La guerre n’est pas seulement en Ukraine. Elle est aussi dans nos foyers où les conjoints n’ont d’autres choix, le plus souvent, que de divorcer. La preuve, en 2021, 1500 divorces ont été enregistrés dont plus de mille par contentieux et la reste par consentement mutuel.
A ces chiffres qui font froid au dos, il faut y ajouter les répudiations qui, même si elles ne sont pas reconnues par le droit moderne, sont tout aussi nombreuses. Certaines femmes sont simplement répudiées, une démarche reconnue par l’Islam et largement en vogue.
Comme quoi, les conjoints n’arrivent pas à vivre en paix. Malgré la liberté de s’aimer et d’entretenir des relations en choisissant son compagnon, les divorces sont légion.
On pointe du doigt l’incompatibilité d’humeur qui serait la cause principale évoquée. Ce que l’on oublie de dire, c’est que l’incompatibilité d’humeur est un fourre-tout. Voilà un motif que le législateur a prévu juste pour permettre aux époux de ne pas invoquer les vrais motifs. Car, le plus souvent, les vrais motifs, ceux qui relèvent de l’intimité par exemple, ne sont pas révélés. C’est pourquoi d’ailleurs, on échoue, depuis des années, à réfléchir sur les vraies causes des divorces au Sénégal même si l’on parle de défaut d’entretien ou d’erreur sur la personne, entre autres motifs.
Ce qui se passe, c’est que trop de liberté tue la liberté. Quand en effet, les jeunes couples étaient choisis par les parents et autres tuteurs et que l’on se mariait par devoir, il y avait moins de divorces.
Mais, aujourd’hui, comme les conjoints jouissent de la liberté totale de s’unir, ils ont aussi cette même possibilité de se séparer. Et ils n’hésitent pas à jouir de cette liberté. D’où la facilité avec laquelle les divorces sont enregistrés. C’est dire que l’homme et la femme ont atteint un degré d’autonomie telle qu’ils sont moins prêts à subir les affres de la vie surtout si l’on pense que l’autre y est pour quelque chose. D’ailleurs, on a tendance à pointer du doigt l’autre, à le rendre responsable de ses déboires. Et comme la tendance est à prendre un appartement, les couples, souverains, ne bénéficient plus de l’assistance des plus expérimentés dans les cercles familiaux ou amicaux.
En clair, ils sont victimes de la liberté dont chacun des conjoints est jaloux.
A cela s’ajoute le fait que l’amour qui est un sentiment éphémère et changeant ne saurait être un garant sérieux. Si les secousses de la vie sont importantes, le ressentiment et parfois la haine prennent le dessus si ce n’est pas la méfiance de l’un envers l’autre.
C’est pourquoi, face à la désagrégation de la cellule familiale, à l’affaiblissement de l’emprise des parents sur leurs enfants et au désir de liberté, les conjoints restent arc-boutés sur l’amour et la liberté qui feront leur perte.
Car, ni l’un ni l’autre ne permettent une stabilité dans les relations.
Du coup, il fallait imaginer des mécanismes de préparation à la vie à deux. Ce que ni l’école ni les familles ne font. Du coup, les jeunes forment des couples sans vraiment y être préparés. On se marie tout en pensant entrer dans une association où tous ses problèmes seront pris en charge. Or, c’est loin d’être l’Eldorado. Et personne ne se soucie à leur assurer un minimum de préparation à ce qui les attend.
Et on s’étonne des échecs…
Assane SAMB