Plusieurs années et des centaines d’heures d’observations avec plusieurs instruments différents ont été nécessaires aux astronomes pour le confirmer. Une structure massive se cache dans le milieu interstellaire qui remplit la Voie lactée. Un disque épais de gaz moléculaire « noir » situé en bordure de notre Galaxie.
Des astronomes de l’université de Harvard (États-Unis) ont établi une carte du halo externe de notre Voie lactée. L’occasion pour eux de déduire la présence de matière noire, cette substance invisible censée constituer une grande part de la masse de notre Univers. Leur simulation montre deux zones de forte densité, en bleu clair. La structure plus petite qui apparait sur la carte correspond au sillage laissé par le passage dans la région du Grand nuage de Magellan, une galaxie satellite de la nôtre.
C’est une histoire comme on les aime. De celles que l’on peut raconter au coin du feu. Non, pas de celles qui font peur aux enfants. Mais de celles qui les émerveillent et peut-être, un jour, les amènent à la science. Cette histoire, c’est celle de ces chercheurs qui, grâce au Green Bank Telescope (GBT) et avec un petit coup de pouce du destin, viennent de découvrir, cachée aux yeux de tous, en bordure de la Voie lactée, une structure massive.
Rappelons que le milieu interstellaire est « rempli » de dihydrogène (H2). Ce gaz reste généralement invisible aux astronomes. Pour le cartographier, ils comptent sur des « traceurs », des signaux provenant d’autres molécules qui s’y mélangent, mais en moindre quantité. Parmi les traceurs classiques, le monoxyde de carbone (CO).
Mais en 2012, un astronome de l’université Johns Hopkins, aux États-Unis, a découvert, de manière inattendue, alors qu’il était engagé dans des travaux sans lien, une émission provenant de molécules OH non accompagnée d’émissions de CO. Or OH est également une molécule qui apparaît dans les nuages de H2 du milieu interstellaire. De quoi supposer qu’il puisse y avoir une partie abondante de dihydrogène non tracée par le CO. Une sorte de gaz moléculaire « CO-dark ».
Toutes les observations le confirment
C’est là que le BGT entre en scène. En 2015, il a permis à une équipe d’astronomes de montrer que OH trace effectivement remarquablement bien cette composante « CO-dark » du H2. Après de longs temps d’exposition, les chercheurs ont ainsi montré que ce gaz moléculaire se posait comme un composant majeur de la structure de la Voie lactée.