Beaucoup de Sénégalais ont été surpris de voir la rencontre de la coalition Benno Bokk Yaakar pour désigner son candidat à la présidentielle de 2024, en direct sur la chaîne nationale. Au nom de quoi et de quel principe ? L’organisme public sénégalais de diffusion radiophonique et audiovisuelle créé le 20 août 1960 à la suite de l’éclatement de la Fédération du Mali continue de défrayer la chronique. La dernière en date coïncide avec l’intronisation ce week-end d’Amadou Ba comme candidat de BBY à l’élection présidentielle de février 2024. Cette ‘’cérémonie de désignation’’ a été retransmise en direct par la RTS, ce qui n’a pas manqué de frustrer plus d’un citoyen.
La Rts devra alors s’engager à le faire pour toutes les cérémonies d’investiture des candidats à la présidentielle. Les Sénégalais ont assisté à une campagne électorale avant l’heure. Ils ont été obligés de suivre et connaître le candidat de la mouvance Présidentielle.
Historiquement, la couverture des événements d’intérêt national a toujours suscité des débats au Sénégal et principalement la RTS est souvent indexée à tort ou à raison. L’on se rappelle récemment du communiqué de six chaînes privées, le 20 février 2022, dénonçant ce qu’elles appelaient une « dictature audiovisuelle » et « accaparement de la couverture » par la RTS. Ces télés rappelaient à la RTS que lorsqu’il s’agit d’un grand évènement au Sénégal, la Radiotélévision sénégalaise (RTS) ne devrait pas être obnubilée par une logique d’accaparement illimitée. Si on remonte encore dans l’histoire, on peut parler de la couverture du procès Khalifa Sall en 2018 où ses proches soulignaient « une couverture impartiale » de la RTS et avaient d’ailleurs adressé une lettre aux présidents du CORED et du CNRA pour tirer la sonnette d’alarme. Les ‘’khalifistes’’ trouvaient être d’une « extrême gravité » les propos du Directeur général de la RTS, Racine Talla, tenus lors d’une émission diffusée le 16 novembre de la même année sur TV5. Encore, on a vu en pleine campagne électorale et plus précisément avec Ousmane Sonko à Tivaouane, ce dernier retirait publiquement le micro de la RTS, un fait qui n’était pas passé inaperçu et avait même alimenté les débats. La liste des reproches faites à la RTS est loin d’être exhaustive mais retenons simplement que mis à part sa fonction de service publique tantôt chahutée, la chaîne nationale a connu ce week-end des moments spécifiques où de nombreuses sorties médiatiques ont lui été adressées au moment de la désignation du candidat de la mouvance présidentielle pour la prochaine présidentielle. C’est tout le sens du Tweet de Mary Teuw Niane, le candidat déclaré à l’élection présidentielle et président du Mouvement pour la transformation nationale (MTN) posté hier où on pouvait lire clairement : la RTS transmet en direct la réunion des leaders de BBY. Quelle honte pour notre démocratie ! Quel assujettissement des moyens médiatiques de l’Etat au service exclusif du pouvoir ! ». Il y a également Dr Abdourahmane Diouf, le leader de AWALE qui s’était indigné de la couverture médiatique par la RTS de la désignation du premier ministre Amadou Ba. Ainsi, le rufisquois, abordant dans le même sens que l’ancien Recteur de l’UCAD dira : « La couverture par la RTS de la désignation du candidat de Benno est une honte nationale. Pour ceux qui en doutaient encore, la continuité est en marche.
Au moins, nous sommes avertis », a publié Abdourahmane Diouf sur le réseau social X, candidat déclaré également. L’ancien capitaine de la Gendarmerie nationale à la Section de recherche, Seydina Oumar Touré a aussi réagi en enfonçant le clou. Il trouve inadmissible un signal de la RTS qui couvre une
désignation de candidat d’un parti politique : « La RTS1, télévision nationale du Sénégal, un service public, qui diffuse en direct une conférence pour la désignation d’un candidat d’un parti politique. Inadmissible à mon avis », admet-il sur les réseaux sociaux. Ces assauts multiples manifestés à l’encontre de la chaîne nationale du Sénégal ne semblent en rien enlever pour autant sa distinction bien que lointaine à la suite de la brillante couverture de l’édition 2022 du Concours général. A l’époque, le ministère de l’éducation nationale avait honoré la RTS et un trophée a été remis au Directeur général Racine Talla pour le travail abattu par le groupe en faveur de l’éducation.
Pendant ce temps, le F24, plateforme regroupant des forces de la société civile et de l’opposition, a vu sa manifestation pacifique prévue le vendredi 8 septembre à la place de la Nation interdite par le préfet. La démocratie y a pris un sacré coup. Les activités officielles du président de la République n’ont rien à voir avec celles partisanes.
Par ailleurs c’est ce samedi 09 septembre 2023 que le président de la coalition au pouvoir et par ailleurs chef de l’APR, Macky Sall, devrait donner le nom du candidat qui va représenter Benno Bokk Yakaar à la Présidentielle de 2024. Plus de deux mois après avoir annoncé officiellement qu’il ne va pas briguer un troisième mandat, Macky Sall a eu beaucoup de mal à faire un choix parmi les candidats à la candidature au sein de son parti. En effet, l’annonce de son choix a été reportée à plusieurs reprises avant la date.