Environ 20 millions de personnes ont reçu un diagnostic de cancer et 10 millions en sont mortes en 2021, alors que tous les cancers peuvent être traités et beaucoup peuvent être prévenus ou guéris, a déclaré l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le cancer.
L’OMS attribue la hausse rapide du fardeau du cancer aux profonds changements dans le mode de vie, comme l’alimentation malsaine, le tabagisme, le manque d’activité physique, l’exposition aux risques environnementaux et d’autres facteurs de risque associés au mode de vie. L’agence sanitaire signale que 40 % des cancers sont potentiellement évitables, 40% peuvent être traités et 20% traités à des fins palliatives. Elle signale que de nombreuses stratégies ayant un bon rapport coût-efficacité ont fait leurs preuves pour ce qui est de réduire le fardeau du cancer.
Toutefois, comme tant d’autres maladies, la prise en charge du cancer reflète les inégalités et les injustices de notre monde. La distinction la plus nette se situe entre les pays à revenu élevé et les pays à faible revenu.
Plus de 90% des pays à revenu élevé proposent un traitement complet, contre moins de 15% des pays à faible revenu. De même, la survie des enfants chez qui un cancer a été diagnostiqué est de plus de 80% dans les pays à revenu élevé et de moins de 30% dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Aussi, la survie au cancer du sein cinq ans après le diagnostic dépasse désormais 80% dans la plupart des pays à revenu élevé, contre 66% en Inde et seulement 40% en Afrique du Sud.
En outre, une enquête récente de l’OMS a révélé que les services de cancérologie sont couverts par le plus important régime public de financement de la santé d’un pays dans environ 37% des pays à revenu faible ou intermédiaire, contre au moins 78% des pays à revenu élevé. Cela signifie qu’un diagnostic de cancer a le potentiel de faire basculer les familles dans la pauvreté, en particulier dans les pays à faible revenu, un effet qui a été exacerbé pendant la pandémie de Covid-19.
La pandémie de Covid-19 a eu un impact catastrophique sur la détection, le diagnostic et le traitement du cancer en Europe, a affirmé l’OMS/Europe à l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer, placée cette année sous le thème « Combler les lacunes en matière de soins ». « La façon dont la pandémie retarde les soins aux personnes atteintes de cancer et crée des retards accumulés dans les services de santé, est une interaction mortelle », a estimé le Dr Hans Kluge, Directeur de l’OMS/Europe.
Au début de la pandémie, le diagnostic des tumeurs invasives a chuté de 44% en Belgique ; en Italie, les dépistages colorectaux ont diminué de 46% entre 2019 et 2020 ; en Espagne, le nombre de cancers diagnostiqués en 2020 était inférieur de 34% aux prévisions, selon les données collectées par l’OMS. Au cours du dernier trimestre de 2021, les soins contre le cancer – dépistage et traitement – ont été perturbés de 5 à 50% dans tous les pays déclarants. La situation s’est améliorée depuis le premier trimestre de l’année dernière, où les services ont été perturbés de plus de 50% dans 44% des pays, et de 5 à 50% dans les autres, mais l’effet d’entraînement de cette perturbation se fera sentir pendant des années. 44% des pays du monde entier ont signalé une augmentation des retards dans les services de dépistage du cancer au cours du second semestre de 2021.
« L‘impact de la Covid-19 va en effet bien au-delà de la maladie elle-même. Le cancer touche toutes nos vies, soit directement, soit par ses effets sur la famille et les proches. En Europe et en Asie centrale, une personne sur quatre recevra un diagnostic de cancer au cours de sa vie. Il s’agit de l’une des principales causes de mortalité et de morbidité dans la Région européenne de l’OMS, représentant plus de 20% de tous les décès », a poursuivi le chef de l’OMS/Europe.
La Journée mondiale contre le cancer est l’occasion de rappeler que 30 à 40% des cancers en Europe et en Asie centrale sont évitables.