Après le parrainage pour lequel le nombre d’électeurs est connu, c’est autour de la caution d’avoir été éclaircie. Le montant est aujourd’hui fixé à trente (30) millions de nos francs. C’est cette somme que chaque candidat reconnu devra verser au niveau de la Caisse de dépôt et de consignation.
Il est clair ainsi que les filtres ont été clairement posés et connus de tous. Chaque candidat devra au moins avoir un peu plus de 44 mille électeurs dont 2 mille répartis dans sept régions du pays et au plus un peu moins de 59 mille électeurs. Et verser 30 millions. Des filtres qui pourront être assez décisifs pour les 126 personnes qui, pour le moment, ont retiré des fiches de candidature. Cela permettra de réduire la proportion des prétendants au trône dont le nombre a dépassé toutes les attentes et toutes les estimations. Jamais on n’avait atteint, auparavant, ce chiffre.
Cela peut être perçu comme une vitalité démocratique, mais cela cache mal la banalisation de la fonction présidentielle et partant, de toutes nos institutions.
En réalité, la sacralité dont elles s’entouraient comme coquille de protection a sauté. Le verrou n’existant plus, chacun se dit prêt à en assumer le rôle. Bien sûr, jusqu’ici, nous avons, en général, de bons profils : Des anciens Premiers ministres, d’anciens ministres, de hauts cadres du public et du privé.
Mais, le hic, c’est que la plupart de ces postulants ne sont pas connus du sérail. Or, à trois mois des élections, ce serait illusoire de croire pouvoir se faire élire alors que l’on ne s’est jamais intéressé à la politique ou à la gestion des affaires publiques. Il va de soi que certaines candidatures vont juste en rajouter à l’engouement général et les sénégalais n’ont nullement envie de se laisser divertir.
Certes, la liberté est donnée à chacun de pouvoir se présenter, mais chacun de nous doit savoir raison garder. La fonction présidentielle est trop lourde et trop importante pour faire l’objet d’une forme de ‘’mercato politique’’ ou de ‘’bourse électorale’’. La réalité est que le calcul est clair chez certains de rassembler quelques centaines ou milliers de sénégalais et de les présenter comme instruments de marchandage pour des positionnements ou des avantages. C’est cela qu’il faudra éviter au maximum et nous osons espérer que le filtre va nous y aider davantage.
C’est l’intérêt du jeu même si a contrario, on peut nous rétorquer de plaider pour la démocratie des partis politiques, des coalitions et donc des politiciens ‘’professionnels’’ et pour la démocratie censitaire donc celle des riches, au lieu de travailler à favoriser le maximum de participation citoyenne. Là-dessus, nous répondrons qu’il y a des candidatures indépendantes crédibles à encourager. Et la loi nous y aide un peu en les admettant. Et que les politiques ne doivent pas avoir, à eux seuls, le monopole du positionnement au niveau des élections.
Mieux, en général, les meilleurs profils de candidats ne sont pas souvent assez représentatifs ou assez riches pour se présenter. Or, leur élection aurait davantage aidé le pays à s’en sortir. Car, l’histoire a montré que les ‘’professionnels de la politique’’, favorisés par les filtres, ne sont pas toujours les meilleurs profils pour diriger le pays.
Et c’est cela le paradoxe de notre démocratie.
Assane Samb