Au Congo, les candidats ont deux semaines pour rallier les 2,5 millions d’électeurs de ce pays de cinq millions d’habitants à leur cause. Le principal défi sera le taux de participation. Pour cause, dans un pays en proie à la crise économique consécutive à la chute des cours de l’or noir – sa principale source de revenus – et à la pandémie de coronavirus, l’adhésion des électeurs est loin d’être acquis.
La priorité pour les jeunes, la frange la plus importante de la population congolaise, reste la recherche d’emploi. « C’est ça que nous implorons tous l’emploi, l’emploi. La majorité des jeunes congolais n’ont pas d’emplois », déclare Fred Samba, jeune chauffeur congolais. Selon Georges Nguila, politologue et écrivain basé à Pointe-Noire, « avec la crise, le syndicat patronal Uni-Congo a licencié près de 35 000 personnes, donc cela peut avoir un impact sur la participation à l’élection ». Malgré la période de vache maigre, certaines Congolais n’oublient la nécessité l’importance de la présidentielle. « C’est un droit civique. Tout le monde doit voter. Si tu as peur, c’est que tu ne vas pas soutenir ton candidat », soutient Armel Ondzé, un habitant de Pointe-Noire, en chômage.
Sept candidats sont en lice, parmi lesquels le sortant Denis Sassou Nguesso, 77 ans, dont 36 ans au pouvoir. Arrivé à la tête de son pays en 1979 à l’époque du parti unique, le natif de la Cuvette devait rendre son tablier en 1992 à l’issue des premières élections démocratiques remportées par le défunt président Pascal Lissouba. Il a toutefois retrouvé son fauteuil en octobre 1997, après la victoire de sa milice contre le président en place.
Depuis, Denis Sassou Nguesso a remporté les élections de 2002, 2009 et 2016. Cette année, il affrontera une nouvelle fois certains de ses anciens collaborateurs. Le premier, Mathias Ndzon, a été son ministre des Finances avant de prendre ses distances.
Le second, Guy Brice Parfait Kolélas, a été ministre de la Pêche et de la Fonction publique avant de basculer dans l’opposition. En 2016, il avait occupé la deuxième place à l’issue de la présidentielle. Le président de l’Union des Démocrates Humanistes défiera une nouvelle fois son ex-patron. Denis Sassou Nguesso fera aussi face à Albert Oniangué, 66 ans, son ancien aide de camp de 1979 à 1992.Il y a aussi les habitués de la compétition : Joseph Kignoumbi Kia-Mboungou et Antoine Nganguia Engambé.
Alors que démarre la campagne électorale, les autorités congolaises ont interdit un rassemblement de la Fédération de l’opposition congolaise prévu samedi à Brazzaville.
Les organisateurs du rassemblement, qui dénoncent déjà un hold-up électoral, devraient appeler à l’organisation d’un dialogue national et à la libération de Jean-Marie Michel Mokoko et d’André Okombi Salissa, deux candidats à la présidentielle de 2016 condamnés, en 2018, à 20 ans de prison pour « atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat » pour le premier, et « atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat et détention illégale d’armes et munition de guerre » pour le second, en 2019. Pour Joe Washington Ebina, « leur maintien en détention ne donne pas de crédibilité à une élection présidentielle. » Et d’ajouter, « ces Congolais ont exprimé des opinions et ont été injustement condamnés.’’