Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a gracié des milliers de prisonniers, parmi lesquels le journaliste Hossam Moniss, emprisonné pour « diffusion de fausses nouvelles ».
Au total, le président égyptien a gracié 3 273 détenus à l’occasion de l’anniversaire de la « libération du Sinaï », péninsule occupée de 1967 au 25 avril 1982 par Israël, a indiqué le ministère de l’Intérieur dans un communiqué. Hossam Moniss, figure de la gauche égyptienne, avait été condamné à quatre ans de prison en novembre pour « diffusion de fausses nouvelles », un chef d’inculpation régulièrement utilisé contre les opposants en Égypte, selon des ONG des droits humains.
Le journaliste avait été arrêté en 2019 avec d’autres opposants qui tentaient de former une alliance sous le nom de la « Coalition de l’espoir » pour se présenter aux législatives de 2020.
Un tribunal d’exception l’avait condamné, ainsi que cinq autres opposants – dont l’ex-député Ziad el-Elaimi, une figure de la révolte populaire de 2011 ayant renversé le président Hosni Moubarak-, à des peines allant de trois à cinq ans d’emprisonnement. « Félicitations, Hossam Moniss a été gracié », a tweeté l’avocat Tarek al-Awady. Cette annonce intervient trois jours après la libération de 41 prisonniers politiques en détention préventive, dont plusieurs figures de la révolte de 2011. D’autres grâces présidentielles, traditionnellement accordées à des centaines de prisonniers pour la fin du mois de jeûne musulman du ramadan, pourraient également être annoncées début mai.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2013, Abdel Fattah al-Sissi est accusé par des organisations de défense des droits humains d’avoir progressivement muselé la population.
L’Égypte compte plus de 60 000 détenus d’opinion, dont « des militants pacifiques, des défenseurs des droits humains, des avocats, des universitaires et des journalistes détenus uniquement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et d’association », selon Amnesty International.
Dans sa « stratégie nationale pour les droits humains » présentée il y a un an, Abdel Fattah al-Sissi insiste sur le fait que l’éducation, la santé ou l’électricité sont des droits plus nécessaires que celui, par exemple, de rassemblement, quasiment interdit dans le pays.