Le cas du journaliste Pape Alé Niang détenu à Sébikhotane puis à Rebeuss à la suite de la levée de son contrôle judiciaire, inquiète. La preuve, cette kyrielle de réactions d’indignation surtout quand sa liberté provisoire a été refusée par les autorités judiciaires. Et ceci dans un contexte préoccupant où le journaliste, en grève de la faim, refuse les soins des médecins et aurait même piqué un malaise.
En clair, non seulement il refuse de s’alimenter, ce qui peut avoir des conséquences graves sur sa santé, mais il rejette les soins médicaux. Ce qui, en soit, est suicidaire. Car, on peut refuser de s’alimenter par une grève de la faim, mais on ne peut pas refuser des soins de la part d’un médecin. Car, les soins obéissent à une nécessité médicale qui transcende les contradictions qu’elles soient politiques ou autres, entre les hommes. C’est d’ailleurs ce message qu’il faut envoyer à notre confrère dont nous sommes tous peinés d’une situation d’emprisonnement que personne ne cautionne. Il ne faut pas jouer avec le feu.
Dans le même ordre d’idée, les autorités étatiques également jouent avec le feu. Car, maintenir un journaliste aussi mal en point en prison, n’est pas acceptable. Car, à tout moment, l’irréparable peut se produire. En clair, nous assistons à un bras de fer entre l’homme de médias et les politiques. Il s’agit d’une bataille psychologique, communicationnelle, judiciaire aux conséquences pouvant être graves pour les deux parties : le journaliste peut perdre sa vie et les autorités leur crédibilité, à jamais. C’est pourquoi, nous pensons que seule la médiation peut aider à désamorcer une bombe qui dort et qui peut exploser à tout moment. Il faut des médiateurs bien choisis, des personnalités que l’on écoute, des sages qui, dans une situation de la sorte, savent se faire entendre. Car, manifestement, nous vivons une situation inédite, entre deux têtes brûlées qui ne savent pas reculer.
Or, le jusqu’au-boutisme dans une situation pareille, ne peut qu’être fatal. Cherche-t-on à ternir vaille que vaille la crédibilité du Sénégal ? Va-t-on laisser ces acteurs oblitérer tous nos efforts en matière de liberté publique, de démocratie ?
Sommes-nous capables d’accueillir le pétrole et le gaz sans mettre le feu au pays ? Sommes-nous vraiment matures pour entrer dans une nouvelle ère de développement et de contradictions politiques et sociales ?
Voilà des questions sur lesquelles il est bon que chacun de nous médite pour situer sa part de responsabilité dans la dégénérescence d’une société si naguère citée en exemple parce que raisonnable et mesurée. Car, c’est depuis que nous avons commencé à être excessifs en tout que nous avions amorcé la pente dangereuse de notre descente aux enfers.
Et le processus continue…
Assane Samb