Présenté comme un mari violent, Ablaye D. n’a fait que confirmer les accusations de son ex-épouse. Lorsque cette dernière a appelé au téléphone la nouvelle conjointe du mis en cause pour la mettre en garde, Ablaye D. s’est acharné sur sa femme en lui administrant un coup de poing au visage. Poursuivi pour coups et blessures volontaires à conjoint sur une personne particulièrement vulnérable, l’agent de la Senelec risque de rester en détention pendant un an.
La lune de miel de Soda Marème S. et Ablaye D. a tourné court. Recruté par la Senelec, ce dernier fait vivre l’enfer à sa femme qui a rejoint le domicile conjugal, il y a trois mois. Le jour de leur dernière altercation, Ablaye D. a surpris son épouse en train de communiquer au téléphone avec son ex-femme. Cette dernière mettait en garde son interlocutrice par rapport au comportement agressif de son ex. C’est dans ces circonstances que Ablaye D. a demandé à sa dulcinée de se préparer pour son rendez-vous à l’hôpital. Mais, Marème Soda lui a fait savoir qu’elle n’avait plus envie d’y aller avec lui. Dépité, Ablaye a commencé à rouspéter disant que c’est son ex qui l’a calomnié. Par la suite, il a contacté cette dernière qui a envenimé la situation en le traitant de pervers narcissique et de sadique.
Atteint dans sa dignité, Ablaye s’est tourné vers sa femme pour lui déverser toute sa colère en l’injuriant. Pis, le mis en cause a confisqué le téléphone portable de sa victime, avant de lui donner un violent coup de poing au visage. Après avoir constaté qu’elle perdait beaucoup de sang, Marème Soda est partie au poste de santé de l’unité 26 des Parcelles Assainies. Mais, le médecin lui a notifié qu’elle ne pouvait pas avoir de certificat médical, parce qu’elle n’avait pas de lésion apparente. Toutefois, il lui a fait un test de grossesse qui s’est révélé positif. « Lorsque je suis rentrée, mon nez a glonfé. C’est là que je me suis rendue à l’hôpital militaire de Ouakam.
Après consultation, le médecin m’a référée à l’hôpital Fann où la blouse blanche, après m’avoir fait une radio, m’a délivré un certificat médical attestant d’une incapacité temporaire de travail de 15 jours » a expliqué la plaignante lors de son audition au commissariat des Parcelles Assainies. Interpellé le 15 avril dernier, Ablaye D. a été envoyé en prison deux jours plus tard pour coups et blessures volontaires à conjoint sur une personne particulièrement vulnérable.
« Il a fracturé mon doigt par le passé… »
À l’audience des flagrants délits de Dakar ce mercredi 26 avril, le prévenu a soutenu que c’est la partie civile qui l’a attaqué en premier. Cependant, il a indiqué qu’il ignorait la grossesse de sa femme qui s’est retrouvée avec un nez fracturé. « Je n’avais nullement l’intention de lui faire du mal », a dit le trentenaire, père de deux enfants. Marème Soda a, pour sa part, renseigné avoir subi des violences à trois reprises. « Il a fracturé mon doigt par le passé », a déploré la jeune comptable qui vit actuellement chez ses parents.
À titre de réparation, elle a réclamé 10 millions francs. Dans ses observations, la déléguée du procureur a rappelé que les coups portés par un conjoint sont particulièrement graves. « Le sursis ne peut être encouru en l’espèce ». Sur ce, la représentante du Ministère public a requis un an ferme et 100.000 francs d’amende contre le prévenu.
La défense a estimé que les problèmes de couple ne peuvent pas se régler en prison. « Une peine d’emprisonnement ferme n’est pas une solution », a affirmé l’avocat qui a pris la parole en premier. « Si vous le condamnez à une peine ferme, il va perdre son emploi. Et madame ne pourra plus obtenir la réparation de son préjudice », a ajouté Me Iba Mar Diop. Sur les intérêts civils, les deux conseils ont demandé au tribunal de minorer la somme réclamée par la partie civile. Délibéré 3 mai prochain.
KADY FATY