Donald Trump a ordonné la suspension de tous les programmes d’aide étrangère des États-Unis pour 90 jours, à quelques exceptions près. Une décision aux conséquences dévastatrices pour le Sénégal, qui verra le blocage de plus 500 millions de dollars, soit 316 milliards Fcfa.
D’une simple signature, Donald Trump a ordonné la suspension de tous les programmes d’aide étrangère des Etats-Unis pour une durée de 90 jours, à l’exception de l’aide alimentaire d’urgence, ainsi que de l’assistance militaire pour Israël et l’Egypte. Pendant trois mois, son administration va réexaminer l’ensemble du système d’aide internationale. Une décision qui sème déjà la panique dans les pays les plus fragiles, et détériore l’aura américaine face à la Chine.
Un coup dur pour plusieurs pays africains, dont le Sénégal, qui bénéficiait d’un soutien conséquent, notamment dans le secteur de l’électricité. Lors de son discours à Fass Touré, le Premier ministre Ousmane Sonko a annoncé les conséquences de cette décision de l’administration américaine.
«À travers l’appui sur l’électricité, nous recevions plus de 500 millions de dollars, soit 316 milliards de francs CFA », a révélé Ousmane Sonko.
Mais loin de céder à l’inquiétude, le Premier ministre y voit une opportunité historique : celle de repousser la dépendance extérieure et de bâtir un modèle économique autonome.
Face à cette nouvelle donne, Sonko a appelé à un réveil national : « Nous ne pouvons pas continuer à espérer de l’extérieur. Notre développement est d’abord interne », a-t-il martelé devant une foule attentive.
Il a plaidé pour une mobilisation des ressources locales, l’industrialisation du pays et le renforcement des capacités nationales afin de réduire la dépendance aux financements étrangers.
Cette suspension de l’USAID pourrait ainsi marquer un tournant décisif pour l’économie sénégalaise, forçant le pays à repenser son modèle de croissance et à s’appuyer sur ses propres forces.
L’aide internationale américaine, un « symbole de gabégie »
Cette décision, aussi radicale que controversée, a trois objectifs : le réexamen des programmes actuels, la mise au pas des personnels selon des critères idéologiques, ainsi que la réduction drastique des dépenses.
Aux Etats-Unis, dans les milieux conservateurs, l’aide à destination de l’étranger est considérée de longue date comme un symbole de gabegie et de programmes inutiles. Le 22 janvier, Marco Rubio a défini ainsi la politique étrangère de son pays. « Chaque dollar que nous dépensons, chaque programme que nous finançons, chaque politique que nous mettons en œuvre, doit être justifié par une réponse à trois questions simples. Est-ce que ça rend l’Amérique plus sûre ? Est-ce que ça rend l’Amérique plus forte ? Est-ce que ça rend l’Amérique plus prospère ? »
La prévention de maladies, la lutte contre la malnutrition ou le déminage de zones de conflit ne rendent pas, en soi, l’Amérique plus « prospère ». Mais ces actions participent de son statut de grande puissance, de son fameux soft power.
« Si le président prétend vouloir servir les intérêts des Etats-Unis, il devrait comprendre qu’une telle approche n’est vraiment pas dans l’intérêt du pays, dénonce Sarah Yager, directrice du bureau de Human Rights Watch, à Washington. Cette suspension suscite tant de souffrance et de colère à travers le monde ! » Pourtant, « ces programmes donnent beaucoup d’influence aux Etats-Unis, en même temps qu’ils apportent de la stabilité, afin d’apaiser les conflits et de minimiser leurs conséquences sur les populations. Les suspendre, voire les arrêter définitivement, est très mauvais pour l’image et la crédibilité des Etats-Unis», poursuit-elle.
Les Etats-Unis sont jusqu’ici le premier donateur mondial en matière d’aide au développement, même si d’autres pays y consacrent une part plus importante de leur budget. En 2023, ils ont dépensé 64,7 milliards de dollars (62,4 milliards milliards d’euros) selon l’OCDE, principalement par l’intermédiaire de l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USaid). Dont près de 14 milliards de dollars en 2024 spécifiquement pour l’aide humanitaire, soit 42 % de tous les financements de ce type enregistrés par l’ONU.
Il faut arrêter cet orgueil mal placé, car vous êtes loin d’avoir les moyens de votre politique si tenté que vous en ayiez une. Cette suspension de l’aide américaine aura des conséquences désastreuses sur nos économies surtout sur notre politique énergétique.