Un bébé, en arrêt respiratoire, aurait été mis dans un carton pendant deux heures de temps, après avoir été déclaré mort et envoyé à la morgue. Ce sont les agents de la morgue qui ont constaté que le bébé était bien en vie, malgré le certificat de décès. « Revenu à la vie », l’enfant est finalement décédé dans la soirée du week-end.
Un scandale secoue l’hôpital El Hadji Ibrahima Niasse de Kaolack. Alassane Diallo, père du bébé Souleymane Diallo, a vécu une histoire rocambolesque à l’hôpital Ibrahima Niasse de Kaolack. Il a retrouvé son fils, vivant, dans un carton déposé à la morgue, alors que l’enfant avait été déclaré mort plus tôt. Pis, l’enfant finira par rendre l’âme, malgré une seconde hospitalisation.
« J’avais amené mon fils malade à l’hôpital. Et ce matin, je suis venu pour m’enquérir de son état de santé. Mais le médecin m’a dit qu’il était fatigué, et avait des douleurs à la tête. Après un moment, je suis revenu, l’infirmière m’a demandé et je lui ai expliqué ce que m’avait dit le médecin. Mais à ma grande surprise, elle m’annonça la mort de l’enfant avant de me remettre un certificat de décès. Une fois à la morgue, le corps qui n’y était plus est ramené par un autre dans un carton. Mon ami a touché le cou du bébé et il s’est mis à crier. C’est grave. On allait enterrer mon fils vivant. C’est déplorable », a révélé Alassane Diallo.
Ecœuré par cette situation, il déclare que ce n’est pas nouveau dans les hôpitaux et que les autorités compétentes et les médecins doivent faire preuve de beaucoup de respect à l’endroit des patients. « Ce n’est pas la première fois. Les patients ne sont pas traités comme il le faut. Alors au ministre de réagir avant qu’il ne soit trop tard », dit-il. La famille Diallo a déjà porté l’affaire devant la justice pour qu’elle soit tirée au clair. « J’ai porté plainte au niveau de la police avant de saisir les journalistes pour en informer l’opinion nationale, parce que je n’y comprends rien », a déclaré le papa.
LA VERSION DE L’HÔPITAL
Après la plainte du père, l’hôpital El Hadj Ibrahima Niass de Kaolack a réagi. Dans une déclaration de presse faite, ce samedi, le président de la Commission médicale d’établissement (CME) a regretté ce qu’il a qualifié d’«incident». Par la voix du Dr Kalidou Ly, président de la Commission médicale d’établissement (CME), l’hôpital a donné sa version des faits : « Il y a eu un incident dans cet hôpital particulièrement dans un service qu’est la pédiatrie, qui est le plus grand service de cet hôpital. Le 1er mai, (l’hôpital) a reçu une référence venant de Guinguinéo. Il s’agit d’un nouveau-né, présentant un ictère néonatal avec des signes de gravité, des troubles neurologiques et respiratoires, qui a été naturellement admis sans aucun problème». Il a été mis sur table de réanimation. Au 5e jour, il commençait à présenter des arrêts cardiorespiratoires et a bénéficié de deux réanimations suite à ces faits. Malheureusement, entre la dernière réanimation et l’évènement qui s’est produit, parce que le pédiatre était appelé pour une autre urgence, le bébé a présenté un troisième arrêt respiratoire », a raconté le porte-parole de la communauté médicale de Kaolack.
Il ajoute: « L’aide infirmière, qui était la seconde du chef de garde, a pensé qu’il était décédé. Elle n’a pas demandé l’avis ni de la sage-femme, qui était chef de garde, ni du médecin, qui était occupé chez un autre patient. Elle a tout simplement rédigé l’attestation de décès et a envoyé le bébé à la morgue. Avec leur vigilance, les agents de la morgue ont constaté qu’il n’était pas encore décédé, parce qu’entre-temps, l’activité cardiorespiratoire avait repris ».
DEMANDE D’EXPLICATION SERVIE A L’AIDE-INFIRMIERE !
Le médecin a, tout de même, tenu à préciser que le bébé n’a jamais été mis dans les tiroirs, il a été renvoyé au niveau de la pédiatrie, même s’il regrette son décès survenu plus tard.
«Les autorités, qui doivent être saisies l’ont été, chacune tirera les circonstances de ce qui s’est produit. Il ne s’agit nullement d’un manque de places, d’une impossibilité de prise en charge, encore moins d’une absence d’un personnel qualifié. Dans les conditions où nous sommes actuellement, cet hôpital est capable de prendre en charge ces genres de pathologies. Il y a eu un comportement isolé que nous déplorons nous-même parce que c’est regrettable, mais l’autorité prendra toutes les mesures qu’il sied en pareille circonstance », termine le Dr. Kalidou Ly. Le médecin a, tout de même, tenu à préciser que le bébé n’a jamais été mis dans les tiroirs, il a été renvoyé au niveau de la pédiatrie. « Malheureusement, le soir même, le bébé est décédé », regrette-t-il, dans sa déclaration. Sur la suite à donner à cette affaire, le président de la commission médicale d’établissement de l’hôpital régional El Hadj Ibrahima Niass a confié que l’administration a demandé un rapport circonstancié des faits et une demande d’explication a d’ailleurs été servie à l’aide-infirmière.
Le Parquet ouvre une enquête
L’affaire du bébé décédé à l’hôpital El Hadji Ibrahima Niasse de Kaolack atterrit à la justice. Le Procureur de Kaolack a ouvert une enquête pour situer les responsabilités. Le parquet informe que les investigations confiées au Commissariat central de Kaolack, se poursuivent aux fins de détermination des conditions dans lesquelles l’enfant a été déclaré mort par erreur. Selon un communiqué du parquet, la descente du Commissaire de Police sur les lieux (Hôpital régional de Kaolack), permettait de relever la réalité de l’information et le constat de réadmission de l’enfant aux soins. Durant la nuit, l’enfant, souffrant d’une pathologie assez grave, succombait des suites de sa maladie l’ayant exposé à des détresses respiratoires aiguës, informe le document.