Les récents combats entre l’armée soudanaise et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) à El Fasher, dans l’État du Darfour Nord, ont fait au moins « 27 morts, 130 blessés et provoqué le déplacement de centaines » de personnes, a indiqué le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), s’alarmant de l’intensification des combats.
Selon les rapports des médias, des affrontements entre les Forces armées soudanaises (SAF) et les forces des mouvements armés contre les Forces de soutien rapide (RSF), qui ont commencé vendredi, se sont poursuivis dimanche, avec des avions bombardant l’est et le nord de la ville (ouest) et des échanges de tirs d’artillerie. « Les affrontements se sont étendus au centre de la ville, aux abords du marché principal et aux quartiers, faisant des morts et des blessés parmi les civils », a détaillé dans son dernier rapport de situation, l’OCHA.
« D’innombrables vies sont en jeu »
Dans la nuit de samedi à dimanche, la Coordinatrice humanitaire de l’ONU pour le Soudan, Clementine Nkweta-Salami, avait fait état de tirs à « l’arme lourde » à El Fasher.
D’une manière générale, l’ONU estime que le Soudan est à un point de basculement. Selon le chef d’OCHA, « les flammes de la guerre au Soudan menacent d’engloutir El Fasher ». « Les rapports faisant état d’une intensification des affrontements dans la ville sont très alarmants », a affirmé sur le réseau social X, Martin Griffiths, rappelant qu’El Fasher compte 800.000 habitants, donc « d’innombrables vies sont en jeu ». « Nous avons expliqué à toutes les parties comment elles devaient protéger les civils de ce carnage. Nous pouvons maintenant attendre d’elles qu’elles fassent ce que le monde et le droit humanitaire international attendent d’elles », a-t-il écrit.
Une bombe met l’hôpital pédiatrique hors service
Cette alerte d’OCHA intervient alors qu’une bombe a mis hors service l’hôpital pédiatrique d’El Fasher, l’un des rares spécialisés dans le traitement des enfants malades. Deux enfants et au moins un soignant ont été tués. « Une attaque près d’un hôpital pédiatrique soutenu par MSF a endommagé le toit de l’unité de soins intensifs, tuant deux enfants. Les fournitures médicales s’épuisent dangereusement à l’hôpital du Sud », a dénoncé Martin Griffiths sur X.
A la suite de ces récents combats, un important déplacement de population a été signalé de l’est et du nord-ouest de la ville d’El Fasher vers des zones situées au sud de la ville. L’ONU estime que 850 personnes (170 familles) ont été déplacées vers divers endroits de la localité en raison des affrontements. Selon l’Agence de l’ONU pour les migrations (OIM), environ 570.000 personnes ont été déplacées dans l’État du Darfour Nord depuis la mi-avril 2023.
Les combats ont entravé l’acheminement de l’aide
Par ailleurs, des mois d’escalade de la violence autour de la ville ont entravé l’acheminement durable de l’aide et des produits de base, « poussant la population au bord de la famine ». L’accès humanitaire à El Fasher a été sévèrement limité suite à l’interruption de la route d’approvisionnement de Kosti depuis la mi-décembre 2023.
Jusqu’à présent, en 2024, seuls une quarantaine de camions ont atteint El Fasher via la ligne de démarcation et la frontière grâce aux mouvements coordonnés par l’OCHA. Ces camions ont transporté des fournitures sanitaires, nutritionnelles et alimentaires pour environ 185.000 personnes. Même avant ces derniers développements, plus d’une année de conflit et d’obstacles persistants à l’acheminement de l’aide et d’autres produits de base ont exacerbé la crise humanitaire au Darfour, où vivent 9 millions de personnes dans le besoin. « La population du Darfour a besoin de plus de nourriture, pas de plus de combats. Les parties doivent respecter leur obligation d’assurer la sécurité des civils et de procéder immédiatement à une désescalade », a fait valoir Martin Griffiths.
Le Soudan est, depuis avril 2023, en proie à une guerre entre l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les paramilitaires du général Mohamed Hamdane Daglo.