Avec lui, les mots se vêtent d’élégance et parlent beau. Pas d’une cosmétique bas de gamme mais de la haute beauté langagière. L’invité de votre page people enrobe sa parole de beauté comme il cisèle les tissus qui, dans son style, confondent classe et fashion. Moussa Dia, depuis sa banlieue, a fait du parcours pour greffer Versailles à son nom et son image s’en habille avec classe. Loin de l’épiphénomène éphéméride, Moussa Versailles est un phénomène qui défie le temps par sa constance dans la performance dans un domaine où la mesure fait loi et foi. Mieux, pas chauvin pour un sou, le Sénégalais qui fait travailler les Yankees, mais qui se glorifie de l’apport de ses compatriotes dans sa réussite, entend faire du partage de compétence une marque de fabrique. Lisez-le, il habille les mots sans maux…
COMMENT VOUS PRESENTERIEZ VOUS A NOS LECTEURS ?
Je m’appelle Moussa Dia, plus connu sous le nom de Moussa Versailles. Issu de la banlieue, plus précisément de Thiaroye-sur-mer, j’ai fait mes études à Dakar avant de me rendre aux Etats-Unis où l’aventure Versailles a commencé.
UN PETIT RESUME DE VOTRE PARCOURS ?
Je dirais que mon parcours est très lié à mon destin. L’idée c’était de me rendre aux Etats-Unis pour y poursuivre mes études en droit. J’ai fait toutes sortes de jobs, j’ai travaillé dans pas mal de boutiques. Dans l’une d’elles, tous les articles se vendaient à 1 dollar, j’y faisais office d’agent de sécurité et par moments, je distribuais aussi des flyers aux passants dans la rue, entre autres. Au fil du temps, j’ai commencé à gravir les échelons, je ne travaillais plus devant la boutique mais à l’intérieur. Finalement, on m’y a nommé manager, le patron étant très satisfait de moi. Après cet épisode, je me suis rendu au Village (endroit très fashion aux Etats-Unis, nous explique-t-il) voir un ami, son patron m’a vu et mon profil l’a intéressé. J’avoue que ça m’a beaucoup intrigué. Et c’est de là que tout est parti. Mais sinon Versailles existait déjà. Après discussion, je lui ai fait comprendre que j’avais déjà un travail, mais vu la proposition alléchante qu’il m’a faite, je ne pouvais qu’accepter. Je suis passé d’agent de sécurité à vendeur, j’étais celui qui vendait le plus d’articles par jour. Finalement, je me suis intéressé à la mode et naturellement, je suis allé l’étudier. Après, je lui ai racheté la compagnie que j’ai élargie aux Etats-Unis avant de venir en créer au Sénégal.
QU’EST-CE QUI VOUS PLAIT PLUS DANS CE METIER ?
Les rencontres je dirais ! Le fait de rencontrer des gens du monde entier, de différentes ethnies, des gens de toutes les races en gros. D’ailleurs, c’est un milieu où tu rencontres toutes sortes de personnes ‘’ Nite bou nek dinga ko rencontrer thi milieu bi’’ et pour moi, c’est une façon de communiquer avec.
QUID DE VOS INSPIRATIONS ?
Tout m’inspire ! Que ce soit le coucher du soleil, un animal, les couleurs. Tout vient naturellement ce n’est pas quelque chose que l’on définit, des passants. Mon inspiration vient de tout et de rien.
QU’EST-CE QUI FAIT LA PARTICULARITE DE MOUSSA VERSAILLES ?
Il n’y a pas de grande différence entre les autres et moi, d’autant plus que nous sommes tous sénégalais. Nous faisons de la mode, nous entreprenons. Pour ma part, je dirais que c’est un peu le style que j’ai adopté qui diffère de celui des autres. Vous savez, la mode est très large, il y a toutes sortes de styles : les tenues traditionnelles, la haute couture, la couture moderne… etc. Et moi, je me suis engagé à faire des tenues, des créations plus modernes et c’est ça la signature de Moussa Versailles. Chacun a sa propre touche par rapport à ce qu’il fait. La mode est très large…
VOUS ETES FIER DE VOTRE PARCOURS ?
Alhamdoulilah (s’exclame-t-il) ! Je remercie Dieu, car Il a été d’une grande aide. Je me débrouille, je fais de mon mieux, j’emploie des gens et ces derniers assurent chaque jour le minimum vital chez eux. Et c’est d’ailleurs ce qui est le plus important pour moi, non le fait d’avoir le nom. Je rends grâce à Dieu !
COMMENT ETES-VOUS PARVENU A FAIRE PORTER VOS CREATIONS A DE GRANDES STARS DE LA MUSIQUE, DONT BEYONCE, JAY-Z, ENTRE AUTRES… ???
