A l’heure où l’inter-coalition YAW-Wallu se bat à la Cour d’Appel de Dakar avec la Commission nationale de recensement de votes (CNRV) pour un recomptage des voix dans le nord du pays entre Podor et Matam, afin de grignoter encore 3 députés sur la liste Proportionnelle, les manœuvres semblent bien en cours pour débaucher certains de ses élus. Ces derniers devraient compléter la liste de députés devant siéger à la 14e Législature.
Les déclarations du ministre Alioune Ndoye ne sont pas à prendre à la légère. La coalition au pouvoir semble être allergique à l’idée d’une cohabitation à l’Hémicycle. Pour sûr, Macky et ses alliés vont chercher le tendon d’Achille de cette fameuse alliance pour la fragiliser.
Pour de nombreux observateurs de la scène politique sénégalaise, la liste des Suppléants de la coalition Yewwi Askan Wi serait son tendon d’Achille. Des « inconnus » brutalement placés au-devant de la scène par le biais d’une invalidation da la liste Proportionnelle. D’aucuns, d’entre ces 17 responsables de ladite coalition dont on a beaucoup de mal à mettre des visages devant les noms, sont certainement dans le viseur de le tout-puissant appareil étatique, ses privilèges, son argent, sa force contraignante.
Selon les informations, la tête de liste nationale, par défaut, sur la liste des Suppléants de Yewwi Askan Wi, Oumar Sy, responsable politique à Linguère, est catégorique quand on lui rapporte la stratégie du ministre Abdoulaye Sow. « C’est du grand n’importe quoi d’entrevoir l’idée de nous débaucher. Je ne veux même pas entrer dans ce débat. Les Sénégalais ne leur ont pas donné la majorité, ils n’ont qu’à se contenter de ce qu’ils ont. Pour une coalition qui avait plus de 100 députés (125 exactement, ndlr), lors des élections de 2017 et qui se retrouve aujourd’hui à disputer des sièges avec l’opposition, c’est déjà leur première défaite« , lance M. Sy.
Relancé sur la question de savoir si au niveau de Yewwi, ils maitrisent les intentions de tous les 17 suppléants qui vont siéger prochainement à l’Hémicycle, au cas où ils seront tentés par les gens du pouvoir, Oumar Sy, rétorque: « encore une fois, c’est du grand n’importe quoi. Cela prouve qu’ils sont dans le désarroi. C’est tout« .
Opération « Wallu » Karim Wade ?
Il n’y a pas que les 17 suppléants de Yewwi Askan Wi à surveiller de près. Il y a également les députés de la coalition Wallu Sénégal dominée par le Parti démocratique sénégalais de Me Abdoulaye Wade. Ce dernier, qui lutte depuis près de 8 ans pour la libération et le retour de son fils, Karim, au Sénégal pourrait négocier l’amnistie de ce dernier contre, par exemple une défection des élus de Wallu dans le probable Groupe parlementaire de l’opposition. Cela porterait un coup fatal à Yewwi Askan Wi, qui se retrouverait alors avec seulement 56 députés (Cf résultats provisoires de notre statisticien). Même si cela semble improbable pour le moment.
Les potentiels 3 arbitres et leurs relations heurtées avec Sonko
Si les résultats provisoires que va annoncer la Commission nationale de recensement des votes ce jeudi sont conformes à nos prévisions, il y aura 82 députés pour BBY et 80 pour l’inter-coalition YAW-Wallu. Il restera alors trois (3) très importants sièges qui auront la lourde responsabilité de faire basculer l’une ou l’autre coalition dans une Majorité absolue. Là réside le plus grand dilemme pour les uns et pour les autres.
En effet, lors de la campagne électorale, Ousmane Sonko, qui faisait une tournée avec les leaders de YAW à travers tous les départements du pays, a lancé ne grosse polémique en accusant les autres coalitions d’avoir été créés par Macky Sall. AAR Sénégal avait sorti un communiqué des plus virulent pour répondre en ces termes: « Ousmane Sonko ment et il sait qu’il ment ».
Pape Diop de Bokk Gis Gis également avait répliqué au leader de Pastef. De même que Pape Djibril Fall, tête de liste de la coalition « Les Serviteurs ». Alors la question, c’est: est-ce que ces trois coalitions qui vont certainement gagner chacune un siège, vont mettre de côté leur différend avec Sonko et continuer leur opposition au régime ? Ou, vont-ils utiliser ce différend contre l’inter-coalition ? Les prochains jours nous édifieront.
Sans avoir un nombre suffisant de députés pour constituer un Groupe parlementaire, ces trois coalitions pourraient avoir un rôle déterminant d’arbitre dans les votes des projets de loi au sein de l’Assemblée nationale.
Source: PressAfrik