Seydi Gassama a expliqué le pourquoi l’on note cette vague de départ des jeunes vers l’Espagne. Invité du Grand Oral sur Rewmi TV, il révèle que des jeunes «pastefiens», par peur d’être signalés, ont décidé de prendre le large pour éviter la prison. Il a par ailleurs dénoncé l’état «agonisant de Sonko» et invite l’Etat du Sénégal à lui accorder la liberté pour éviter le pire.
Une marche de soutien aux détenus politiques avec une forte mobilisation. Quelle retombées attendez-vous ?
C’est notre initiative et, nous avons voulu mobiliser l’opinion autour d’Aliou Sané qui s’est battu pour les libertés civiles et politiques. Il est actif dans les mouvements politiques et il faut que les gens participent. Il a été arrêté injustement, c’est une forfaiture. Macky peut décider que n’importe qui peut être en prison et les juges le suivent. C’est dommage et c’est anormal que les choses se passent ainsi. Nous sommes en démocratie et des gens lui chantent des louanges et comme des griots mais les opposants ce sont des critiques. Pourquoi refusez les critiques ? La cour de justice de la Cedeao et d’autres juridictions ont demandé aux Etats de supprimer les peines de prison pour ces genres de délits, éviter de les appliquer au pénal mais en civile. Le président Diouf avait signé le protocole de la Cour et le Sénégal refuse de suivre cela.
Les détentions sont arbitraires et il faut parler des cas de Fadillou Keita, Oustaz Assane Seck oubliés etc. Un journaliste qui se réclame ami de Macky et qui dine avec lui, mais ce dernier a écrit beaucoup de choses. Mais quand il s’agit du pouvoir ou de l’opposition, on poursuit à tout va et les agissements du parquet discrédite la justice. Le parquet est sous l’autorité de la justice avec des instructions mais aussi avec des pouvoirs qui peuvent vous envoyer en prison et c’est un problème. Il existe un lien d’autorité et c’est une bataille à mener. Le juge Teliko l’a mené et l’actuel président de l’UMS aussi avec beaucoup de force.
Au niveau du concept de détenus politiques, peut-on vous reprocher des gens qui sont des auteurs et délits de droit commun ?
Nous avons fait une annonce avec le visuel et on a dit la libération des détenus politiques avec la liberté d’opinion. On ne défend pas les casseurs ; ces gens qui doivent être poursuivis même du côté de l’Etat avec les nervis dont les gens savent qu’ils existent. Les membres des Fds qui ont fait des victimes avec la force et de manière contraire aux normes internationales.
Il existe le sentiment de Maccarthysme avec une cible des camps et décapiter les autres ?
Il y’a un mensonge d’État et des médias autour de ce qui se passe avec Pastef. D’aucuns pensent que le Pastef est un parti violent et insurrectionnel mais je comprends aussi leur positions. Mais que des médias cautionnent cela et font la propagande, c’est grave. Le Pastef est crée en 2014. Pastef a participé à une campagne présidentielle, mais jamais d’acte de violence. Sonko quand il a été en politique il a commencé par des ouvrages. Tout est là et le tournant c’est cette affaire Adji Sarr sachant que les choses étaient bidons. On crée une affaire de viol, de menaces avec une arme dans un salon mais il s’agissait d’éliminer un adversaire avec un procès fallacieux. Mais c’est ce qui a fait que ce dernier s’est radicalisé. On sait que la corruption n’a pas eu ses effets et il a refusé d’être éliminé comme Karim et Khalifa. Khalifa Sall a dit la lutte dafa diote et il est l’heure de lutter en versant des larmes. Il a appelé à la résistance. Karim Wade aussi mais le Pds ne l’a pas soutenu sauf Toussaint Manga et Victor Sadio Diouf et ses proches dont Doudou Wade. Les caciques du Pds voulaient son poste. Et pour le discours radical, on l’a vu entre 1988 et 2000. Un vice-président du Conseil constitutionnel a été tué. Si Wade été à la place de ce dernier, il aurait été rayé de la carte politique. Si c’était Macky il serait condamné à mort car à l’époque 6 policiers étaient morts. En 2012 qu’est-ce que Macky n’a pas dit sur le préfet de Diourbel et sur les magistrats. Wade est un républicain et il a cru en lui. Avec ces événements Diouf n’a jamais cherché à l’éliminer dans une compétition et il a battu avant 2000.
On sent une animosité et plus une adversité entre les deux hommes !
Pour la première fois l’adversaire politique n’est plus considéré comme un adversaire mais comme un ennemi. Dans un pays de 17 millions où chacun a des parents c’est dommage et cela nous empêche de basculer dans la violence. Senghor disait quand les gens du sud soulevaient des pancartes il leur dit je préfère le régionalisme au tribalisme car le régionalisme est ethnique. On voit des Gueye, des Sarr etc. mais nous sommes un peuple tribal et il faut que Macky évite de créer une fraction entre les peuples. Il va créer une fracture et une division qui va persister pendant très longtemps. Je ne dis pas la Casamance mais entre ce large courant de jeunes qui pensent à Sonko et pensent qu’il incarne leur avenir et le reste. C’est vrai que tous les gens ne sont pas avec lui mais il faut éviter pour des luttes de pouvoir de créer cela. Amadou Ba n’a pas besoin de cela ni de coup de pouce de Macky pour passer. Il faut que les gens le comprennent et on doit le suivre jusqu’au bout.
