, bref de sources nouvelles pour s’en sortir. Les économies sortent de la Covid donc il est très difficile de faire face car les choses stagnent. Les économies comptent sur cette mobilisation de fonds aussi. » En effet, d’aucuns avaient émis l’idée de saisir le Fonds monétaire international (FMI) d’émettre des droits de tirage spéciaux (Dts) à un mécanisme assez complexe. Histoire de renforcer la liquidité pour des pays africains. Pour le statisticien, cette solution est émise certes mais à courte terme, cela peut toujours aider. « Cela permettrait au Fmi de prêter davantage pays africains, mais cela ne constitue pas une solution. La vraie, pour le financement à moyen et long terme, ce ne sont pas les Dts (Droits de tirage spéciaux), mais de créer des conditions de financement mixtes parce que c’est le secteur privé mondial qui cherche des opportunités en plus le secteur privé « national » qui peut financer les projets de développement dans nos pays. L’implication du secteur privé permet d’avoir des investissements et de ne pas créer l’endettement », argue-t-il au bout du fil.
Par ailleurs, l’aide internationale devrait servir à être un levier pour amener des engagements et trouver des Ppp (Partenariat public privé). Des conditions avantageuses selon l’économiste. Mettant en exergue les financements mixtes, avec des partenaires au développement qui apporteraient des engagements et de même que l’Etat qui apporte son soutien et que l’essentiel du financement provienne du secteur privé. A l’en croire, il y a des pays du monde qui ont eu cette expérience et voir le programme de développement. A cette question, Moubarack Lo estime que « le secteur privé international n’a pas vocation prendre des initiatives car quand le G7 l’avait voulu, il avait tendu la perche au qui de droit car les investisseurs qui avaient investi attendent à être payé. Et d’ailleurs les pays présentant des risques sont toujours là. Des pays ont hésité par rapport au moratoire sur la dette et donc la question est toujours là. »
Sur ce, Thierno Thioune a analysé sous un autre angle. Pour lui, la question centrale est de savoir l’attente du Sénégal qui est le pays le mieux sorti sur le plan sanitaire de cette pandémie. Car, reconnait-il qu’autant de pays confinés ont du recourir à un plan de relance. S’agissant des Dts, qui sont estimés à 34 milliards, face à un besoin de 100 milliards. « Le Sénégal par sa voix prépondérante peut bien peser de son poids pour que l’on renégocie le quota des Dts qui peut être un instrument innovant », ajoute-t-il.
Dans la même veine, Thioune a fait remarquer : « qu’il faut un plaidoyer pour le secteur privé fort avec des systèmes de financements innovants avec des principes de garanti pour soulever des ressources importantes sur le marché financier pour aller suppléer l’investissement. » Même si les marchés financiers en Afrique sont frileux, au plan international le marché est plus alléchant et attractif. Ce qui constitue un atout. Ce qui peut faciliter au secteur privé d’aller à la conquête de ce marché là et avec des prêts plus souples. « Pour obtenir de l’argent frais, il ne faut pas penser à l’annulation de la dette car il ya que les marchés financiers avec des capitaux importants et un climat des affaires attractifs. Mais il faut que les États mettent un système de garantis et que le secteur privé penche dessus », souligne Thioune.
MOMAR CISSE