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migrants senegalais
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Ce que nous enseigne la mort du petit Doudou (14 ans) en mer

Le jeune Doudou, 14 ans, a perdu la vie dans la pirogue où il a été embarqué par son propre père qui vient d’être inculpé et mis en détention.

Ce jeune, innocent, faisait confiance à son père, à sa société, à ses autorités, qui l’ont tous, dans une certaine mesure, livré à une mort atroce, sans secours. Car, dans ses pirogues, c’est le sauve-qui-peut. Et personne ne s’occupe vraiment pas de l’autre. On se soucie plutôt de se débarrasser des cadavres pour ne pas trop supporter l’odeur pestilentielle de la mort.

A 14 ans, il n’a pas su lui dire non. D’ailleurs, ses ainés, ceux qui partent et qui ont souvent entre 20 et 35 ne résistent pas davantage aux pressions des parents. Ils embarquent et nombreux d’entre eux meurent pas dizaine et même par centaine.

Le village de Thiaroye sur mer a perdu 400 jeunes lors de la première vague il y a de cela quelques années. Celui de Mbenguène dans le département de Kébémer vient d’en perdre 29. Le bilan est macabre parce que loin d’être exhaustif.

Il y a eu, ces derniers temps, plus de morts par la mer que par le Covid-19. Et la raison fondamentale, c’est que c’est notre société qui incite directement et parfois indirectement les jeunes à partir.

Tenez ! Figurez-vous qu’aucun parent ne supporte de voir le fils de son voisin réussir alors que le sien continue à se pavaner dans le quartier. Car, c’est une situation vécue comme une sorte d’humiliation, une raclée. Alors, tous les moyens sont bons pour que son fils fasse comme celui du voisin car les parents ont le sentiment d’être nargués par ceux qui, soi-disant, ont réussi.

Nous reviendront sur ce qui est considéré comme une ‘’réussite’’.

Mais, pour le moment, faisons remarquer qu’aucun jeune, au Sénégal, quel que soit son âge, n’est à l’abri de cette forme directe ou latente de pression parentale et même de la société toute entière.

Comment envoyer son fils de 14 ans à l’aventure ? Car, même une fois sur place, il ne saura jamais s’en sortir, parce qu’étant mineur et incapable de travailler. Pis, il ne pourra pas se prendre en charge, loin s’en faut.

Pourtant, le cas de Doudou est loin d’être isolé. Au temps de Me Abdoulaye Wade, il était question de signer un accord avec l’Espagne pour rapatrier tous ces mineurs embarqués par leurs parents et qui avaient atterri en Espagne.

C’était Abdourahim Agne qui devait se charger des opérations. C’est dire que des mineurs, des femmes et des bébés sont embarqués dans ces pirogues de fortune, des actes de folie encouragés par une société qui a depuis longtemps perdu la raison.

En clair, ce n’est pas seulement parce qu’il y a un problème d’emploi même si le chômage des jeunes est préoccupant et que l’Etat a pêché à ce niveau.

Ce qui se passe, c’est que l’attraction de l’Occident est telle que chacun pense qu’il faut s’y rendre pour bien réussir et réussir rapidement. Voilà les deux impératifs qui les guident.

Par conséquent, on ne pourra jamais lutter contre cette immigration tant que des actions efficaces ne sont pas menées contre les convoyeurs. Le receleur faisant le voleur, il n’est pas impossible d’identifier et de couper l’herbe sur les pieds de ses passeurs qui, en réalité, habitent nos quartiers et villages.

Si nous pouvons détecter toute forme d’acte ou d’apologie du terrorisme, nous pouvons lutter contre ces marchands de la mort et contre les parents complices.

Mais, tout se passe comme si les autorités fermaient au moins un œil dans une forme de complicité qui rappelle celle de leurs parents.

Si le phénomène perdure, c’est que nous sommes tous coupables, à des degrés divers.

Et c’est ce que, fondamentalement, nous enseigne la mort de ce jeune homme à la fleur de l’âge. Il nous rappelle que nous avons les moyens de stopper l’hémorragie et de donner un coup de frein à ce trafic illicite d’êtres humains que l’on envoie à la mort.

Non seulement, il faudra rester vigilant dans la surveillance, mais la législation devra nécessairement évoluer dans le sens de davantage de criminalisation.

D’ailleurs, à y regarder de près, ceux qui ont soi-disant réussi, ne construisent, pour la plupart, qu’une modeste maison après un séjour de parfois plus de 30 ans.

Est-ce que le jeu en vaut la chandelle ?


Assane Samb

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