La journée nationale du fonio est célébrée ce 15 novembre 2023, sur le thème : « Le fonio, une réponse aux changements climatiques, à la malnutrition et à la souveraineté alimentaire. » Pour lancer l’événement, les acteurs de la filière ont organisé un point de presse dans les locaux du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (CNCR).
Conférence au cours de laquelle le président du comité national d’organisation de ladite journée, Sanoussi Diakité, a révélé que « 70% de la consommation vient de la Guinée ». « Ce n’est pas normal », a-t-il pesté. Ce, d’autant plus que la contrainte liée à la pénibilité du décorticage à la main a été levée, offrant aux transformatrices un gain de temps. En effet, le comité d’organisation rappelle « qu’il fallait jusqu’à 2 heures pour transformer au mortier et au pilon 2,5 kg de fonio paddy. Cette contrainte de transformation a entraîné un abandon progressif de la culture du fonio et une chute drastique de la production au fil des années », dans un document de presse.
Lequel ajoute : « d’un niveau qui atteignait, dans les années 50, jusqu’à 40% de la production céréalière, dans certaines zones comme le Fouta Djallon, le tonnage du fonio ne dépassait nulle part la barre de 1%, sur l’essentiel de son aire culturale. » Avant de conclure : « La solution à cette contrainte est apparue avec l’avènement, le 27 juillet 1993, de la machine à décortiquer le fonio », créée par Sanoussi Diakité.
Face aux journalistes, il a été relevé que « la disponibilité de l’instrument ne saurait suffire pour hisser le fonio aux premiers rangs des produits assurant la sécurité alimentaire des populations. » Cette précision faite, le comité d’organisation constate que « le fonio demeure encore marginalisé, cloisonné, défavorisé, et pratiquement ignoré dans les politiques des États, et dans les habitudes alimentaires des populations. »
À l’occasion de cette édition 2023, il s’agira pour les acteurs de la filière fonio, « dans chaque pays, et au niveau international de favoriser les échanges d’informations sur ces atouts du fonio dans le sens de les vulgariser auprès des décideurs, des chercheurs, des acteurs économiques, sociaux, culturels, des partenaires et de l’opinion en général, de manière à renforcer le positionnement de la céréale dans les stratégies nationales, régionales et internationales de souveraineté alimentaire et de lutte contre la malnutrition », plaide le comité d’organisation.
Qui, à travers le thème choisi, invite « à mettre en lumière le potentiel de la céréale fonio à agir de manière structurante sur trois problématiques à savoir: le changement climatique, la malnutrition, et la souveraineté alimentaire. » En effet, justifiant le choix du thème, le comité d’organisation a mis en avant « la qualité nutritive » de la culture, expliquant que « le fonio apparaît comme une céréale pas comme les autres. Tout en jouant la même fonction alimentaire que ces dernières (riz, mil, maïs, etc.), il supplante de par ses valeurs nutritionnelles » :
De plus, la céréale constitue « une stratégie-réponse efficace contre les défis permanents auxquels l’Agriculture est confrontée. « Le fonio est une céréale rustique qui demande peu d’eau (350 mm suffisent pour le porter à maturité). Il est capable de pousser sur des sols pauvres et rocailleux. Il atteint des rendements de 600 à 800 kg à l’hectare sans engrais. Son cycle est court (2 mois environ). Il a été de ce fait pendant longtemps l’aliment de soudure par excellence.
Au Sénégal, le nouveau ministre de l’Agriculture, de l’Équipement rural, et de la Souveraineté alimentaire, Samba Ndiobène Kâ va présider la cérémonie officielle nationale le 25 novembre 2023. La célébration a été repoussée par la tournée économique du Président Macky Sall à Kédougou.