Le dernier rapport des Nations Unies sur l’insécurité alimentaire aiguë en Somalie, publié ce mardi, ne conduit pas à ce stade à une déclaration de famine en Somalie, ont annoncé des agences humanitaires des Nations Unies, relevant que cela est dû en grande partie à la réponse des agences humanitaires et des communautés locales.
L’ONU et la communauté humanitaire ont averti depuis des mois que certaines parties de la région de Bay de Somalie étaient au bord de la famine en raison de l’impact d’une sécheresse de deux ans, aggravé par la hausse des prix mondiaux des céréales et l’insécurité. « Suite aux efforts louables de réponse des acteurs humanitaires et des communautés locales, la situation d’insécurité alimentaire et de malnutrition aiguë n’a pas atteint le niveau de la famine », a salué le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA).
Cependant, les niveaux d’insécurité alimentaire aiguë à travers la Somalie restent très élevés et vont encore se détériorer si l’aide alimentaire n’est pas maintenue. Selon les conclusions de l’enquête du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), « la crise sous-jacente ne s’est toutefois pas améliorée et des résultats encore plus effroyables ne sont que temporairement évités », ont alerté les agences humanitaires de l’ONU.
La crise alimentaire pourrait s’aggraver et s’étendre
Entre octobre et décembre 2022, l’ONU estime que 5,6 millions de personnes sont toujours en situation de Crise ou pire (phase 3 ou plus de l’IPC), dont 214.000 personnes estimées en situation de Catastrophe (phase 5). Ce qui signifie qu’elles n’ont pas reçu une aide alimentaire suffisante pour éviter les déficits de consommation alimentaire.
Globalement, le rapport prolonge la période de projection à partir d’octobre 2022 et jusqu’à juin 2023. Le nombre de personnes qui seront probablement en situation de catastrophe (phase 5) devrait passer à 322.000 en janvier-mars et à 727.000 en avril-juin, dans un contexte de réduction prévue du financement de l’aide humanitaire.
La menace de famine pèse désormais l’an prochain parmi les populations agropastorales des districts de Baidoa et Burhakaba et les populations déplacées dans la ville de Baidoa, dans la région de Bay, et à Mogadiscio. Ces groupes de population connaissent déjà des niveaux très élevés de malnutrition aiguë et de mortalité, ajoute le rapport. Plus largement, la crise alimentaire en Somalie pourrait encore « s’aggraver et s’étendre ». Si l’aide alimentaire humanitaire n’est pas renforcée et maintenue, l’insécurité alimentaire aiguë et les niveaux de malnutrition devraient aussi se détériorer encore plus rapidement entre avril et juin 2023.
Plus de 8 millions de Somaliens en situation de crise ou pire l’an prochain
« Environ 8,3 millions de personnes devraient être confrontées à une situation de crise ou pire durant cette période », a déclaré lors d’un point de presse régulier de l’ONU, Jens Laerke, porte-parole d’OCHA. Quelque 2,7 millions de personnes devraient se trouver en situation d’urgence (phase 4) d’avril à juin prochain. « Cette phase se caractérise par des pénuries alimentaires majeures, une malnutrition aiguë très élevée et une surmortalité. », a précisé M. Laerke, relevant que déjà, « la perte généralisée des récoltes, la mort du bétail et la perspective d’une famine pure et simple ont forcé des centaines de milliers de personnes à fuir leur foyer à la recherche d’aide ».
D’une manière générale, trois facteurs principaux sont à l’origine de ces prévisions alarmantes. Il s’agit notamment de l’absence de cinq pluies consécutives, la dernière saison des pluies n’ayant fourni que la moitié de la moyenne dans de nombreux endroits.
Nécessité d’une augmentation urgente de l’aide humanitaire
OCHA pointe du doigt aussi une faible production céréalière nationale et une baisse des importations en raison de l’augmentation des prix alimentaires mondiaux. Les prix des aliments de base sont donc hors de portée des ménages pauvres.
Enfin, le conflit armé et l’insécurité persistent, notamment dans le centre et le sud de la Somalie, ce qui entraîne de nouveaux déplacements de population, perturbe l’accès aux marchés et restreint l’accès à l’aide humanitaire.
Pour évacuer le spectre de la famine, les agences notent qu’une augmentation urgente de l’aide humanitaire est nécessaire au moins jusqu’en juin 2023, et probablement jusqu’à la fin 2023, pour prévenir la famine dans ce pays de la Corne de l’Afrique.
A noter que la mise à jour du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) et des analyses des risques de famine a été réalisée en novembre 2022 par 47 experts techniques, représentant 22 institutions (gouvernement, ONU, ONG et IPC-GSU – Unité de soutien mondial de la classification de la phase de sécurité alimentaire intégrée).