Après l’autorisation de la marche peut-on considérer comme un signal positif du Ministère de l’intérieur ?
Je pense qu’il peut faire la différence avec Antoine et Madior fall. Lui il a un vécu. Il a défendu des chefs d’Etat à travers le continent et je pense que le dernier remaniement porte la touche de Amadou Ba. Des personnes controversées mais des positionnements montrent sa touche et une volonté d’éviter que des personnalités sachant pas dialoguer avec la classe politique. Il devrait peser de tout son poids et il reste sous l’autorité du Pm.
Vous comptez rester sur cette dynamique pour la libération ou cela suffit ?
Nous avons activé tous les leviers au plan international dont des Ong qui travaillent sur les droits humains avec une Ong qui est basée en Irlande aussi se charge du dossier avec une affaire pour laquelle le Sénégal va s’expliquer devant les Nations unies sur l’arrestation d’Aliou Sané. C’est un porteur de voix et on veut le réduire au silence. C’est arbitraire car derrière le procureur c’est le pouvoir et c’est la main de l’ancien ministre de la justice et de Macky Sall. Nous allons continuer la lutte contre Macky Sall et ces forfaitures. Comment quelqu’un qui a traîné des casseroles peut être Sg des Nations unies ? Je lui conseille de faire en sorte que nous ayons des élections transparentes et inclusives. Et que la justice fasse son travail. Pourquoi avoir peur des autres candidats ?
Le cas Ousmane Sonko est assez critique, la fuite de document etc. Mais derrière il y’a aussi son état de santé !
Je ne sais pas comment ces documents se sont retrouvés dans les journaux mais c’est une bonne chose. Pourquoi d’aucuns pensent que Sonko est un manipulateur ? Ce n’est pas sérieux. Mais Sonko est malade. Et donc cette grève de la faim l’affaiblit et c’est un moyen de lutte. C’est le cas d’un compagnon de Wade qui disait dans l’affaire Me Seye, et qui était en prison, « si nous sommes libérés c’est à cause de la grève de la faim ». Donc c’est un moyen de lutte utilisé par Mandela mais il faut être devant un régime démocratique et qui ne considère pas ses opposants comme des ennemies à abattre. Macky dispose de moyens et il peut instruire le parquet pour que Sonko soit en liberté. Alors en attendant que l’instruction se poursuive, on peut le remettre en liberté et suivre le procès. Pour le parquet, il suffit qu’il donne l’aval et que le parquet le mette en liberté. On ne peut pas le laisser mourir en prison. Cheikh Bara Ndiaye n’est plus la même personne et il faut se ressaisir. Il faut aussi que cela soit une volonté pour chacun d’entre nous de faire un pas vers l’autre et se rassurer les uns les autres.
Le constat c’est que la pression de l’opposition ne suffit-elle pas ? Faut-il faire de la médiation ?
Les chefs religieux et la Cedeao aussi sont interpellés car il ne faut pas attendre qu’il y ait le feu pour agir. Mais attendre que le chao s’installe alors pour venir ce serait trop tard. Et donc il faut penser à l’émigration aussi et des jeunes qui prennent le large. Les gens le lient avec le climat politique et des jeunes qui sont désenchanté avec Ousmane Sonko car beaucoup ont cru à ce projet. C’est l’une des cause des départs car beaucoup de militants par peur d’être signalés ont pris les pirogues. Il ya la question de l’exploitation du Pétrole et du gaz. Déjà alors même nos eaux sont devenues inaccessibles pour les pêcheurs à cause des chalutiers mais avec ces zones accordée à des entreprises de pêche il ya un impact. Des pêcheurs qui peinent à accéder à ces zones se sont reconvertis en passeurs clandestins. Que l’état adoptent des programmes de reconversion des pécheurs et surtout essayer de restaurer un climat politique sain et que tout le monde vive en paix. Reubeuss, la prison est comme un camp de concentration et c’est un traitement cruel, dégradant et inhumain et c’est contraire aux engagements internationaux du Sénégal. Il faut les élargir aussi de prison. Nous sommes dans un pays avec des infractions certes mais en vain.
La situation des femmes détenues décrient leurs conditions de détention aussi !
Oui il y l’ancien garde des Sceaux Me Malick Sall qui était ouvert pour changer la législation et surtout apporter des correctifs. Nous avons mené une étude mais entre temps Ismaëla Madior Fall a tout bloqué. La nouvelle garde des Sceaux on l’espère sera là et fera des propositions. Ce que nous voulons faire c’est cela aussi mais il a entravé ce projet et l’étude est bloquée. Toutes les femmes, on peut considérer que ce sont des délits d’opinion et personne ne peut être accusé d’avoir volé quoi que ce soit. Des femmes qui méritent une liberté provisoire. Les laisser dans cette situation dégradante aussi c’est inhumain. Aissata Tall Sall est une militante des droits humains et elle peut faire un geste aussi. Toutes les institutions des droits humains sont empêchées de travailler car leur statut a été remis en cause. Aujourd’hui l’observatoire des lieux de privation de liberté a un budget insignifiant. Avec le nombre de prisons et de commissariats qui existe mais il n’a pas les moyens de sa politique et subissent la pression de l’état. L’état est allergique à la critique. On les soutient et face au régime car on a besoin de ces institutions et que la médiateur ait les moyens pour sa missions.
MOMAR CISSE