Alors que les modalités du retrait américain en Afghanistan faisaient déjà l’objet de vives critiques aux États-Unis, le président Joe Biden s’enfonce un peu plus dans la crise après l’attentat meurtrier de Kaboul, un scénario catastrophe qu’il redoutait.
La fin de la mission en Afghanistan, avec la mort, jeudi 26 août, de 13 soldats américains, vire au scénario catastrophe pour Joe Biden, confronté à sa plus grave crise et comme paralysé par une situation qu’il n’avait pas vu venir.
« Journée difficile » : en se présentant jeudi devant les caméras, plusieurs heures après un double attentat-suicide à proximité de l’aéroport de Kaboul, le 46e président des États-Unis ne cache pas son émotion. Les larmes au bord des yeux, il rend hommage à ces « héros » tombés dans l’attaque la plus meurtrière pour les militaires américains depuis août 2011. Le ton martial, comme pour faire taire les accusations de faiblesse, il lance ensuite à ses auteurs : « Nous vous pourchasserons et nous vous ferons payer. »
« C’est une crise majeure qui se déroule sous sa présidence », dit à l’AFP Ian Bremmer, président de la société d’expertise Eurasia Group. « C’est un échec du renseignement, c’est un échec de la planification, c’est un échec de la communication et c’est un échec de la coordination avec les alliés », estime-t-il.
De son propre aveu, le président n’avait pas « prévu » la rapidité de l’effondrement de l’armée afghane formée, équipée et financée par Washington, et la chute de Kaboul aux mains des Taliban. Et comme ce fut le cas avec le conflit entre Israël et le mouvement palestinien Hamas en mai, son gouvernement donne l’impression d’avoir du mal à s’adapter à l’imprévu sur la scène internationale.
Les moments de flottement se sont succédé depuis la victoire des Taliban le 15 août, qui a surpris Joe Biden à Camp David, lieu de villégiature des présidents américains. D’abord mutique, le démocrate âgé de 78 ans a depuis multiplié les prises de parole, sans faire cesser les critiques.
Mardi, son intervention a été retardée d’environ cinq heures alors que le monde attendait de savoir s’il allait céder aux appels internationaux en faveur d’un report de la date butoir du 31 août pour le retrait américain – et donc pour les évacuations d’étrangers et d’Afghans menacés de représailles de la part des Taliban. Il a finalement confirmé l’échéance.
Cette pluie de critiques brouille la communication de la Maison Blanche, désireuse de se concentrer sur les avancées des gigantesques plans économiques du président – censés permettre aux États-Unis de « remporter » la compétition avec la Chine, seule vraie priorité de sa politique étrangère.
Surtout, sa popularité s’est effondrée depuis dix jours dans les sondages, alors même qu’une grande majorité des Américains, lassée par les « guerres sans fin » de l’Amérique, estiment comme lui que les États-Unis devaient quitter l’Afghanistan.