Affaire Petro-Tim, visas biométriques entre autres, les affaires liées à des dérives financières se succèdent au Sénégal. Et tout ceux-ci, mettent en cause des responsables du régime. Chaque Jour, la presse et la justice ne cessent de mettre à jour des dossiers qui épinglent des autorités étatiques. Chacun levant à sa façon une partie du voile sur ce que pourrait consolider la mal gouvernance dans le pays.
C’est en juin 2019 que l’affaire Petro-Tim éclate au grand jour, suite à une enquête diffusée par la BBC. Elle révélait qu’Aliou Sall, frère du Président de la République, aurait touché des pots-de-vin de 250 000 dollars liés à l’attribution de deux champs pétroliers et gaziers à British Petroleum (BP).
L’homme d’affaires roumano-australien Frank Timis, à son tour, aurait à recevoir entre 9 milliards et 12 milliards de dollars sur quarante années de BP. L’annonce fait l’effet d’une bombe au sein de l’ensemble de la société sénégalaise.
A la suite de la révélation du « scandale de corruption », Aliou Sall a juré n’avoir jamais reçu le moindre penny de la société Petro-Tim. Tout de même, fortement acculé dans l’affaire, il démissionne de son poste de directeur général de la Caisse des dépôts et consignations pour laver son honneur. Toutefois, interrogé sur TV5 en pleine tempête, un ministre-conseiller en communication de la présidence de la République avait déclaré qu’Aliou Sall avait reçu, via Agitrans, la somme de 250 000 dollars de Frank Timis.
En effet, des organisations politiques et de la société civile avaient formé un « front citoyen » pour exiger la « transparence » dans les contrats pétroliers et gaziers. Une enquête est ainsi ouverte pour des faits présumés de corruption, escroquerie, détournement, blanchiment et association de malfaiteurs. Mais en décembre 2020, le juge chargé de l’affaire a décidé de classer sans suite l’affaire. Dans l’ordonnance, le juge, après avoir entendu les différentes protagonistes, dont Aliou Sall, affirme qu’il n’est pas établi que de l’argent ait été versé pour corrompre qui que ce soit.
Le scandale autour des visas biométriques était aussi à ranger dans la même dynamique. En 2016, la révélation du dédommagement de 12 milliards de FCFA à la société SNEDAI de l’homme d’affaires ivoirien Adama Bictogo attributaire du marché de productions de visas biométriques d’entrée au Sénégal avait aussi fait grand bruit. Après avoir été élu Président de la République en 2012, Macky Sall, avait décidé d’exiger un visa biométrique d’entrée sur le territoire sénégalais.
Trois ans après, en 2015, le gouvernement avait pris la décision d’abandonner cette mesure. Alors qu’il avait investi plusieurs milliards de FCFA de matériel et des équipements pour la police nationale afin de mettre en place le système de délivrance de visas biométriques pour les étrangers, Adama Bictogo a finalement été indemnisé à hauteur de 12 milliard pour « rupture abusive » du contrat de SNEIDAI par le Sénégal. Même si le gouvernement apportait des explications, les présumés scandales continuent d’alimenter les débats sur la gestion de l’argent public.