Pour faire reprendre la place des femmes dans la société, la fondation Heinrich Boll Stiftung a tenu un panel sur la rematriation des systèmes de connaissances indigènes féministes et des compréhensions précoloniales du genre. Occasion saisie par les panélistes de rappeler que les femmes ont occupé des places importantes dans les sociétés traditionnelles.
Les femmes occupent une place prépondérante dans les sociétés africaines et leur consultation est souvent une condition préalable à la cohésion sociale et au règlement des différends au sein d’un groupe. Leurs voix et leurs opinions ont eu du poids dans les processus décisionnels alors qu’ils se livraient à d’importantes activités commerciales dans les communautés. Fort de ce constat, la fondation Heinrich Boll Stiftung pose le débat à travers un panel. Selon la sociologue chargée de programme de la fondation, Selly Ba, il est important de questionner les sociétés traditionnelles, les pratiques culturelles et la question du féminisme. « Ces espaces sont importants pour discuter sur l’égalité homme-femme. Ce sont des outils importants pour les militants des droits des femmes pour l’égalité et faire face à ce système patriarcat.
Le genre est une construction sociale, rendre visible l’élément féminin et masculin à travers les attentes de société avec un idéal homme et un idéal femme », dit-elle. Et de poursuivre: » Chaque société à un modèle d’homme et de femmes. Malheureusement ce modèle d’homme est celui puissant qui domine et l’idéal de femme est celle dominée soumise ou fragile, il faut le questionner dans nos sociétés traditionnelles quand on parle de genre. Alors que nos sociétés traditionnelles étaient matrilineaires où la femme avait le pouvoir. C’est donc en contradiction de ce que l’occident nous dit ». De son avis, il n’ya pas de sexe faible dominant et qu’il n ya pas de féminin ou de masculin. « On était dans des sociétés où l’enfant portait le nom de la mère. L’oncle maternel est puissant dans la société serere jusqu’à présent et cela se justifie.
Les enfants heritaient à partir des filiations maternelles. C’est l’islam qui a amené ce patriarcat avec la culture arabe. C’est cette culture qui a détruit la société matrilineaire et la colonisation a renforcé cela. Donc les femmes ont perdu des privilèges. La question de l’égalité est une des plus ancienne et revient toujours », martèle- t-elle.
Pour l’historienne Pr Rokhaya Fall, les femmes n’étaient pas marginalisées dans les sociétés traditionnelles. « Aujourd’hui, on veut les confiner à la maison et les hommes dans la sphère politique. Il y a Ndatte Yalla au Walo et Yacine Boubou au Cayor qui était au coeur de l’action politique au 17e siècle en tant que défenseur de son clan pour aider son mari, son clan, pour accéder au pouvoir. Elle ne s est pas immolée comme le dit la tradition. Il ya aussi Ngone Latyr au Baol qui a eu sur le plan militaire à diriger l’armée. Ce sont des indicateurs qui montrent que les femmes n’étaient pas confinées à la sphère privée », laisse-t-elle entendre.
A l’en croire, elle pouvait avoir des charges. « Dans la légende de Ndiadiane Ndiaye, on peut voir que l’islam a une position sur l’action des femmes dans la politique. Elles ne sont pas bien citées dans ces légendes. Il ya la colonisation à la fin du 18 et fin du 19e siècle, il ya le code civil Napoléon qui a été plaqué au niveau du Sénégal. Les femmes étaient confinées aux cultures de l’arachide et les hommes aux cutures vivrières. Les hommes formés à l’école pour être des auxiliaires. Les femmes ont été toujours là dans toutes les actions. Il faut qu’elles soient bien formées pour reprendre cette place », tient-elle à préciser.
NGOYA NDIAYE