Les trois mois de Diomaye au pouvoir ont fait apparaître des insuffisances notamment au niveau de la politique de l’emploi et de la reddition des comptes. A propos du chômage des jeunes, leur trouver un emploi avait été la première priorité dégagée par le régime. Mais, jusqu’ici, rien n’a été fait dans le sens de créer les conditions pour absorber cette masse de chômeurs estimée à plus de 24% de la population. Malheureusement pour eux, ces chiffres sont en-deçà de la réalité parce que beaucoup de sénégalais ont des occupations trop précaires pour être qualifiées d’emplois. Pis, la restructuration des agences dédiées à l’emploi n’a pas été faite et le renforcement du secteur privé ne se fait pas par une rigueur et sévérité fiscales qui découragent plutôt l’investissement.
La valorisation du secteur primaire est encore un vœu pieux. Or, les solutions passent par une agriculture modernisée, un artisanat, une pêche, une pisciculture et un élevage revalorisés avec des coopératives partout, des Domaines agricoles communautaires (Dac) développés, l’implication du secteur privé national, de l’Etat et même de l’investissement étranger avec des joint-ventures, une politique de conservation et de transformation, etc. Rien ne bouge pour le moment d’autant plus que les déguerpissements en cours créent plus de chômeurs. Il en est de même de la reddition des comptes.
Après le tintamarre qui a suivi la publication des rapports au mois de mai dernier et l’exploitation politique qui en a été faite, c’est le statu quo ante. Malgré les assurances du Ministre de la Justice Ousmane Diagne, aucun acte n’a été rendu public, à ce propos. Or, ne serait-ce que pour les fonds Covid-19, les sénégalais s’attendaient à des actes forts de poursuite judiciaire ou de médiation pénale.
Mais comme au temps de Macky, c’est le silence complet sur la question. Si cette inertie des autorités est liée à des considérations politiciennes, les conséquences pourraient être fâcheuses pour Diomaye et Sonko. Car, les populations nourrissaient d’immenses espoirs sur le fait que les fonds publics ne puissent être dilapidés impunément.
Malheureusement pour les tenants actuels du pouvoir, non seulement ils n’ont pas la majorité à l’Assemblée, mais il y a, selon certaines sources, un deal qui a abouti à une loi d’amnistie et à la libération des cadres du Pastef et de leurs membres emprisonnés. La réalité est que le même deal peut prévaloir sur la reddition des comptes. Cela peut également justifier la susceptibilité actuelle des cadres de Benno qui savent qu’ils sont dans le collimateur des nouvelles autorités.
Toutes choses et bien d’autres, qui font que ce bilan à mi-parcours n’est pas encore reluisant. Les autorités peuvent et doivent mieux faire.
Assane Samb