En Tunisie, dans les palaces situés au niveau de la côte, les animateurs touristiques passent parfois la nuit avec les clientes. Pour la plupart il s’agit d’hommes de teint noir ou métissé, grands, athlétiques, beaux. De loin, leurs relations avec les clientes ressemblent à des amourettes de vacances.
Mais selon RFI, il s’agit plutôt d’un tourisme sexuel.
Un jeune témoigne que sa première journée là-bas il parlais avec le chef d’animation qui est venu me saluer et me souhaiter la bienvenue. Après il lui a dit de venir avec lui dans son bureau pour lui donner quelque chose qui « fait partie de son travail, à faire dans les règles » . C’est ainsi que la patron lui a donné un paquet de préservatifs, en lui faisant un clin d’œil.
Coucher avec les touristes, c’est une obligation. « Il faut que tu passes la nuit avec elle, il faut que cette cliente soit satisfaite pour qu’elle note bien l’hôtel, pour que l’hôtel passe à l’autre étoile », explique Anis.
À la base de ce tourisme sexuel très bien dissimulé, il y a des jeunes hommes qui rêvent d’Europe et qu’on manipule. « La plupart des jeunes cherchent une femme pour se marier et pour avoir les papiers, alors ils acceptent ça, mais c’est profondément dur, c’est horrible, c’est de la prostitution », dénonce le jeune homme.
Devenu musicien, Anis confie avoir été transformé par cette expérience, en bien ou en mal, il n’arrive toujours pas à le définir.
Sweat rose pâle ample, jogging gris et lunettes de soleil à la mode, Zakaria a dû mentir pour garder son travail. Il est homosexuel. « Il faut que tu sois un mâle viril pour pouvoir travailler, parce que tu dois entrer en contact avec les clientes, te rapprocher d’elles. En fait, moi j’ai fait de l’animation et ça n’a rien à voir avec ça. » Privés de leurs repères, dans une ambiance de casino, coupés du monde extérieur, les animateurs vivent et travaillent au même endroit. Ils ne peuvent échapper à la pression de l’hôtel. « Ils te surveillent. J’ai travaillé à Djerba, on avait des caméras dans notre bloc pour voir si on ramenait des filles avec nous », affirme Zakaria.
Parfois, l’ordre vient du plus au sommet de la hiérarchie. « Un jour, le directeur a organisé une réunion. Il a demandé : « Qu’est-ce qui se passe ? Vous ne couchez plus avec les clientes ? » Il a dit : « Vous n’êtes pas ici en tant que danseurs, vous êtes ici pour faire revenir les touristes ». C’est les mots qu’il a utilisés carrément. »
Tous les dirigeants d’hôtels interrogés lors de cette enquête se défendent, reconnaissent que les animateurs ont parfois des relations sexuelles avec les clientes, mais que ce n’est pas le résultat, selon eux, d’un système institutionnalisé au sein des établissements.