La tentative de coup d’Etat en cours au Niger est condamnée par une bonne partie du peuple de ce pays et par toute la communauté internationale. En effet, le président Mohamed Bazoum est retenu par la garde présidentielle (GP) contre son gré (jusqu’au moment où nous mettions sous presse). Ce qui signifie, en termes clairs, qu’il risque de subir le même sort que ses homologues du Burkina Faso, du Mali et de la Guinée.
Kaboré, Keïta et Condé ont vu leurs règnes abrégés par des coups d’Etat dont s’offusque encore la Cedeao, une organisation qui avait mandaté justement le Président du Bénin Patrice Talon pour apporter un coup d’accélérateur aux réformes pour le retour à l’ordre constitutionnel dans ses pays. Malheureusement, certains militaires nigériens qui parlent de « mouvement d’humeur », ont cru devoir s’en prendre à leur chef, le Président de la République, pour, manifestement, donner un coup de frein malheureux à une expérience démocratique nigérienne qui commençait à être citée en exemple en Afrique.
Le Président Bazoum est élu au second tour en 2021 à la suite d’un suffrage universel dont le Président sortant, Issoufou, n’a pas pris part. Aujourd’hui, sauf rétablissement rapide de l’ordre constitutionnel dans ce pays, c’est la mauvaise pente qui est prise. La Cedeao et l’Union africaine se sont indignées naturellement de cet état de fait.
Les mots durs de Moussa Faki Mahamat le Président de la Commission de l’Union africaine, traduisent un sentiment réel d’exaspération contre un état de fait qui ne subsiste que dans les pays francophones de l’Afrique. C’est cela qui est incompréhensible pour tout le monde. Là où les autres pays d’Afrique tournent le dos aux coups d’Etat, en Afrique francophone, on assiste à une recrudescence de ces derniers depuis 2020.
Les contre-exemples burkinabé, maliens et guinéens ne doivent pas continuer à faire des émules. Il faut désormais que les armées se convainquent du fait que leur rôle n’est pas de gérer les États mais surtout de s’occuper de la sécurité. Mieux, la dévolution du pouvoir par le mode électoral est le moins mauvais système qui soit.
Donc, il est temps que l’Afrique de l’ouest rompt d’avec ses pratiques anachroniques et honteuses pour retrouver une stabilité institutionnelle, un préalable à toute forme d’émergence d’Etats qui sont les plus pauvres au monde.
Assane Samb