Rire ! Je mets tout sur le compte de Dieu. Ils ont vu le travail que j’ai fait aux Etats-Unis. Déjà, il faut savoir que Versailles existait déjà avant que je ne prenne les rênes. Versailles était déjà connu et moi je n’ai fait que l’agrandir. Il y a 25 ans, quand Beyoncé était avec les Destiny’s Child, elle venait encore chez Versailles. L’emplacement de la boutique se trouvait dans un milieu très « fashion », tous les stylistes y allaient pour se procurer des chaussures. Ils venaient et c’est ainsi qu’ils ont commencé à adopter le Versailles qui est très stylé, différent des autres. Et depuis lors, c’est une grande histoire d’amour entre nous (faisant allusion aux grandes stars de la musique, les femmes des basketteurs…). Ils apprécient bien notre travail.
LE SECRET DE VOTRE REUSSITE ?
Ce n’est pas ma personne, mais plutôt Dieu, c’est Lui qui donne et je crois que c’est lui qui a voulu que j’arrive à ce stade. Sinon il y a toute une équipe derrière, elle est très sérieuse, compétente, dynamique. Aux Etats-Unis par exemple, j’ai des Sénégalais qui me soutiennent beaucoup, ils sont très bien dans ce qu’ils font. J’emploie aussi des Américains, mais c’est surtout les Sénégalais qui m’entourent. Versailles ce n’est pas juste Moussa, il y a toute une équipe derrière.
COMMENT SE PORTE LE STYLISME AU SENEGAL, SURTOUT AVEC L’EMERGENCE DE JEUNES NOUVEAUX TALENTS ?
Le stylisme se porte très bien ici. Le Sénégal est pétri de talent. Et le constat c’est que dans tous les quartiers où vous allez, il y a des tailleurs dans quasiment chaque ruelle et ces derniers, en plus de créer de belles choses, créent en même temps des emplois et c’est à saluer. Ici, nous avons de grands noms de la mode : Adama Paris, Modou Gueye Héritage, entre autres et ils font un excellent travail, ils révolutionnent le monde de la mode. Vous savez, le Sénégal est connu pour son côté très fashion. J’en suis la preuve vivante, je voyage partout, que ce soit aux Etats-Unis, en Afrique pour le stylisme ou la mode. Donc oui le stylisme ici se porte très bien et il se porterait encore mieux si le gouvernement pouvait nous accompagner.
COMMENT LE STYLISME PEUT-IL BOOSTER LE DEVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE ?
Sans la culture, il n’y a point de développement, la culture est très large c’est vrai, mais la mode englobe beaucoup de jeunes qui travaillent. C’est des milliers de jeunes qui travaillent dans les quartiers, les boutiques, juste pour vous dire que des milliers de gens travaillent dans ce milieu. Donc ce serait bien si l’Etat pouvait leur faciliter un peu les choses. Il y en a qui ont beaucoup de talent, mais les moyens ne suivent pas et c’est là que justement l’Etat peut intervenir en mettant à leur disposition des fonds qu’ils pourront utiliser et rembourser pourquoi pas plus tard. Ce serait bien qu’on sente davantage l’implication du gouvernement.
AVEZ-VOUS DEJA SONGE A ACCOMPAGNER DE JEUNES TALENTS ?
Oui bien évidemment. Pour ouvrir Versailles Dakar, il fallait former quelques jeunes. Ils sont très bons maintenant et font un excellent travail. Sinon j’y pense oui, et j’aimerai avoir une structure de formation pour transmettre pas mal de choses en ce qui concerne la mode.
LE SENEGALAIS S’HABILLE-T-IL BIEN ?
Le Sénégal est connu pour ça. Partout on dit de nous que nous sommes élégants, élancés en général. Et ça ne date pas d’aujourd’hui cet attribut, les Saint-Louisiennes par exemple, elles sont réputées pour être très élégantes, très coquettes. Nos artistes aussi s’habillent bien, il y a Viviane, par exemple, qui est toujours Fashion…
DES PROJETS EN VUE ?
Of course ! Oui j’en ai pleins et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle je suis venu au Sénégal. J’avais la possibilité de rester aux Etats-Unis, mais j’ai eu envie de contribuer au développement de mon pays, d’apporter ma petite touche. Je tiens aussi à préciser que les gens ne devraient pas avoir peur de faire un petit tour à Versailles. Je ne suis pas venu dans l’optique de vendre trop cher, bien au contraire. Les prix sont très abordables, nous avons des tenues à 30, 40 mille, des tenues pour toutes les bourses et surtout conçues sur mesure. Sinon parmi les projets pourquoi pas implanter Versailles dans chaque région.
ANNA THIAW