Le régime de Macky a trouvé chaussure à son pied en matière d’adversité politique. Depuis quelques mois, Ousmane Sonko, son parti Pastef et maintenant sa coalition Yewwi, ont su incarner une véritable opposition alternative, là où des adversaires avaient été simplement mis hors d’état de nuire.
Depuis, les deux camps se regardent en chiens de faïence. C’est la guerre ouverte. Rien n’est laissé au hasard pour salir l’image de l’autre. Les stratégies sont dé- ployées à longueur de journée pour gagner la bataille de communication et par ricochet, les batailles électorales. Le jeune opposant affronte un dinosaure machiavélique. Jusqu’ici, il tient le coup. Mais, jusqu’à quand ? Car, le constat, c’est que Pastef innove dans sa façon de s’opposer. Non pas seulement par les réseaux sociaux où une armada de personnes veillent à garder les positions de défense, mais aussi sur la gestion de la cité où des Maires viennent d’être élus sous la bannière de leur coalition. Le leader de Pastef par exemple a émis, tout récemment, l’idée de la mise en place d’une nouvelle association de Maire pour leurs élus.
L’autre démarche qui va déranger fortement le régime, c’est le forum-bis de l’eau que la Mairie de Dakar compte organiser parallèlement à celui dont l’Etat est le maître d’œuvre. Ces annonces sonnent comme des réponses à la réactivation du dossier de Adji Sarr-Sonko non pas devant les tribunaux, mais devant la presse étrangère et nationale. Comme quoi, c’est la réponse du berger à la bergère. Les deux camps multiplient également les sorties acerbes, instaurant non pas un débat constructif mais plutôt des attaques en règles contre le leader du camp adverse.
Une situation qui est sans doute une aubaine pour le jeune opposant qui incarne l’aile dure de ceux qui sont contre la politique de Macky. Il a su engranger les dividendes politiques de l’acharnement du camp du pouvoir contre sa personne grâce à une stratégie de communication qui le présente comme l’homme de la situation, malgré l’affaire de mœurs qu’il traîne. Il faut dire que le contexte a beaucoup aidé Ousmane Sonko. Macky, en faisant le vide dans les rangs de l’opposition avec les affaires Khalifa et Karim et en convaincant Idrissa Seck et bien d’autres à le rejoindre, a privé, pendant un certain temps, les citoyens hostiles à sa poli- tique d’un leader alternatif. Et Sonko qui ne cessait de gagner en galons, a été alors perçu par beaucoup, comme l’une des meilleures alternatives. Mieux, le contexte mondial de Covid-19 a plongé les pays dans des hausses de prix vertigineuses. Et le Sénégal ne fait pas exception. Les prix ont grimpé comme si nous étions dans un contexte de dévaluation. Une situation qui rappelle celle de 1994 avec la dévaluation du Franc CFA.
Du coup, entre les poursuites judiciaires impopulaires parce que les partisans de Macky sont épargnés, aux augmentations des prix, les nombreuses réalisations du Président sont vite oubliées.
Pourtant, c’est avec lui que le Sénégal a eu le pétrole et le gaz, la coupe d’Afrique, le TER, le BRT, un stade digne de ce nom, etc. Mais tout cela n’a pas vrai- ment aidé l’homme à davantage conquérir les cœurs et les récentes élections locales ont prouvé que sa politique est encore largement critiquée surtout dans les grandes villes. Qu’à cela ne tienne, Macky reste de- bout et combatif face à un Sonko d’attaque et ambitieux. Et le Sénégal va rester dans cette dynamique jusqu’en 2024.
ASSANE SAMB