A l’initiative du Président Français Emmanuel Macron, un sommet sur la relance des économies africaines s’est tenu ce mardi à Paris, la capitale française.
Il a réuni une trentaine de participants dont plusieurs chefs d’Etat africains. Le but était clairement de donner une bouffée d’oxygène à une économie africaine fortement secouée par la pandémie à Coronavirus. Selon les autorités françaises, ‘’le risque majeur, celui que nous voulons prévenir (…) c’est la grande divergence économique entre le continent africain qui repartirait en arrière – cela peut s’aggraver avec le retour de la pauvreté, la croissance de l’inégalité-, alors que de l’autre côté les Etats-Unis repartiraient fort, l’Europe repartirait fort, l’Asie repartirait fort” dixit le Ministre français des Finances Bruno Le Maire.
Car, selon elles, “La crise a touché tous les pays, tous les continents, l’Asie, l’Europe, et l’Afrique. La singularité de l’Afrique, c’est qu’elle n’a pas les moyens financiers aujourd’hui de protéger et de relancer son économie comme l’ont fait tous les autres continents”.
Et à juste titre, car avec un déficit de près de 300 milliards de dollars (245 milliards d’euros) d’ici fin 2023, selon les prévisions du moment, le continent pourrait être davantage à genou car les choses n’allaient pas mieux l’année dernière.
Au sortir du sommet tenu en présence des bailleurs de fonds et des institutions financières internationales comme le FMI, il a été décidé d’envisager une réponse en deux étapes: répondre aux besoins de financement immédiats et renforcer le secteur privé, dont ils estiment que le dynamisme représentera un facteur de croissance à long terme.
Toutefois, comme dans toute démarche de ce genre, on n’a pas manqué en Afrique, y compris parmi le monde universitaire, de se demander pourquoi un tel sommet sur l’Afrique à l’initiative de la France et à Paris. Bien entendu, certains spécialistes et observateurs se sont dits qu’il fallait mieux l’organiser sur le sol africain et à l’initiative de l’Afrique.
Mais, à y regarder de près, il y a au moins deux raisons qui plaident en faveur de la tenue de ce sommet à Paris.
La première est que si un pays africain avait pris cette initiative, peu de Chefs d’Etat africains auraient fait le déplacement au risque de devoir participer à une forme de coup de communication pour leur homologue.
Le Sénégal en a fait les frais avec son fameux Forum sur la sécurité en Afrique pratiquement boycotté par les Chefs d’Etat. C’est là un mal africain. Et il est curieux de constater que, malgré les critiques et le sentiment croissant anti-français, l’ancienne puissance colonisatrice continue de jouer le rôle de rassembleur des Etats africains sans lequel, il sera difficile de réunir les chefs d’Etat.
L’autre raison, plus technique et moins organisationnel, c’est qu’un tel sommet ne peut s’organiser entre africains et en Afrique seulement pour des questions de fierté nationaliste.
La réalité est que nous avons besoin de l’appui du Nord, ces pays qui contrôlent les institutions internationales, les Droits de tirage spéciaux (Dst) et qui peuvent faire des efforts de moratoire, d’annulation de dette ou apporter de l’argent frais.
Le sommet s’adresse plus à eux qu’aux africains même s’il était important d’écouter nos Chefs d’Etat et de savoir ce qu’ils en pensent.
Le fait de chercher à relancer le secteur privé africain par exemple, entre dans la dynamique de la nouvelle politique d’emploi des jeunes au Sénégal.
Si le Nord et le Sud se donnent la main, des pas importants pourront être accomplis sous réserve cependant de la corruption en vogue dans nos Etats et qui oblitèrent tous les efforts de développement.
En réalité, la disparité dont on parle existe depuis longtemps et le ‘’new deal’’, on en a besoin depuis belle lurette. Mais, jusqu’ici, rien de vraiment concret malgré les bonnes intentions.
Ce qui a changé, c’est que la France et l’Europe viennent de se rendre compte qu’une Afrique davantage pauvre sera beaucoup plus instable, une zone à risque pour leurs investissements et une niche de recrutement pour les terroristes.
Donc, sauver l’Afrique, c’est sauver le reste du monde.
Assane Samb